• ➤ Le meurtre de Sharon Tate a été simulé

      Cet article est la traduction de The Tate Murders Were Faked, publié par Miles W. Mathis sur son site, mileswmathis.com.

      Une approche révolutionnaire des événements entourant le meurtre de Sharon Tate.

    Sharon Tate

    Sharon Tate coiffée d'une perruque, sur le tournage du Bal des Vampires

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    « Ça vous fera le plus grand bien de garder l’esprit ouvert
    et d’oublier la majeure partie de ce que vous avez appris. »

    Jay Sebring [1]

     

     

    Partie 1 : la toile de fond

        Je suis tombé sur de nombreuses « théories du complot » ces dernières années, et aussi incroyable que cela puisse paraître, celle-ci n’en fait pas partie. J’ai fouillé chaque recoin de l’internet à la recherche d’informations sur cette théorie et je n’ai rien trouvé, même sur Above Top Secret ou des sites de ce genre. Mais à présent que nous savons que de nombreuses tragédies récentes ont été montées de toutes pièces à la sauce hollywoodienne, pourquoi ne pas faire un retour en arrière de quelques décennies, pour vérifier depuis combien de temps cette pratique a été mise en œuvre ?

        Avant de commencer, je dois vous dire deux choses. Tout d’abord, nous allons devoir étudier les photographies de la scène du meurtre de Sharon Tate, mais n’ayez crainte : elles ne sont pas aussi terribles que vous pouvez le penser. J’appréhendais quelque peu le moment où j’allais devoir cliquer dessus pour la première fois, mais j’ai finalement été très surpris. Elles ne sont pas du tout telles qu’on a voulu nous le faire croire. Quoi qu’il en soit, nous allons y aller pas à pas, et je vais vous démontrer sans l’ombre d’un doute qu’il s’agit de faux avant même de vous les montrer. D’ici là, vous serez déjà quasiment certains qu’elles ne sont pas ce qu’elles sont censées être, et vous ne serez plus terrifiés à l’idée de les regarder. Ensuite, je vais vous préparer en vous expliquant pourquoi les meurtres devaient être simulés. Il sera beaucoup plus aisé pour le lecteur de comprendre comment ils ont été simulés une fois qu’il aura compris pourquoi ils ont été simulés.

        Il s’avère que la désinformation a été omniprésente à l’occasion de cette tragédie fabriquée de toutes pièces – ainsi qu’avec toutes les autres. Ce n’est qu’après avoir soigneusement étudié cette série de meurtres que j’ai pu me rendre compte que toutes les « théories alternatives » étaient fausses, et probablement mises en avant pour tromper le public délibérément. En d’autres termes, ces théories alternatives semblent elles aussi avoir été écrites par des services de renseignement. Ces théories peuvent être des manœuvres de diversion qui nous emmènent, par exemple, sur le terrain du satanisme, de Crowley et de Lavey ; ou alors elles nous appâtent avec quelques bribes d’informations véridiques et des spéculations légitimes, avant de nous amener sur une voie de garage. Mae Brussell est une bonne illustration de cette dernière tactique. Elle a certes admis que les intentions du gouvernement étaient néfastes, mais n’a pas réellement expliqué quelles étaient ces intentions. Brussell avait l’apparence d’une chercheuse alternative, mais elle ne s’est jamais approchée de la vérité. Elle pointait certes la CIA du doigt, ce qui s’avère relativement exact, mais elle n’est jamais allée plus loin. Elle était soit une chercheuse de piètre qualité, soit un agent de la CIA elle aussi. J’ai tendance à pencher pour la deuxième possibilité. Si elle avait réellement des révélations importantes à faire, elle n’aurait pas été autorisée à passer à la radio. Le simple fait qu’elle ait pu s’exprimer sous son véritable nom signifie qu’elle était sur une fausse piste. Elle a été autorisée à parler parce que ce qu’elle disait ajoutait à la confusion générale, tout en faisant la promotion des principaux points de l’histoire officielle. Bien entendu, la CIA apprécie beaucoup la confusion.

        Par exemple, Brussell a donné une interview d’une heure à KLRB en 1971. Elle a pu y parler de la Grèce, du procès Ohta/Frazier, de Tex Watson, de James Earl Ray et de Lee Harvey Oswald, mais elle ne dit pas un mot sur Paul Tate, le père de Sharon Tate. Elle ne dit pas un mot sur Lookout Mountain. Elle ne dit pas un mot sur les photos trafiquées. Elle ne dit pas un mot sur les opérations Gladio et CHAOS. Le lien se trouve en Italie, pas en Grèce, comme nous allons le voir, et son interview a donc toutes les apparences d’une diversion. J’admets que ce qu’elle dit est en grande partie véridique, voire même quasi-révolutionnaire ; mais la plupart de ses déclarations sont hors-sujet. En 1976, elle continuait à dire exactement la même chose : elle n’avait pas ajouté le moindre élément à sa recherche en cinq ans.

        Étrangement, l’interview de Brussell de 1971 débute par un indice, qu’elle nous donne consciemment ou inconsciemment :

        Pour y parvenir [à contrôler les gens] vous mettez un masque à certaines personnes que vous placez à des postes d’influence ; elles deviennent alors des acteurs sur une scène, et elles influencent nos esprits d’une façon qui n’est pas réelle mais qui modifie une réalité qui nous affectera par la suite.[C’est moi qui souligne]

        Comme je vais bientôt le démontrer, c’est exactement ce qu’il s’est passé : certaines personnes portaient un masque, d’autres étaient des acteurs, et toutes ont fabriqué un événement qui n’était pas réel mais qui a été utilisé pour contrôler notre vision du monde pendant des décennies. Mais au lieu de le reconnaître et de le dire haut et fort, Brussell a poursuivi son discours et a au contraire suggéré que ce que nous avons vu était bien réel. Peu après, elle qualifie les meurtres de Tate et des autres de massacre politique.

        Pour ma part, je trouve réellement choquant que les gens aient pu croire pendant si longtemps à la réalité de ce simulacre de tragédie. La trame était tellement cousue de fil blanc, si incohérente et si absurde, que j’ai du mal à comprendre comment qui que ce soit a pu s’y laisser prendre. Comme vous allez le voir, les signaux d’alerte étaient omniprésents. La seule façon d’expliquer comment tout ceci a pu être présenté comme étant la réalité des événements réside dans le contrôle total des médias, ainsi que dans la crédulité du public. Je pense que le gouvernement et Hollywood ne pourraient pas se permettre de présenter un canular de ce type de nos jours, étant donné que les gens sont désormais plus attentifs aux effets visuels. On reconnaît désormais plus facilement un élément falsifié, et les falsificateurs actuels doivent être beaucoup plus prudents que leurs prédécesseurs s’ils veulent parvenir à nous tromper. Il semble malheureusement que personne ne se soit penché sur les éléments de ce dossier pour démonter ce canular autour de Sharon Tate, qui a été considéré comme bien réel pendant 43 ans, alors que le canular de Sandy Hook s’est effondré en quelques semaines.

       Avant de nous intéresser aux photographies qui sont toujours disponibles sur internet, et qui sont aisément accessibles pour n’importe quel chercheur, examinons l’environnement historique et politique. Les prétendus meurtres commis par Manson et sa « Famille » ont eu lieu le 9 août 1969. Ceux qui ont vécu ces événements manquaient du recul nécessaire, mais ce n’est pas notre cas en 2012. Nous ne voyons pas seulement les effets, mais aussi les causes. Nous pouvons envisager des liens entre les événements de cette période que les contemporains ne pouvaient soupçonner. Pour commencer, nous étions alors au zénith du mouvement hippie. Le Monterey Pop Festival avait eu lieu à l’été 1967, et Woodstock allait se tenir tout juste une semaine après les prétendus meurtres de Manson. Notez bien ceci : les meurtres supposés ont eu lieu le 9 août, et Woodstock a débuté le 15 août. Coïncidence ? Pour l’instant, vous seriez tentés de répondre positivement à cette question, mais d’ici la fin de cet article vous répondrez probablement par la négative.

        Il faut aussi se souvenir que le People’s Park [ndt : parc du peuple] de l’université de Berkeley en Californie ouvrit en avril 1969. Bien que ce parc ait avant tout été un jardin public de fortune, il servait aussi de tribune pour des discours opposés à la guerre, ainsi qu’à des rassemblements. Confronté au succès grandissant de ces discours et rassemblements, le gouverneur Ronald Reagan ordonna la fermeture du parc en mai, et y envoya la Garde Nationale. Plus de 800 policiers et gardes nationaux – auxquels le directeur de cabinet de Reagan Ed Meese avait donné l’autorisation de faire usage de toute la force nécessaire – attaquèrent 6000 manifestants désarmés en tirant à balles réelles. Une personne fut tuée, une autre rendue aveugle par de la chevrotine, et des centaines furent blessées. Malgré le soutien apporté par l’université et la ville de Berkeley aux manifestants, Reagan déclara l’état d’urgence et envoya 2700 gardes nationaux supplémentaires. De nombreux manifestants anti-guerre furent arrêtés alors que la ville était assiégée par son propre gouvernement.

        Reagan ne fit preuve d’aucun remords au moment de justifier ses actions, et il présenta même la mort de l’étudiant en ce Bloody Thursday [ndt : jeudi sanglant] comme une nécessité. Le jour anniversaire de cet événement, en mai 1970, il déclara : « S’il faut en passer par un bain de sang, alors ainsi soit-il. Plus d’apaisement. »[2] Il faisait aussi référence aux événements qui s’étaient déroulés la semaine précédente, le Bloody Thursday étant le précurseur du massacre de l’université de Kent State, où quatre étudiants non armés furent tués et neuf autres blessés par la Garde Nationale de l’Ohio. Quatre jours plus tard, onze personnes de l’université du Nouveau-Mexique reçurent des coups de baïonnette donnés par la Garde Nationale. Et deux jours plus tard, deux étudiants furent tués et douze autres blessés par la police à la faculté de Jackson au Mississippi. Ces morts et ces blessés provoquèrent une grève nationale de près de quatre millions d’étudiants, et la fermeture de plus de 900 facultés.

