• ➤ La fabrique de la guerre raciale

    Alors que le clip d'un obscur rappeur, fils de diplomate camerounais, appelant à « pendre les blancs » est relayé massivement par l'ensemble des médias, il m'a semblé opportun de contextualiser quelque peu ce type d'agitation, exemple classique du principe « diviser pour mieux régner », en vous proposant cette traduction d'un extrait de l'ouvrage The Ugly Truth about the ADL, publié par l'Executive Intelligence Review du controversé Lyndon Larouche.

    L'ADL (Anti Defamation League, Ligue Anti-Diffamation) est le bras armé du B'naï Brith, une organisation juive calquée sur les loges maçonniques. Le nom original de l'ADL est d'ailleurs « ADL du B'naï Brith ». D'après Wikipedia, l'ADL est une ONG « dont le but premier est de soutenir les Juifs contre toute forme d'antisémitisme et de discrimination, par tous les moyens légaux possibles et des campagnes d'information et de sensibilisation. » L'extrait qui suit montre que l'ADL use parfois de moyens qui ne sont pas toujours très « légaux », que ses « campagnes de sensibilisation » peuvent à l'occasion prendre un tour surprenant, et qu'elle n'hésite pas à se servir d'alliés pour le moins inattendus — ici, les Chevaliers Blancs du Ku Klux Klan.

    salut gamin

     

    Membres de l’ADL et du Ku Klux Klan

    Mordechai Levy, le chef du groupe dissident de la JDL, [ndt : Jewish Defense League, Ligue de Défense Juive, une organisation créée en 1968 dont le but avoué est de « protéger les juifs contre l’antisémitisme par tous les moyens nécessaires », qui fut classée comme organisation terroriste par le FBI en 2001] qui était parvenu à se montrer devant les domiciles d’Alex Odeh et Tscherim Soobzokov la veille de leur assassinat, maintenait des contacts fréquents avec Irwin Suall, le chef de la division de recherche de l’ADL. Seulement deux semaines avant l’attentat du 29 octobre 1985 contre les bureaux de l’ADC à Washington, [ndt : Arab-American Anti-Discrimination Committee, comité arabo-américain contre les discriminations] Levy s’était exprimé lors d’une conférence de presse tenue par la Fédération des Organisations Juives de Washington, une organisation cadre dirigée à la fois par l’ADL et le B’naï Brith, pour présenter une liste des « ennemis du peuple Juif ». L’ADC faisait partie des groupes cités.

    Les provocations grotesques de Levy ont plus d’une fois failli révéler au grand jour l’implication de l’ADL dans les actes de violence perpétrés sur le sol américain.

    Le 16 février 1979, Levy, utilisant pour cette occasion le pseudonyme « Guttman », déposa auprès de l’U.S. Park Service de Philadelphie une demande d’autorisation pour organiser une manifestation. La demande déposée par Levy/Guttman n’était pas faite au nom de la JDL. Levy se faisait passer pour un dirigeant de l’American Nazi Party cherchant à obtenir une autorisation pour une manifestation du Ku Klux Klan et du Parti Nazi au Hall de l’Indépendance, le site de la signature de la Déclaration d’Indépendance.

    D’après le permis pour la manifestation, Levy voulait organiser une « manifestation suprémaciste blanche, pour montrer aux masses blanches l’unité de la race blanche, et pour montrer au monde que les nègres et les Juifs sont des lâches. » Parmi les accessoires listés par Levy dans la demande d’autorisation, on pouvait trouver : « des swastikas, des bannières, des uniformes nazis, des accessoires du KKK […] des croix en feu, des pancartes en forme de swastika disant ‘‘Hitler avait raison — gazons les Juifs communistes’’. »

    Opérant depuis les bureaux de la JDL à Philadelphie, Levy organisa les chapitres locaux du KKK et les groupes néo-nazis pour qu’ils participent à la manifestation du Hall de l’Indépendance. Levy disposait d’un relais au KKK de Trenton, dans le New Jersey, en la personne de James Rosenberg, également connu sous les noms de « Jimmy Mitchell » et « Jimmy Anderson ». Rosenberg était un employé à plein de temps de la division de recherche de l’ADL qui avait réussi à infiltrer le chapitre local du Klan.

    Rosenberg venait tout juste de tenter, sans succès, de pousser certains membres du KKK local à faire sauter le quartier général de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) à Trenton. [Ndt : la NAACP est une association de défense des droits des afro-américains] Au même moment où il se faisait passer pour le néo-nazi « James Guttman », Levy mobilisait par ailleurs la communauté juive et tous les groupes violents de la gauche radicale de la région de Philadelphie pour qu’ils participent à la manifestation du Hall de l’Indépendance afin qu’ils « s’opposent » au KKK et aux nazis. Tous les ingrédients étaient présents pour qu’on assiste à une émeute de grande ampleur — offerte gracieusement par l’ADL.

    Heureusement, la presse de Philadelphie eut vent à temps de l’arnaque de Levy contre le Park Service, qui annula le permis de manifester lorsqu’un journal de Philadelphie titra : « L’organisateur de la manifestation nazie est en fait Juif ». Les supérieurs de Levy à l’ADL ordonnèrent alors à ce dernier de faire profil bas pendant un certain temps.