        Reagan n’était pas le seul à vociférer « pas d’apaisement ». Lors d’une allocution télévisée donnée ce même mois, Nixon fit porter aux étudiants la responsabilité des morts et des blessés. Il disait en privé que les étudiants étaient les pions du communisme international, et il ordonna l’infiltration accélérée des campus universitaires avec le plan Huston. Wikipedia a beau raconter que Hoover a mis son veto au plan Huston, personne n’y croit. Des documents déclassifiés démontrent que le FBI et la CIA étaient très investis dans leur action contre les groupes opposés à la guerre, sur et en dehors des campus, et ils le sont encore de nos jours. Même Wikipedia l’admet sur la page concernant le plan Huston, où il est écrit que bien que le plan ait été « révoqué », nombre de ses dispositions ont malgré tout été mises en œuvre. Avec le recul, on se rend compte que la seule disposition qui n’a pas été mise en œuvre a été la création de camps de rétention pour les protestataires.

        Tout en étudiant le bain de sang supposé qu’ont été les meurtres de Manson, gardez bien en mémoire la déclaration de Reagan ci-dessus. Gardez aussi en tête que les meurtres supposés ont eu lieu à Los Angeles, en Californie, qui n’était pas seulement le berceau d’Hollywood et de Reagan, mais aussi la capitale hippie du pays et l’épicentre de l’opposition à la guerre. Souvenez-vous également que Reagan était un acteur.

     

     

    Un peu d’histoire

        Richard Nixon était président en 1969, après avoir remporté l’élection de 1968 face à Humbert Humphrey avec une avance de seulement un demi-million de voix sur 73 millions de votants. Il a gagné de 0,7%. Mais comme Humphrey faisait partie du courant du parti démocrate favorable à la guerre du Viêt Nam, aucun des deux candidats n’y était donc opposé. Ceci explique pourquoi des émeutes ont eu lieu aux conventions des deux partis en 1968. Tout comme aujourd’hui, le pays tout entier était contre la guerre, mais les deux partis y étaient malgré tout favorables. La presse, dirigée par la CIA, y était bien entendu favorable, donc l’opinion populaire n’importait pas vraiment (tout comme aujourd’hui). La presse n’était pas là pour suivre l’opinion, mais pour la créer. Nixon et Humphrey avaient bien vu ce qui était arrivé au candidat à l’investiture républicaine George Romney quand il s’est prononcé contre la guerre. La presse l’avait crucifié. Après cela, tous les candidats ont observé un silence gêné à propos de la guerre, bien qu’il s’agissait du sujet le plus important en 1968, ou que cela aurait dû l’être.

        Nixon s’installa à la Maison Blanche en janvier 1969. Hoover était alors à la tête du FBI, comme il l’avait été depuis 1935. Nixon et Hoover détestaient les hippies et souhaitaient détruire ce mouvement. Ceci est désormais dans le domaine public grâce à de nombreux documents déclassifiés. Ce ressentiment était avant tout alimenté par l’engagement anti-guerre de la jeune génération. La guerre était une affaire rentable, et il était hors de question de laisser les hippies perturber ce petit commerce. Il est avéré que le FBI a monté toute une opération pour infiltrer et discréditer le mouvement anti-guerre, intitulée COINTELPRO. Il ne s’agit pas d’une théorie du complot, les documents sont déclassifiés, la connaissance de cette opération est largement répandue, et on peut même en lire les grandes lignes sur Wikipedia. Cette opération s’est déroulée dans les années soixante, et a connu un pic d’activité à la fin de cette décennie ; elle s’est terminée en 1971 (c’est du moins ce qu’on nous assure). L’activité du FBI avec COINTELPRO ne se limitait pas à l’espionnage. Hoover a déclaré que son objectif était « de dévoiler, de perturber, de fourvoyer, de discréditer et, le cas échéant, de neutraliser » tout groupe opposé à la guerre, ce qui incluait les hippies, les socialistes, le mouvement pour les droits civiques, le NAACP [ndt : une organisation pour les droits des afro-américains], l’AIM [ndt : association pour les droits des indiens d’Amérique], la National Lawyers’ Guild [ndt : une association de juristes orientée à gauche], et même Albert Einstein (peu avant COINTELPRO).

        La CIA possédait sa propre version de COINTELPRO, nommée CHAOS. Encore une fois, il ne s’agit pas d’une théorie du complot, la CIA en a admis l’existence. On sait que CHAOS a démarré sous Johnson en 1967, puis que Nixon lui a donné un coup d’accélérateur en 1969. Elle a été mise sur pieds par Richard Helms, et dirigée par le fameux James Jesus Angleton. Nixon a aussi favorisé la coopération entre COINTELPRO et CHAOS. Cette dernière opération a connu son pic d’activité en juillet 1969, un mois avant les meurtres de Manson. Seymour Hersh a « dévoilé » l’opération CHAOS dans un article du New York Times en 1974. Ce journal étant contrôlé par la CIA, on peut supposer qu’il s’agissait de limiter les dégâts, en admettant des crimes mineurs pour en couvrir d’autres plus importants. L’un de ces crimes plus importants, resté secret jusqu’à aujourd’hui, est le contrôle des meurtres de Manson. Si Hersh savait réellement quoi que ce soit au sujet de CHAOS, il aurait entendu parler de son opération-phare, dont le succès a dépassé l’imagination. Mais l’article de Hersh ne mentionne pas une seule fois les meurtres de Manson. Voilà pourquoi cet article était une manœuvre de désinformation. Il pointe dans de nombreuses directions, mais ne fournit aucun élément concret. Il fait allusion à de nombreux détails d’importance mineure, ce qui permettait de camoufler d’autres opérations plus importantes comme les meurtres de Manson.

        Mais revenons un peu en arrière. Notez la citation de Hoover : « de perturber, de fourvoyer, de discréditer et, le cas échéant, de neutraliser ». Pourquoi si peu de personnes se sont-elles demandées si les meurtres supposés commis par Manson et sa Famille n’étaient pas un exemple de manœuvre pour discréditer le mouvement hippie, et par voie de conséquence les manifestants anti-guerre ? On se rend compte à présent qu’aucun événement n’a autant discrédité ou neutralisé le mouvement hippie que les meurtres de Manson. Charles Manson et ses acolytes ont donné une si mauvaise presse au mouvement hippie que celui-ci était mort dès le début de l’année 1970. Au-delà, c’est l’ensemble du mouvement anti-guerre qui reçut un coup fatal à cette occasion, la presse se servant de cet événement pour marginaliser non seulement les hippies, mais tous les protestataires et les « mécontents ». Ce fut une grande réussite pour le gouvernement, qui put continuer à vendre au peuple la guerre du Viêt Nam pendant cinq années supplémentaires, dépensant à l’occasion des milliards de dollars qui allaient enrichir un peu plus les plus riches grâce à des contrats d’armement. La guerre du Viêt Nam ne prit fin que huit mois après la démission de Nixon en 1974. Quelle était la date de cette démission? Le 9 août 1974, cinq ans jour pour jour après les soi-disant meurtres de Manson.[3]

        L’auteur à succès Joan Didion a écrit : « Nombre de mes connaissances à Los Angeles pensaient que les années 60 s’étaient terminées abruptement le 9 août 1969 ; qu’elles étaient finies au moment où la nouvelle des meurtres s’est répandue comme un feu de brousse dans la communauté ». Ceci pourrait s’appliquer non seulement à Los Angeles, mais à l’ensemble des États-Unis. Puisque les meurtres de Manson ont effectivement mis fin aux années soixante et au mouvement hippie, il convient de se demander si ces meurtres ont mis fin intentionnellement au mouvement hippie. Nixon, Reagan, Hoover et le Pentagone ont dû se réjouir de voir que les meurtres parfaits survenaient au moment parfait. La CIA a dû se réjouir de voir que les premiers « meurtres sectaires » survenaient pile au bon moment pour mettre un terme au mouvement pour la paix. Quelle coïncidence extraordinaire que les hippies choisissent justement ce moment, six jours avant Woodstock, pour devenir fous en tuant une belle jeune femme blonde (la victime parfaite de toutes les tragédies – voir plus récemment le faux sauvetage de Jessica Lynch) qui portait encore son enfant à naître (l’autre victime idéale). Quelle coïncidence qu’ils écrivent des slogans anti-gouvernementaux sur les murs comme « Death to Pigs » [ndt : mort aux vaches]. Quelle coïncidence que le chef des tueurs était le pigeon parfait – un habitué des prisons qui a demandé à être renvoyé en prison. Vous avez bien lu. Manson ne voulait pas être libéré de prison en 1967. Tom Snyder l’a même reconnu devant les caméras en 1981. Le gouvernement a dû se réjouir de pouvoir piéger quelqu’un qui voulait être piégé, et d’envoyer en prison à vie un homme qui voulait retourner en prison. Pour résumer, si le FBI cherchait le pigeon idéal, il n’aurait pu trouver mieux que Manson. Il avait un regard étrange, il jouait de la guitare et chantait comme les hippies, portait les cheveux longs, était un criminel endurci, et voulait retourner en prison. Nous verrons par la suite qu’en réalité Manson travaillait pour le FBI et la CIA depuis le début. Il ne s’est pas fait piéger. C’était un acteur, un pigeon volontaire, qui a joué le rôle pour lequel on l’avait engagé. Il était en fait l’acteur le plus brillant du lot, et l’est encore aujourd’hui.

     

     

    Les acteurs

        Quelques lecteurs pourraient me faire remarquer que je me contente de suivre le script de Mae Brussell, et que cette dernière a évoqué certains des points traités jusqu’à présent. Mais c’est ici que je m’écarte de sa version. Je dis que Manson n’était qu’un acteur parmi d’autres, parce que tous les rôles principaux étaient tenus par des acteurs. Nous le savons d’ailleurs parfaitement. Sharon Tate était une actrice. Elle a débuté sa carrière en 1965 dans Eye of the Devil, un film sur le culte du démon et les meurtres sacrificiels, dans lequel Sharon incarne une sorcière. Plus récemment, elle a joué une vampire dans Le bal des vampires ; elle a ensuite incarné une prostituée dans Valley of the Dolls, dans lequel elle a un avortement, devient une actrice de porno soft, avant de se suicider avec des tranquillisants ; elle a ensuite eu un petit rôle dans Rosemary’s Baby. Étrangement, tous ces films ont un rapport avec les bébés, le sang et la mort. Avec les meurtres de Manson, elle s’est contentée de rester dans la même tendance. On pourrait dire qu’elle était enfermée dans un rôle. Et on pourrait dire la même chose de Polanski. Il était le réalisateur de Rosemary’s Baby et du Bal des vampires, dans lequel il tenait un des rôles principaux et où il se transforme en vampire à la fin. Si le FBI cherchait quelqu’un pour diriger un film d’horreur sataniste, il n’aurait pas pu trouver meilleur candidat. Suis-je le seul à trouver qu’il s’agit là d’un énorme signal d’alerte ? Le meurtre a lieu dans la maison d’un réalisateur de films de meurtres satanistes,[4] et des acteurs sont tués ? Personne n’a trouvé tout ceci suspect ?

        En 1963, Polanski a réalisé un épisode d’un film hollandais intitulé... The Best Swindles in the World.[Ndt : les meilleures escroqueries du monde] Comme vous allez le constater, les meurtres de Manson occupent un classement très élevé dans cette catégorie.

        Jay Sebring – une des victimes supposées – était lui aussi un acteur. Il était plus connu pour ses salons de coiffure pour hommes, mais il était bien un acteur en 1969. Il avait joué dans un épisode de Batman cette année-là. Il avait participé au film underground Mondo Hollywood. Il était l’ami du producteur Bill Dozier, et ce sont eux qui ont fait démarrer la carrière de Bruce Lee. D’après sa biographie, Sebring a passé quatre ans dans la Navy. Ce fait pourrait s’avérer important, car les contacts de Sebring dans l’armée vont bientôt lui être utiles. Il est également possible qu’il travaillait toujours pour l’ONI [ndt : Office of Naval Intelligence, le service de renseignement de la Navy] en 1969, même si je suis probablement le seul à soulever cette hypothèse. Un autre point curieux est que l’affaire de Sebring a continué ses activités après sa mort supposée, bien qu’il ne l’ait pas vendue, et qu’il n’ait pris aucune disposition pour sa continuation. On ne trouve absolument aucune information sur internet à ce sujet, les entrées encyclopédiques sur Sebring International étant réduites au minimum (voir ci-dessous). Parmi les clients célèbres du salon de Sebring, on trouvait Frank Sinatra et Jim Morrison. Nous reparlerons de Morrison par la suite.

    DiMaria

        C’est censé être le plus proche parent de Jay Sebring, son neveu Anthony DiMaria. Il ressemble à un acteur, n’est-ce pas? C’est parce qu’il est un acteur. Vérifiez sa fiche IMDB. On ne trouve pas son âge sur internet et sa carrière d’acteur n’a débuté que dans les années quatre-vingt-dix. Il ne s’est pas rendu aux audiences de libération conditionnelle avant les années quatre-vingt-dix, ce qui est étrange. Sur le blog bien connu Tatelabianca.blogspot.com, on peut lire ce post de « Colonel Scott » :

        J’ai rencontré le neveu de Jay un après-midi il y a dix-huit ans à la bibliothèque de l’USC. Il ne connaissait même pas les détails du meurtre de son oncle. Je l’ai orienté vers le roman Helter Skelter, parce que c’était tout ce que je connaissais à l’époque. Il est aujourd’hui le SEUL parent de Sebring à avoir JAMAIS assisté à une audience de libération conditionnelle. Et il ne l’a fait que des DÉCENNIES après le meurtre.

        Curieux. Encore des acteurs. Ils ne semblent pas se forcer pour tenter de mettre en place une histoire crédible. Mais ils continuent de racler les fonds de tiroir, comme avec le documentaire Sebring, réalisé par DiMaria en 2009. Bien que Dennis Hopper y fasse une apparition, ce documentaire n’est pas listé sur sa fiche IMDB, ni sur celle de DiMaria.

    Hopper

        Cette photo sur IMDB a pour légende : « Anthony DiMaria et Dennis Hopper sur le tournage de Sebring ». Mais ce documentaire n’apparaît pas sur IMDB. Je suppose que ce documentaire a été créé à des fins de propagande, mais il devait s’agir d’une propagande de piètre qualité, qui dévoilait peut-être même certaines parcelles de vérité. Les services de renseignement ont été contraints d’en supprimer les traces dès sa sortie.

        À propos de Hopper, il a donné quelques informations au Los Angeles Times en 1969 :

        Ils [à la maison de Tate] étaient tombés dans le sadisme, le masochisme et la zoophilie – et ils enregistraient tout sur cassettes. C’est la police de Los Angeles qui me l’a dit. Je sais que trois jours avant les meurtres, vingt-cinq personnes ont été invitées pour fouetter un dealer du Sunset Strip qui leur avait vendu de la mauvaise came.

        Il s’agit clairement de désinformation. Notez que Hopper admet que l’information lui a été suggérée par la police. Hopper était-il le porte-parole de la police, et si c’était le cas, pourquoi ? La police ne peut donc pas donner de conférences de presse ? On a là un signal d’alerte concernant Hopper. Ça, plus le fait que Hopper a reconnu que son père travaillait dans le renseignement. Tel père, tel fils.

        Mais revenons au satanisme. Il s’agit d’une diversion classique utilisée par la CIA et le FBI. Il y a bien longtemps que j’ai compris qu’à chaque fois que je suis entraîné sur la voie du satanisme, de Crowley, Lavey, et d’autres voies similaires, il s’agit en fait d’une manœuvre de diversion de la CIA. Ce ne sont pas les satanistes qui contrôlent ce type d’événements, mais plutôt le renseignement militaire. Les agences de renseignement se servent du satanisme pour brouiller les pistes. Pour la plupart des chercheurs, la voie du satanisme est plus sexy que celle menant à des agents gouvernementaux, et ils la suivent volontiers. Règle numéro un à l’occasion de recherches sur des événements sous faux drapeau : ignorer toute piste menant au satanisme. Il s’agit de fausses pistes, laissées volontairement par les scénaristes de la CIA. Par exemple, évacuons sans plus de cérémonie les pistes menant à la Process Church « satanique ». La seule chose à savoir à propos de la Process Church est qu’en 1966 les chefs de la secte, les DeGrimston, sont devenus propriétaires d’une vaste propriété dans la péninsule du Yucatan. Devinez où ? À Merida. En 1970, il ne s’agissait pas encore d’un signal d’alerte comme ça peut l’être aujourd’hui. On sait désormais que Merida est le centre de la CIA à l’étranger, une sorte de Langley mexicain.[Ndt : Langley est le quartier général de la CIA] Les livres récents sur la Process Church ne mentionnent plus cette référence, préférant désigner la localité où se trouve la propriété des DeGrimston par le vocable plus effrayant de « ville de Xtul ». Mais Xtul n’est pas une ville et ne l’a jamais été. Il s’agit juste d’un ranch de fortune de la CIA situé à la périphérie de Merida.

        Pour prouver tout ceci, je vous renvoie aux documents dévoilés par Edward Snowden et Glenn Greenwald, concernant les tactiques de manipulation psychologique utilisées par les agence de renseignement pour contrôler et orienter l’opinion sur internet. Voici un de ces documents :

    Deception

        Notez le mot « magie », en haut. Il est dans la catégorie « anthropologie », et cette catégorie inclut aussi « deception ».[Ndt : tromperie] Elle est proche des catégories « psychologie » et « influence ». Il ne s’agit pas là de la magie des anciens sorciers ou de celle qu’on trouve dans The Golden Bough. Il s’agit de magie moderne, celle qui fait sortir des lapins du chapeau. Il s’agit de tromperie, sans aucune composante spirituelle.

       L’opération Gladio nous a appris que tous les services de renseignement européens sont liés aux services de renseignement américains, et qu’ils travaillent fréquemment ensemble. La Process Church est née à Mayfair, à Londres ; nous pouvons donc supposer qu’elle est liée au MI6. Le MI6 se sert de la couverture offerte par le satanisme et par Crowley depuis les années 1890. Les faux DeGrimston sont juste des acteurs de la division théâtre du MI6. À chaque fois que les services secrets ont besoin d’une couverture, ils envoient des individus tels que ceux-ci. Ils travaillent dans le monde entier, et une agence de renseignement est souvent ravie d’emprunter des acteurs/agents à une autre agence.