    Après tout, il était inutile de compromettre le statut de Levy ou de Rosenberg en tant qu’agents provocateurs infiltrés au sein de l’extrême-droite raciste. L’ADL disposait de bien d’autres atouts dans sa manche, et ils n’étaient pas tous des agents infiltrés juifs.

     

    Goodman, Cheney, Schwerner et l’ADL

    L’un des épisodes les plus choquants de violence raciste qui eut lieu durant la bataille pour les droits civiques dans le Sud des U.S.A. au cours des années 60 fut l’exécution de trois militants pour les droits civiques à Philadelphie, dans le Mississippi, en 1964. Les meurtres d’Andrew Goodman, Robert Cheney et Mitchell Schwerner envoyèrent une onde de choc à travers l’Amérique, de nombreuses personnes commençant à réaliser que la Confédération, loin d’être anéantie, était au contraire bien portante et décidée à inverser le mouvement en faveur de l’égalité des droits pour toutes les races — au moins dans le Sud profond.

    Fidèle à ses origines, qui remontent à la Juridiction Sud du Rite Écossais de la Franc-Maçonnerie et au complot sécessionniste de la Confédération, l’ADL, contrairement à ce qu’indique sa propre propagande, s’alignait strictement sur le Klan sur le plan qui comptait le plus : ses livres de comptes.

    Un exemple particulièrement sordide de collusion entre l’ADL et le KKK apparut au grand jour sous la forme d’une pluie de balles qui s’abattit la nuit du 30 juin 1968 à Meridian, dans le Mississippi, devant le domicile du dirigeant de l’ADL, Meyer Davidson.

    Lorsque la fumée se dissipa, une institutrice locale du nom de Kathy Ainsworth gisait, morte, et un homme dénommé Thomas A. Tarrants III était étendu, mourant, après avoir été visé par plus de 70 balles tirées par 22 policiers locaux et des agents du FBI. Tarrants survécut miraculeusement à l’attaque.

    Tarrants et Ainsworth, tous deux membres du Klan local, avaient été piégés. Ils s’étaient rendus cette nuit-là au domicile de Davidson pour y déposer une bombe devant sa porte, ignorant que le dirigeant de leur propre chapitre du Klan les avait trahis, et qu’une petite armée composée de policiers et de tireurs d’élite du FBI était tapie dans les buissons pour leur tendre une embuscade.

    L’affaire avait été entièrement montée par l’ADL. L’agent provocateur infiltré dans le chapitre local du KKK qui avait piégé Tarrants et Ainsworth était l’un des assassins de Goodman, Cheney et Schwerner. Cet agent était Alton Wayne Roberts qui, libéré sous caution, était dans l’attente de son procès en compagnie de six autres membres des Chevaliers Blancs du Ku Klux Klan pour les meurtres de Philadelphie dans le Mississippi, lorsqu’il conclut un accord avec le directeur régional de l’ADL, Adolph Botnick. Botnick, qui vivait à la Nouvelle-Orléans, était un ami de longue date de Guy Bannister, l’ancien agent spécial du FBI impliqué par le procureur Jim Garrison dans l’assassinat du président John F. Kennedy.

    Botnick accepta de payer 69 000 $ à Alton Wayne Roberts et à son frère Raymond Roberts pour qu’ils deviennent des agents provocateurs stipendiés par l’ADL, et ce avec la bénédiction de l’agent spécial du FBI Frank Watts et de l’inspecteur de police Luke Scarborough, tous deux basés à Meridian. 25 000 $ en billets de vingt dollars furent remis aux frères Roberts à la Nouvelle-Orléans quelques jours avant l’embuscade menée contre Ainsworth et Tarrants.

    À l’époque où fut conclu ce marché, les Chevaliers Blancs, dirigés par les deux frères Roberts, avaient commis une série d’attentats à la bombe au cours des neuf derniers mois. Les deux frères étaient les principaux suspects dans dix actes distincts de violence raciste, en plus des meurtres de Philadelphie. Trois de ces attaques avaient été dirigées contre des synagogues et des figures de la communauté juive du Mississippi.

    Les frères Roberts, ainsi qu’ils l’avaient convenu avec Botnick, ordonnèrent à deux de leurs sous-fifres du Klan de déposer une bombe au domicile de Davidson. Ils informèrent ensuite le FBI et la police locale sur l’heure exacte à laquelle l’attaque devait avoir lieu.

    En récompense de leurs bons et loyaux services envers l’ADL suite à l’attentat contre Davidson, les deux frères ne furent condamnés qu’à des peines mineures et furent intégrés au programme de protection des témoins du FBI. Alton Wayne Roberts passa moins de trois années derrière les barreaux pour sa participation dans les meurtres de Goodman, Cheney et Schwerner.

    L’incident de Meridian était un classique de l’ADL. La Ligue s’est servie de « l’attaque raciste » contre Meyer Davidson pour récolter des fonds sous forme de dons. L’argent récolté couvrit plus que largement le coût du recrutement des deux membres du KKK en tant qu’agents provocateurs permanents à l’intérieur du Klan. La Ligue utilisa le financement des frères Roberts pour tisser des liens plus étroits que jamais avec le FBI, qui était ravi de voir l’ADL financer et diriger deux des terroristes les plus violents du Klan.


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