        Mais revenons à Jay Sebring :

    Post Sebring

        On trouve une information très importante dans ce post : Jay Sebring était président d’une maison de disque. L’auteur du post ne nous dit pas de quel journal est tiré sa capture d’écran, nous ne pouvons donc le confirmer. Il nous dit seulement qu’il date de 1965. On dirait bien que Terry Melcher n’était pas le seul à travailler dans le milieu de la musique. Le réseau de contacts que Jay Sebring entretenait réellement commence à prendre forme, et on peut juste se demander pourquoi ce fait a été ignoré sur internet et ailleurs. Beaucoup de gens ne veulent pas que vous sachiez quoi que ce soit sur Jay Sebring, si ce n’est qu’il coupait des cheveux. Si Sebring était seulement un coiffeur, pourquoi faut-il que sa biographie soit amputée de certains éléments ?

        La formation universitaire de Wojciech Frykowski – une autre victime supposée – s’est déroulée « exclusivement dans une école de cinéma en Pologne ». Il a joué dans un des premiers films de Polanski, Les mammifères, qu’il a également produit et financé. Son jeune frère Jerzy « Jerry » Frykowski est un directeur de production très connu en Europe. Bartlomiej, le fils de Frykowski, est lui aussi devenu un cinéaste. Frykowski espérait que Polanski lui trouve un boulot dans l’industrie du cinéma à Los Angeles, et nous verrons que c’est ce qui est arrivé, d’une certaine façon. Nous reparlerons de Frykowski par la suite.

        Abigail Folger – une autre victime supposée – n’était pas une actrice, pour autant que je sache, mais sa condition d’héritière de la famille de producteurs de café Folger lui a permis d’entretenir des liens avec des personnalités politiques de premier plan, y compris les Kennedy. Elle avait travaillé sur la campagne de Robert Kennedy en 1968 et, comme vous vous en souvenez certainement, il a lui aussi été assassiné dans des circonstances suspectes. Sa mort a été filmée, ses blessures ne collaient pas avec les coups de feu, les photos ont été trafiquées, l’« assassin » était un pigeon, et son corps n’a plus été revu par la suite. Son père, Joseph Kennedy, était le propriétaire des studios RKO avant la guerre ; il était donc lui aussi dans l’industrie du divertissement. Ces gens produisaient des événements en permanence, et ceux-ci n’avaient pas forcément lieu sur une scène hollywoodienne. Une autre « coïncidence » : Bobby Kennedy avait dîné au Malibu Beach House le 5 juin 1968, juste avant de se rendre à l’hôtel Ambassador, où il aurait été assassiné. Sharon Tate et Roman Polanski étaient présents eux aussi à ce dîner. Vous devriez comprendre pourquoi ce n’était pas une simple coïncidence d’ici la fin de cet essai.

        À l’époque où Manson vivait à San Francisco, Abigail Folger a prêté dix mille dollars au cinéma Straight situé à l’angle des rues Haight et Cole. Notez : un cinéma. Folger avait des rapports avec des acteurs et leur donnait de l’argent. Manson vivait alors sur la rue Cole, dans le même pâté de maison que la Process Church. Revenons à Los Angeles, où Folger et Manson se sont rencontrés à la maison de Cass Elliot.[5] Certains prétendent que Folger a prêté de l’argent à Manson, et si tout ceci est vrai, Folger semble être une des personnes privées qui a financé la totalité de l’opération. Folger aurait aussi donné de l’argent à Timothy Leary, au cinéaste underground Kenneth Anger, et à l’Himalayan Academy (située à proximité de l’Esalen Institute – voir plus bas pour plus d’informations sur l’Esalen).

     

     

    Paul Tate

        Tout ceci est déjà suffisamment parlant, mais le plus gros signal d’alerte de toute cette mascarade est le père de Sharon, Paul Tate, qui était un colonel du renseignement militaire.[6] Bien entendu, on ne sait pas exactement quelles étaient ses fonctions, mais nous savons qu’il a servi pendant 23 ans sous les drapeaux, mettant un terme à sa carrière (supposément) en 1969. Il a donc commencé en 1946. Il est intéressant de noter que c’est à cette période que le renseignement militaire a été divisé en différents services, y compris la CIA, qui a été fondée en 1947.

        La famille Tate s’installa à Vérone, en Italie, en 1959. Paul était stationné à Passalacqua, le quartier général du SETAF (South European Task Force). Ceci le rattache à l’opération Gladio. Le général Maletti – le chef du renseignement militaire italien au moment des meurtres de Manson – a par la suite témoigné devant un tribunal que la CIA avait organisé de nombreuses opérations sous faux drapeau en Italie et en Europe, y compris des attentats à la bombe et des assassinats, « dans le but de fomenter un nationalisme italien capable de mettre un terme à ce qu’elle considérait comme une dérive gauchiste. » Ça vous rappelle quelque chose ? Maletti a ajouté : « n’oubliez pas que les USA étaient dirigés par Nixon, et que Nixon était un homme étrange, un politicien très intelligent mais un homme enclin à user de méthodes peu orthodoxes. » Nixon était au pouvoir en 1969, mais l’opération Gladio avait été montée par Allen Dulles plusieurs années auparavant. Elle était en grande partie financée par les États-Unis à travers la CIA, dirigée par Dulles sous Eisenhower et Kennedy (de 1953 à 1961). L’opération devint particulièrement active à la fin des années cinquante, pour contrer les mouvements « gauchistes » qui se faisaient de plus en plus pressants, surtout en Italie. Nous pouvons supposer que c’est la raison de la venue de Paul Tate et de sa famille à Vérone en 1959. Paul Tate n’était pas un simple militaire, il était colonel dans le renseignement, ce qui indique qu’il était probablement impliqué dans l’opération Gladio.

        L’une de ces opérations sous faux drapeau menée dans le cadre de l’opération Gladio fut l’attentat à la bombe de la Piazza Fontana en 1969, quelques mois avant les supposés meurtres de Manson. L’attentat a tout d’abord été attribué à des anarchistes (des hippies violents, voyez-vous), mais il s’est avéré par la suite, grâce à des témoignages comme celui du général Maletti, que ces attentats étaient en fait l’œuvre de la CIA, en association avec d’autres services de renseignement occidentaux. Ceci indique que le propre père de Sharon Tate était capable d’organiser des événements sous faux drapeau, et qu’il connaissait des individus capables de l’aider dans ce type d’entreprise, comme par exemple en simulant des meurtres et en faisant porter le chapeau à des gauchistes. Vous pouvez considérer que les meurtres de Manson n’étaient rien d’autre qu’une opération sous faux drapeau de plus, du type de celles menées par Gladio contre la gauche. Ces meurtres étaient la version américaine d’une opération de Gladio.

        Comment tout cela s’est-il passé, exactement ? Tout a commencé en 1962, lorsque Paul Tate a quitté l’Italie pour être transféré à Fort MacArthur à San Pedro, juste au sud de Torrance, et à environ 30 km au sud d’Hollywood. Il semblerait que le renseignement militaire ait considéré que la jolie fille de Paul Tate pourrait être utile, et qu’il a renvoyé la famille à Los Angeles pour lancer la première phase du plan. Nous avons supposé que Paul Tate a été assigné à Fort MacArthur, puisqu’il s’agissait de la seule base de San Pedro, où résidait la famille, mais il a plus probablement été assigné à la base de Lookout Mountain dans le Laurel Canyon, située à environ 40 km (voir plus bas). Ou alors il y a été transféré lorsque l’opération a commencé à prendre corps quelques années après. Sharon a déclaré, lors d’une interview donnée à Merv Griffin en 1966, que son père était en poste au Viêt Nam à cette période. C’est possible, mais il s’agit probablement là d’une histoire inventée pour couvrir la réalité. Quoi qu’il en soit, sa présence à Los Angeles était indispensable en 1967 ou 1968 pour travailler sur le grand événement impliquant sa fille. La scène a dû être montée dès 1967, lorsque Manson a été libéré de prison.

        Des sources sur internet nous donnent plus d’éléments sur tout ceci.[Ndt : le lien proposé ici dans l’article original est désormais inactif] On y apprend que Paul Tate s’habillait en hippie après le meurtre supposé de sa fille, soi-disant pour tenter de découvrir qui l’avait assassinée. Ce fait est généralement ignoré ou mal interprété. Il devrait pourtant s’agir d’un énorme signal d’alerte. Nous avons là l’aveu qu’un colonel du renseignement militaire se déguisait en hippie dans le but de les infiltrer, ce juste après les meurtres. On essaie de nous faire croire que Paul Tate a pris cette initiative de son propre chef, en tant que simple citoyen. Mais s’il était réellement à la retraite à ce moment, et qu’il travaillait en tant que simple citoyen, il violait la loi. Les simples citoyens ne sont pas autorisés à faire le travail des forces de l’ordre, et après les meurtres supposés, toute implication dans l’enquête relevait de la seule autorité des forces de l’ordre, sauf pour les détectives privés qui sont contraints d’avoir une licence. Paul Tate n’était pas un père qui jouait au justicier. Il faisait son boulot. Il n’avait pas pris sa retraite. Il serait mort en 2005 à 82 ans, ce qui fait qu’il aurait eu 46 ans en 1969. Les colonels ne prennent pas leur retraite à 46 ans, sachant qu’ils n’ont plus qu’un échelon à gravir pour devenir général de brigade. Il est beaucoup plus vraisemblable qu’il n’ait pas commencé à se déguiser en hippie après les meurtres, mais qu’il s’est juste fait prendre en train de se déguiser en hippie après les meurtres. Quelqu’un l’a reconnu, et la CIA a dû inventer une histoire pour justifier cet incident. Mais il avait probablement commencé son travail d’infiltration des mois auparavant, dans le cadre de l’opération. Il est probable que c’est lui qui dirigeait toute l’opération depuis le côté hippie, en portant une barbe et des t-shirts délavés. Comment est-il possible que tout le monde soit passé à côté de ça pendant 43 ans? On ne pouvait pas demander à Mae Brussell d’être au courant, dès les années soixante-dix, de tous les éléments que j’ai pu découvrir au cours de mes recherches. Mais depuis le temps, tout chercheur qui se respecte aurait dû s’apercevoir que Paul Tate était le plus gros signal d’alerte de toute la Californie.

        Si vous ne croyez pas qu’un colonel du renseignement puisse s’habiller comme un hippie pour essayer d’infiltrer ce mouvement, jetez donc un œil au livre Acid Dreams, dans lequel on peut lire :

        C’était une scène typique des années soixante : un groupe d’étudiants débraillés aux cheveux longs étaient assis en cercle et se passaient des joints et des pipes à haschisch. On aurait pu se trouver à Berkeley, Ann Arbor ou dans n’importe quel autre campus branché. Mais ces étudiants étaient en fait des agents du FBI, et l’école dans laquelle ils se trouvaient était connue sous le nom de « Université Hoover ». Située à la base de Quantico en Virginie, la spécialité de cette académie d’élite était l’entraînement d’agents gouvernementaux à l’infiltration d’organisations classées à gauche. Pour peaufiner leur image de rebelles immergés dans la contre-culture, les agents recevaient comme consigne de ne pas se laver pendant plusieurs jours avant d’infiltrer un groupe de radicaux. Des cours de mise à niveau étaient également donnés aux agents qui avaient déjà réussi à s’infiltrer dans la culture de la drogue de leurs diverses localités.[7]

        Et ces pratiques n’étaient pas limitées au FBI, la CIA s’y mettait aussi. Tout ceci n’avait pas lieu en Virginie par hasard ; Langley se trouvait à deux pas. Le livre Acid Dreams n’est d’ailleurs pas un livre marginal. Allez voir sur Wikipedia, vous pourrez constater qu’il s’agit d’un livre respecté et largement cité par les médias dominants. Il y a bien longtemps que le gouvernement a admis ces pratiques.

        En fait, nous savons que Paul Tate n’a pas pris sa retraite le 9 août. On nous dit qu’il a démissionné deux semaines avant la date prévue pour son départ à la retraite, mais sa démission a eu lieu après les meurtres. Il aurait démissionné à cause du décès de sa fille. Il s’agit là d’un signal d’alerte de plus, car les chances que la date de son départ en retraite ait été prévue tout juste deux semaines après les meurtres sont extrêmement faibles. Elles sont même nulles, puisque l’âge de départ à la retraite d’un colonel n’est pas de 46 ans. Ils peuvent partir plus tôt en retraite, bien sûr, mais il ne s’agit pas d’un départ « prévu ». Il s’agit sans doute là d’une manœuvre de diversion. Si son départ à la retraite était effectivement prévu à l’avance, pourquoi a-t-il démissionné deux semaines avant ? Il n’avait absolument pas besoin de démissionner, puisque ses supérieurs l’auraient très certainement mis en congé pour les deux semaines en question suite au décès de sa fille. En fait, on essaie de nous faire croire qu’il ne faisait plus partie du renseignement militaire lorsqu’il a été surpris déguisé en hippie. Qu’il soit en service, ou à la retraite, ou démissionnaire ne change rien : il s’agit de toute façon de la même personne. Paul Tate est de toute façon un gigantesque signal d’alerte.

        Vous devriez chercher la page Wikipedia pour Paul Tate. Elle n’existe pas. Mais il y en a une pour la mère de Sharon, Doris. Le corps de l’article ne mentionne pas Paul. En général, les biographies disent quelques mots sur les époux. La fiche de Sharon le mentionne, mais il n’y a bien entendu pas de lien vers sa page, qui n’existe pas.

        Pour d’autres liens étranges, jetez donc un œil à ceci :

    Wayne Mall

        Ce jeune homme s’appelle Wayne Mall, un ancien petit ami de la sœur de Sharon, Debra. Il a eu un accident de moto en novembre 1970, un an après les meurtres. Mais ce qui est intéressant est que nous apprenons des choses à propos de Paul Tate. En 1971, ce dernier a ouvert le salon de coiffure Tate Gallery for Men's Hair Design à Rolling Hills, situé juste à l’ouest de San Pedro, près de Long Beach. Rolling Hills se trouve aussi juste au nord de l’ancienne base militaire de Fort MacArthur. Nous avons donc là un lien évident entre Paul Tate et Jay Sebring. Depuis combien de temps Paul Tate s’intéressait-il à la coiffure ? Ou, plus exactement, depuis combien de temps la CIA s’intéressait-elle à la coiffure pour hommes ? Le nouveau salon de Tate était-il destiné à devenir une couverture pour les services de renseignement, et si c’est le cas, le salon de Sebring a-t-il été une couverture depuis le début ? On a là un indice de plus que Sebring a pu travailler pour le renseignement de la Navy. Je vais bientôt vous montrer que Sebring, Paul Tate, Susan Atkins, et Charles Watson avaient tous des liens avec des salons de coiffure.

    Sebring-Tate

        Voici quelques photos très intéressantes de Paul Tate :

    Paul Tate

    Paul Tate

        Paul Tate, le maître du déguisement. Vous avez vu comme il a rasé sa barbe et son crâne pour les funérailles dans la photo 6 ? Souvenez-vous qu’il a été reconnu alors qu’il était déguisé avec une barbe et des cheveux longs après les meurtres, alors qu’il était prétendument à la recherche des tueurs. Mais tout ceci a disparu aux funérailles. Il a radicalement changé d’apparence ; pas pour tromper des assassins qui n’existaient pas, mais pour tromper le public, les véritables hippies qu’il avait infiltrés, et les clients de son futur salon. J’ai ajouté la photo 4 pour le plaisir. Qu’est-ce qu’il se passe ici au juste? Est-ce que tout ce que font ces gens est filmé ou photographié ?

        Observez la photo 5, celle où Paul Tate pose en uniforme de la Navy. Ceci pourrait indiquer qu’il faisait partie du renseignement naval, à l’origine, et non du renseignement de l’armée de terre. Nous avons là un autre lien possible entre Paul Tate et Jay Sebring, qui a fait partie de la Navy. Tous deux ont pu faire partie de l’ONI.

        Paul Tate, Jay Sebring, Roman Polanski et Charles Manson avaient un autre point commun : ils étaient tous très petits. En regardant le film de NBC sur les funérailles, j’ai remarqué que Paul Tate faisait seulement 1 mètre 55, environ. Jay Sebring mesurait lui aussi à peu près 1 mètre 55. Roman Polanski était encore plus petit, avec 1 mètre 53. Charles Manson culminait lui aussi à 1 mètre 53. Quelle importance, me direz-vous? Eh bien, si Paul Tate dirigeait cette opération, il pourrait avoir recruté des gens de petite taille, comme lui. Personne n’aime donner des ordres à quelqu’un qui mesure deux têtes de plus que lui. J’imagine que lorsqu’il s’est agi de trouver un pigeon dans les prisons locales en 1967, une des principales qualités qu’on a vues chez Manson fut qu’il était extrêmement petit.

    Manson

        Il a du coup été un peu plus compliqué de le faire passer pour un monstre terrifiant, mais cette difficulté a été contournée assez facilement. J’ai récemment demandé à des personnes autour de moi quelle était la taille de Manson, à leur avis. Elles m’ont toutes répondu environ 1 mètre 80. Le pouvoir de la presse est incroyable.

        Paul Tate s’est aussi servi de la presse pour mettre sa fille en avant dès le plus jeune âge. Elle a fait la une du magazine Stars and Stripes au début des années soixante. On la voit chevaucher un missile de l’US Army. Son père était forcément au courant. Stars and Stripes est le magazine de l’armée, et son siège se trouve au Pentagone. On nous dit qu’il aurait marqué sa désapprobation, mais c’est peu probable.

    Sharon Tate

     

     

    La Scène

       Une preuve supplémentaire qui démontre que tout ceci n’était qu’un film se trouve dans le lieu de résidence de la « Famille » Manson. Ils vivaient au SPAHN’S MOVIE RANCH ! Wikipedia nous dit que ce ranch « était utilisé pour y tourner des westerns pour le cinéma et la télévision. Avec son terrain montagneux, son environnement jonché d’énormes rochers, et son décor reproduisant ‘‘une vieille ville du western’’, le Spahn’s Ranch était un site polyvalent utilisé pour le tournage de nombreuses productions cinématographiques ». Hmmmm. Étrange, n’est-ce pas ? Les meurtriers vivaient dans un décor de cinéma. On nous raconte que M. Spahn a autorisé la Famille Manson a occuper les lieux sans avoir à payer de loyer dès 1968. Comme c’est aimable de sa part. Bien sûr, hier comme aujourd’hui, les vieux propriétaires de ranch adorent voir traîner chez eux de jeunes hippies qui fument des joints, baisent à longueur de journée et empilent des montagnes de détritus. Heureusement pour le gouvernement, l’ensemble des bâtiments a été détruit par un incendie en 1970, empêchant toute analyse médico-légale. Il est plus que probable que la CIA payait Spahn pour qu’il héberge ses pigeons dans son ranch.

       Pour soutenir cette hypothèse, nous pouvons évoquer le cas de RuthAnn Morehouse, l’une des plus jeunes Manson girls (quinze ans), qui avait été arrêtée en avril 1969 et placée dans un foyer pour mineurs. Elle a été libérée et placée sous la garde de George Spahn, qui a été désigné comme famille d’accueil par le tribunal. Hein ? Le père de RuthAnn, Dean, était encore vivant, et Spahn n’avait aucun lien avec elle. De plus, ayant dépassé les 80 ans et étant complètement aveugle, il ne pouvait pas non plus être désigné comme famille d’accueil. On peut en revanche supposer qu’il pouvait être désigné pour devenir son superviseur. Quelqu’un a simplement fait en sorte qu’elle retourne au studio, puisqu’elle était censée faire partie des meurtriers. Ed Sanders laisse entendre qu’il s’agissait là d’un élément prouvant toute l’étendue du pouvoir de Manson, mais Manson n’avait aucun pouvoir dans les tribunaux pour enfants. Les seules entités qui peuvent faire pression sur les tribunaux pour enfants sont les agences fédérales – FBI, CIA ou DIA.[Ndt : l’agence qui supervise le renseignement militaire] Tout ce qui a trait au Spahn’s Ranch empeste l’opération fédérale.

        Le ranch était devenu un aimant pour les fugueurs et les délinquants juvéniles venus de tout l’état, et l’histoire officielle admet que la police de Los Angeles était parfaitement au courant. Et nous sommes pourtant censés croire que rien n’a été fait ? Reagan envoie la Garde Nationale pour arrêter des étudiants qui font des discours et qui plantent des arbres, mais lui, la police de Los Angeles et la police de l’état laissent tranquille une énorme communauté hippie dans la banlieue de Los Angeles, alors qu’il était de notoriété publique qu’on y tournait des films pornos, qu’on y pratiquait le nudisme, qu’on y accueillait des filles mineures, qu’on y vendait de la drogue, qu’il s’y trouvait des jeunes filles kidnappées, des voitures volées et des armes en quantité, qu’on y donnait des fêtes bruyantes qui duraient toute la nuit, que les voisins avaient été menacés, qu’il y avait des courses de buggy et de moto, qu’on y fraternisait avec des gangs de bikers et des satanistes, et ainsi de suite ? Nous sommes censés croire que les autorités locales ne se sont pas contentées de détourner le regard devant les activités du Spahn’s Ranch, mais qu’elles y ont renvoyé une jeune fille de quinze ans, en la confiant à Mr. Magoo, je veux dire George Spahn ?

        Une autre chose curieuse à propos du Spahn’s Ranch : la Transcontinental Development Corporation achetait des terrains tout autour du ranch, et elle souhait également se porter acquéreur du ranch. Mais au lieu de vendre sa propriété – qui ne valait pas un clou, et dont on nous dit qu’elle subsistait grâce à des balades en poney – Spahn a préféré la laisser telle quelle, c’est à dire un refuge gratuit pour les ex-détenus, les camés et les strip-teaseuses. Le refus de Spahn de vendre son ranch ne peut s’expliquer que s’il était extrêmement bien rémunéré par le gouvernement pour laisser les lieux en l’état, c’est à dire un décor de cinéma pour des acteurs et des agents, qui servait de centre opérationnel pour l’opération CHAOS.

        Pour résumer, Manson et sa Famille vivaient dans un décor de cinéma ; la scène du crime était la demeure d’un réalisateur célèbre pour ses films d’horreur satanistes ; la victime principale était une actrice ; au moins deux autres victimes étaient des acteurs ; le père de la victime principale était colonel dans le renseignement militaire. Mais personne ne s’est jamais demandé s’il ne s’agissait pas d’un film financé par le gouvernement ? Cette question est-elle si difficile à poser ? Pourquoi Mae Brussell n’est-elle jamais allée jusque là ? Pourquoi personne ne s’est posé cette question en 43 ans de recherches, qui ont produit des millions de pages écrites par des milliers de personnes ?

     


    Partie 2 : le procès

        Avant d’en venir à d’autres preuves explosives, arrêtons nous quelques instants sur le procès de Manson. Je ne puis rentrer dans le détail – il faudrait écrire un livre. Mais tous ceux qui ont étudié ce procès savent qu’il s’agissait d’une mascarade. On peut trouver dans les archives de l’UCLA une vidéo dans laquelle on voit Vincent Bugliosi [ndt : le procureur] se vanter que ce procès était le plus coûteux de l’histoire, et ce record tient probablement toujours. Il nous dit également que ce procès a reçu plus de publicité que n’importe quel autre dans l’histoire des États-Unis, et il a sans doute raison là aussi, même lorsqu’on compare ce procès à celui d’O.J. Simpson ou au procès dit du singe. Vous devriez d’ailleurs vous demander pourquoi ce procès a donné lieu à un tel cirque médiatique. Aucun autre procès n’a jamais été aussi théâtral. Les rôles principaux semblent avoir tous été choisis par un directeur du casting qui cherchait des visages à la fois beaux et expressifs, et des personnalités mémorables. Vous devriez vous demander quelles sont les probabilités pour trouver autant de personnes aussi photogéniques dans un procès. Les filles au visage disgracieux ne se font-elles donc jamais arrêter pour des meurtres « sectaires » en Californie ? Non ? Seulement les jolies filles ?

    Manson Girls

        Certains d’entre vous diront : « D’accord pour Kasabian et Van Houten, peut-être. Mais Susan Atkins, une jolie fille ? C’était un chien fou ! » Oh, vraiment ?

       Il s’agit de Atkins à 27 ans. Ils ont fait en sorte qu’elle ait l’air vilain sur certaines photos anciennes, mais on peut enlaidir n’importe qui. On pourrait faire en sorte d’enlaidir Nicole Kidman. On ne peut pas faire en sorte que n’importe qui ait l’air aussi plaisant. Et je dirais qu’elle s’est même améliorée avec l’âge. Je demande donc une fois de plus quelles sont les probabilités pour assembler un groupe de jeunes fugueurs dont la majorité ressemble à des vedettes de cinéma ? Certains diront qu’on était à Hollywood, et que Hollywood attire les gens au physique agréable. D’accord, mais ces gamins ne passaient pas d’audition pour un film – du moins pas d’après l’histoire officielle. Et nombre d’entre eux ont été ramassés à San Francisco. Leurs physiques devraient être ceux qu’on retrouve dans un groupe de gamins moyens. Je ne devrais pas avoir à vous le rappeler, mais le pékin moyen n’a pas un physique aussi agréable. Dans un groupe d’une vingtaine de personnes, on peut s’estimer chanceux si on trouve une seule personne aussi attirante, homme ou femme. C’est ainsi. Et ils ne sont pas les seuls :

    Manson Girls

       Il s’agit de Nancy Pitman, Rachel Morse et Sandra Good, trois autres beautés arrêtées ou désignées comme des Manson girls. Nancy Pitman ressemble à Helen Slater (Supergirl, 1984). Et Morse a quelque chose de Mariel Hemingway. Ces filles ressemblent plus aux anges de Charlie dans la série Drôles de dames qu’aux filles de Charlie Manson.

       On pourrait dire la même chose pour les hommes. Bobby Beausoleil ressemblait beaucoup à Robert Downey, Jr.

    Beausoleil

       Charles Watson était un bel homme, grand et ténébreux :

    Watson

       Que dites-vous de Paul Watkins ?

    Watkins

       Un très joli garçon, dans le genre de Johnny Depp ou Davy Jones. Même Barbara Hoyt était attirante en 1969 :

    Hoyt

       Enlevez-lui ses lunettes de grand-mère et elle est presque aussi jolie que ses très jolies camarades. Ces photos sont censées avoir été prises par la police après son arrestation. Mais elles posent de nombreux problèmes. Pourquoi avoir rayé la partie inférieure de l’image ? Parce qu’elle porte un chemisier différent dans les deux photos. Voyez comme le col remonte beaucoup plus haut sur son cou dans la seconde photo, et comme le chemisier est sombre sous le col. Même sans les différences entre les cols et les chemisiers, on peut voir que les deux photos n’ont pas été prises au même moment. Les cheveux ont changé. Observez les cheveux détachés sur les côtés. Dans la première photo, ses cheveux sont assez déliés autour des oreilles, avec de grandes mèches pendantes. Dans la seconde photo, ses cheveux sont attachés, avec seulement deux petites mèches visibles sur le côté. Mais la plus grande différence se trouve dans la taille de la tête. Est-ce que le fait de se tourner sur le côté lui a fait grossir sa tête de 10 % ?

       Et les étrangetés ne s’arrêtent pas là. Regardez attentivement cette photo, qui a été supprimée, des trois « tueuses » :

    Manson Girls

       On se croirait sur une scène de théâtre. Et on a l’impression que les costumes sortent tout droit de la loge d’une comédienne. Elles ne ressemblent ni à des sorcières, ni à des hippies, ni à quoi que ce soit d’autre. Elles ressemblent à l’idée que se fait un réalisateur de la CIA de ce que sont des « jeunes filles à la mode ». On a l’impression que Van Houten a été habillée pour tourner dans un épisode de Star Trek. Même la perruque de la policière semble tout droit sortie de la loge d’une comédienne. Est-ce que ça ressemble à un véritable uniforme de policière ? Regardez sa taille ! Pensez-vous que les policières portaient des vestes cintrées à la taille dans les années 60 ? Non seulement sa taille fait environ 60 cm, mais sa veste est parfaitement ajustée. Montrez-moi une seule véritable policière qui s’est déjà habillée avec une veste comme celle-là, et je vous donne une récompense. Ce costume n’a pas été fourni par l’état, mais par Hollywood.

       On peut se demander pourquoi la photo ci-dessus a été supprimée... D’autres problèmes de continuité :

    Manson Girls

       Même jour, mêmes robes, même couloir. C’est là qu’elles se mettent à chanter, vous vous souvenez ? Mais avant de vous montrer le problème de continuité, jetez un œil à la policière. Wow. Elle est encore plus belle que Van Houten (qui est en bleu). À vrai dire, on dirait presque des sœurs, avec leurs jolis cous élancés. Vous pensez qu’ils recrutaient des policières sur le plateau de Ma sorcière bien-aimée ? Est-ce que c’est Serena ? De qui se moque-t-on ? Qui pourrait croire à tout ceci ? Mais le problème de continuité se trouve dans la position du badge. La policière le porte à droite de sa poitrine. La policière dans la photographie du dessus, celle avec la perruque blonde, le porte sur le côté gauche. Et aucune des deux images n’est inversée. Dans la première photo, nous voyons aussi la seconde policière, qui porte son badge côté droit. C’est un problème majeur, car la position du badge est déterminée réglementairement. On ne vous laisse pas coller votre badge n’importe où. Les badges de police sont censés être portés sur le torse, au-dessus de la poche gauche.

     

     

    Le scénario

       Bugliosi a admis que « les six tueurs se sont avérés si incroyablement déconnectés de la réalité, avec des styles de vie et des philosophies si inhabituels, que lorsque leurs identités ont été révélées, ils ont en fait volé la vedette aux victimes. » Considérant que les victimes de la résidence de Tate/Polanski étaient des jet-setters, des actrices et des stylistes, on peut trouver cela assez incroyable. Avec le recul, on peut dire sans craindre la contradiction que les acteurs de la « Famille » Manson ont très largement surjoué leurs rôles, et que la scène est devenue de plus en plus surréaliste. Vers la fin, toute apparence de réalité avait été oubliée depuis longtemps, et la seule raison qui explique que le scénario a été un succès réside dans la naïveté du public des années soixante, pour qui la télévision était une nouveauté et qui était donc bien plus crédule qu’aujourd’hui.

       Sur la vidéo donnée en lien ci-dessus, on peut voir Bugliosi dire au reporter que les meurtres de Manson sont « les meurtres les plus étranges, les plus sauvages et les plus cauchemardesques jamais vus », et que Linda Kasabian « était extrêmement émue en décrivant la première nuit d’horreur » lors de son témoignage. Malheureusement, il existe une vidéo de Kasabian dans laquelle on la voit peu après ce témoignage, parcourant le hall dans sa robe toute droit sortie de La petite maison dans la prairie, et elle affiche un large sourire. Le cameraman lui renvoie son sourire. S’agit-il de l’émotion dont parlait Bugliosi ? Observez bien Bugliosi : il est visiblement en train de lire un texte. Les téléprompteurs n’existaient pas encore. Bugliosi lit un script placé devant lui, vers le bas et hors champ. Nous n’avons pas seulement droit aux « meurtres étranges, sauvages et cauchemardesques », on nous sert également les « cris horribles, atroces ». Tout cela est tellement poétique. Les questions sont elles aussi prévues dans le script, puisque que Bugliosi n’a même pas besoin de parcourir son texte pour y trouver une réponse. Quant aux journalistes, ils récitent leurs partitions comme de vrais professionnels.

       Je vous renvoie également à 1:00 sur cette vidéo, où Barbara Hoyt donne un témoignage aux journalistes dans le couloir menant à la salle d’audience. Hoyt n’est pas la fille la plus intelligente du monde, mais même elle se demande : « je ne sais pas si je devrais » parler aux journalistes, avant de jeter un regard circulaire. Apparemment, ses référents lui donnent l’autorisation de parler, et elle raconte le moment où elle a surpris une conversation d’Atkins. La vidéo est coupée, donc les gens pourraient penser qu’elle n’a rien raconté du tout, mais après la coupure, le journaliste remarque qu’elle n’a raconté qu’une minute de la conversation, alors qu’il y a en fait cinq minutes de conversation. Le journaliste réclame ses cinq minutes. Dans le monde réel, si Hoyt avait bavardé ainsi pendant une minute, cela aurait suffi à faire annuler le procès. Mais pas ici. Je suis surpris qu’ils n’aient pas emmené les filles en salle de presse pour qu’elles y donnent leurs témoignages directement au public à l’antenne. Ça aurait grandement simplifié les choses. Le journaliste est ici très amusant ; il dit « nous voulons juste que vous nous disiez ce qu’il s’est passé pour l’ajouter au dossier ». Quel dossier ? Aux dernières nouvelles, le « dossier » se trouve en salle d’audience, pas dans le couloir.

       Nous avons vu la fausse publicité, intéressons-nous à présent au coût du procès. Il s’agissait du procès le plus cher de l’histoire, mais il ne s’agissait que d’un demi-procès. Il y avait une accusation, mais pas de défense. Le coût a donc entièrement reposé sur l’accusation. La défense n’a pas appelé un seul témoin. Les avocats de Manson n’ont pas jugé utile de faire subir un contre-interrogatoire aux témoins de l’accusation, et le juge a empêché Manson de le faire lui-même – alors que Manson avait demandé à se représenter lui-même. Comparez donc avec le procès d’O.J. Simpson, où la majeure partie des dépenses a été effectuée par la défense. Simpson avait engagé certains des avocats les plus onéreux du pays, parmi eux Alan Dershowitz, F. Lee Bailey, et Robert Shapiro. Il a dépensé environ 6 millions de dollars pour assembler son équipe de huit avocats. Mais Manson n’a pas été autorisé à se défendre du tout, que ce soit avec ses avocats ineptes ou par lui-même. Le premier avocat de Manson s’appelait Ronald Hughes. C’est à l’occasion de ce procès qu’il fit sa première apparition devant un tribunal. Il était avocat depuis moins d’un an. Hughes a disparu au cours du procès, puis fut « retrouvé mort » par la suite. On peut supposer que c’est parce qu’il voulait réellement faire son métier, ou qu’il est tombé sur quelques unes des preuves que je vais vous montrer. Ou alors il s’agissait d’une fausse mort de plus, ajoutée au scénario pour diaboliser un peu plus les hippies. Les médias ont laissé entendre que la Famille de Manson l’avait éliminé, mais pourquoi auraient-ils supprimé la seule personne qui était de leur côté ? On sait que Hughes a protesté de manière véhémente lorsque le juge a refusé de laisser Van Houten témoigner que Manson n’avait rien à voir avec les meurtres. Si Hughes a vraiment été tué, l’accusation avait beaucoup plus de raisons de s’en débarrasser.

       Bien qu’il se fût agi du procès le plus onéreux de l’histoire du système judiciaire américain, aucun changement de salle d’audience n’a été autorisé en dehors de Los Angeles. Aucun ajournement n’a été accordé. Malgré cela, le procureur a été autorisé à ajouter au dossier des magazines et des articles de journaux, comme le magazine LIFE. Ces articles portaient des titres tels que « Les meurtres de la Famille Manson ». Notez qu’ils ne parlaient pas des meurtres supposés de la Famille Manson. Le juge autorisait l’ajout de pièces qui avaient déjà décidé de la culpabilité des accusés !

       Il n’y avait aucune véritable preuve contre Manson, et l’accusation a même admis qu’il n’était pas présent sur les scènes des meurtres, et qu’il n’y avait pas participé. Il a été condamné pour les avoir planifiés, pas pour les avoir commis. Il a été condamné uniquement sur la base des témoignages des meurtriers supposés, qui se sont retournés contre lui sous la pression de l’état. Ces témoignages provenaient de jeunes filles qui avaient pris tellement de drogues qu’elles arrivaient à peine à parler. Il est reconnu que les principaux témoins de l’accusation avaient pris au moins 300 doses d’acide chacune au cours de leur brève existence ; elles avaient donc la cervelle cramée. Le témoin principal était Linda Kasabian qui, bien que n’ayant pas non plus participé activement aux meurtres, a tout de même été inculpée pour sept meurtres, ce dans le but de la terroriser. Elle a reçu l’immunité en échange de son témoignage. Susan Atkins était un autre témoin principal. Il lui a été offert l’immunité contre la peine de mort en échange de son témoignage contre Manson. Mais après avoir commencé à charger Manson, Atkins a repris ses esprits et est revenue sur son témoignage initial. Kasabian a quant à elle montré de nombreux signes qu’elle était coachée par l’état, et qu’elle était visiblement en train de répéter une histoire qui lui avait été fournie.

       Il y a aussi le problème des 25 empreintes digitales non identifiées trouvées à la maison de Sharon Tate. Dans n’importe quelle enquête normale, ça serait impossible. Au vu de la durée de l’enquête et du nombre de personnes interrogées (tous ceux qui se sont rendus aux fêtes données dans la maison les deux années précédentes, par exemple), il est inconcevable qu’autant d’empreintes digitales restent non identifiées. Ceux qui tiraient les ficelles ont commis une erreur en laissant la police communiquer sur toutes ces empreintes digitales, car cela montre que l’accès à la scène du crime n’était pas limité aux seuls enquêteurs « officiels ». On a là une indication évidente de la présence d’une équipe invisible de la CIA ou du FBI, présente sur les lieux pour mettre en scène et photographier ces faux meurtres. Certains avocats de Manson ont évoqué ce problème, mais ils n’en tirent bien entendu pas les mêmes conclusions que moi. Ils font remarquer qu’il y a un très grand nombre d’empreintes digitales, et que ce fait doit donc amener à s’interroger sur l’identité des véritables assassins (ils le font surtout dans le procès de Krenwinkel), mais ils ne semblent pas avoir correctement interprété ces indices – ce qui les aurait amené sur la piste des véritables personnes à qui appartenaient ces empreintes.

       Pour couronner le tout, le président Nixon a déclaré que Manson était coupable en plein milieu du procès.

    Nixon

       Le jury a vu ce gros titre lorsque Manson a montré le journal au tribunal. Malgré ça, il n’y eut toujours pas d’annulation du procès. Le juge a demandé aux jurés si cette manchette les avait influencés. Ils ont répondu qu’ils n’avaient pas été influencés. Je suppose que si Jésus était apparu sur un buisson ardent en pleine salle d’audience en disant que Manson était coupable, il n’y aurait toujours pas eu d’annulation du procès. Tous les jurés auraient pu passer sur le Merv Griffin Show pour y raconter ce qui se disait au procès et ce qu’ils en pensaient. Mais s’ils promettaient au juge qu’ils sentaient toujours aussi purs après l’avoir fait, il n’y aurait pas eu d’annulation du procès.

       Souvenez-vous qu’en plus de ce titre de journal, le juge a accepté comme pièces à conviction des articles de magazines comme LIFE ou autres, et ce même si ces articles avaient déjà jugé Manson et les autres accusés coupables, en se fondant sur des ragots et des rumeurs. Alors pourquoi faire tout un foin de cette déclaration de Nixon ? Pour rester logique avec lui-même, le juge aurait dû prendre le journal des mains de Manson, et l’ajouter au dossier comme « pièce à conviction ».

       Pour vous convaincre un peu plus que les procès de Manson et Atkins étaient une farce, lisez donc cet article en date du 7 septembre 1970. On y apprend que deux avocats de la défense avaient passé plusieurs nuits en prison pour outrage pendant les procès, et qu’un troisième (Hughes) était si pauvre qu’il n’avait pas de quoi s’acheter un costume pour plaider au tribunal. Il a dû emprunter une veste à un journaliste. L’article relate également que l’ambiance durant les procès, qui aurait dû être au minimum morose, était au contraire enjouée et que les rires fusaient de toutes parts. Les personnes présentes aux audiences se rendaient bien compte à quel point toute cette affaire n’était qu’une comédie.

       Nous pouvons voir un aspect de cette mascarade dans cette interview donnée par Bugliosi. Celui-ci nous dit qu’on a refusé à Manson son droit à l’habeas corpus parce qu’il n’était pas pro per (ou pro se) au moment de sa demande. Ce qui signifie que Manson n’avait pas le droit de faire une demande à la cour parce qu’il ne se représentait pas lui-même. Bugliosi nous dit que c’était à l’avocat de Manson de faire une demande à la cour, car Manson n’avait pas de statut devant le tribunal. C’est totalement faux : n’importe qui peut faire une demande d’habeas corpus auprès d’un juge. Tout prisonnier est automatiquement habilité à faire une demande d’habeas corpus, et ça n’a rien à voir avec le fait que vous soyez représenté par un avocat ou pas. En droit commun anglais, l’habeas corpus est aussi appelé le « great writ » [ndt : le grand acte juridique], et il a la force d’une décision de justice. Il ne peut être ignoré par un juge, ni écarté au profit d’un point de procédure tel que pro per. Le fait de voir Bugliosi nous dire sans sourciller qu’un juge a écarté l’habeas corpus en se fondant sur pro per est la preuve d’une corruption inouïe. Dans n’importe quel autre procès, cela aurait été le signe d’une corruption qui dépasse l’imagination, mais dans le cadre du procès de Manson, ce n’était qu’un incident parmi d’autres.

       Souvenez-vous qu’une personne accusée de meurtre qui ne peut s’offrir les services d’un avocat s’en voit un commis d’office. Donc si un juge pouvait refuser l’habeas corpus à tous ceux qui ont déjà un avocat, personne ne pourrait jamais invoquer l’habeas corpus. C’est ce qui est arrivé à Manson. Lorsque sa demande personnelle a été rejetée, son avocat a-t-il été autorisé à faire une demande d’habeas corpus à sa place ? Apparemment pas. Vous n’avez droit qu’à un seul essai, d’après le grand Bugliosi. Une fois que vous vous êtes faits avoir sur un détail de procédure, votre avocat est définitivement muselé.

       À la fin du procès, Manson a été autorisé à faire une déclaration, mais on a fait sortir le jury de la salle d’audience. Il s’agissait d’empêcher Manson d’impliquer les autres prévenus, et la cour s’est appuyée sur l’affaire People vs. Aranda pour justifier sa décision. Mais il s’agissait là d’une décision absurde, puisque les autres prévenus avaient impliqué Manson durant des semaines. Sa condamnation a uniquement été fondée sur les témoignages des autres prévenus. Le procès a été une parodie de justice dès le premier jour. Bugliosi a non seulement été autorisé à forcer la main de Manson et des autres, mais il a aussi pu monter une histoire pour la presse. Son livre Helter Skelter [8] est considéré comme une référence, même s’il ne s’agit que d’une œuvre de fiction. On peut supposer que c’est la CIA qui lui a fourni le scénario de cette histoire.

       Dans une interview incroyable donnée juste après le verdict, Bugliosi souligne lui-même les problèmes qui pourraient justifier un appel. Il mentionne l’énorme publicité donnée avant le procès, qui a forcément influencé l’ensemble du jury (comme c’était l’objectif). Il mentionne la disparition de Hughes, l’avocat de Manson. Il mentionne la déclaration de Nixon reprise en une de la presse. Et il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg. Mais la question qu’il convient de se poser dans ce contexte est pourquoi le procureur général donnerait-il publiquement des conseils à la défense pour qu’elle puisse faire appel ? Il est clair que ceux qui tiraient les ficelles de ces événements souhaitaient qu’ils restent le plus longtemps possible en une des journaux. L’accusation voulait que le plus de prévenus possible fassent appel. C’est un fait sans précédent, mais il permet de comprendre la déclaration de Nixon. Il ne s’agissait pas d’une déclaration improvisée ; Nixon lisait ses fiches à ce moment-là. Cette déclaration était préparée à l’avance. Personne ne semble avoir compris pourquoi il avait fait ça. Pourquoi le président voudrait-il affaiblir l’accusation d’une manière aussi spectaculaire ? Nixon était lui-même avocat. Il savait parfaitement ce qu’il faisait. Il savait que cette déclaration allait avoir une influence extraordinaire, qu’elle ferait les gros titres des journaux, et qu’elle impacterait le procès. Pourquoi l’a-t-il donc faite ? Parce qu’il savait que le verdict était couru d’avance, et qu’il n’y avait aucune chance pour que Manson finisse par gagner. Mais Nixon, tout comme Bugliosi, souhaitait voir autant d’appels que possible, ce qui permettrait de prolonger la présence de cette histoire en une des journaux et à la télévision. Il s’avère que cette affaire est toujours médiatisée 43 ans après.

       Les procès en appel furent tout aussi absurdes que les premiers procès. Aucun autre procès n’a jamais été aussi monumentalement entaché d’irrégularités que les premiers procès de Manson et des membres de sa « Famille ». Il y avait littéralement des milliers de points sur lesquels la défense pouvait s’appuyer pour faire appel, et tous ceux qui ont suivi ces procès s’attendaient à ce que la cour d’appel annule les condamnations, ou à ce qu’elle renvoie les prévenus en assises pour un nouveau procès. Confirmer les premiers jugements revenait à reconnaître que le système judiciaire américain était fini. Je pense que même Bugliosi s’attendait à une décision de ce type, et qu’il espérait ainsi pouvoir épater la galerie pendant une année supplémentaire. Mais ce n’est pas ce qu’il s’est passé. J’imagine que le gouvernement a estimé qu’il avait déjà tiré tout ce qu’il pouvait de cette histoire. À ce moment-là (1975-76), Nixon avait démissionné, Hoover était décédé, et la guerre du Viêt Nam était terminée. On peut trouver l’intégralité de l’arrêt de la cour d’appel sur law.justia.com, et je vous recommande de l’étudier si le droit vous intéresse. Cette décision de la cour d’appel est peut-être encore plus malhonnête que le premier jugement, puisqu’elle a été rendue par des juges censés connaître la loi, et non par un jury. On peut s’attendre à ce que des avocats fassent fi de la logique et que des jurés soient ignorants, mais le spectacle d’une telle corruption venant de juges d’appel est extrêmement déconcertant. Tant que les juges sont honnêtes, les avocats et les jurés peuvent être maintenus dans le droit chemin. Mais si les juges sont corrompus, alors tout le système s’effondre. Et c’est bien ce qui s’est passé : cet arrêt a sonné le glas du système jurisprudentiel anglais. À partir de ce moment, les tribunaux – comme tout le reste – seront contrôlés par le renseignement militaire.

       Je vais citer l’exemple le plus grave de cette corruption. La cour d’appel a admis que le procureur en chef Bugliosi avait rencontré Manson en privé à de nombreuses reprises, ce sans le consentement de l’avocat de Manson, Kanarek. La cour d’appel a admis qu’il s’agissait là d’une violation « grave » des Miranda Rights de Manson.[Ndt : le droit à garder le silence] Elle a admis que cela constituait une violation par Bugliosi des règles de conduite professionnelle, en allant jusqu’à citer la clause spécifique : Bus. & Prof. Code, § 6076. Mais la cour d’appel a choisi – mystérieusement et sans explication – de ne prendre aucune décision sur tous ces points. Elle n’a ni annulé les condamnations, ni renvoyé Manson devant un tribunal pour y être rejugé, ni envoyé Bugliosi devant une instance disciplinaire.

       J’ai choisi de citer cet exemple de corruption plutôt qu’une centaine d’autres, parce qu’il donne du crédit à mon hypothèse, en ce sens qu’il montre que Bugliosi a pu discuter du scénario avec Manson. Si le procès est entièrement scénarisé et contrôlé, alors il faut que les deux parties puissent comparer leurs notes et élaborer des plans ensemble. Aucune pièce de théâtre n’est entièrement improvisée : les acteurs ont besoin d’être guidés en permanence, pour éviter les erreurs et les problèmes de communication. Mais au cours d’un procès, les circonstances peuvent faire qu’un acteur comme Manson peut se retrouver totalement isolé, et donc dans l’incapacité de connaître les modifications dans le scénario. Voilà pourquoi les entretiens privés avec Bugliosi étaient nécessaires.

     

     

    Partie 3 : la Famille

       Étudions à présent le scénario de Bugliosi d’un peu plus près. Posez-vous cette question : les ex-taulards clochardisés d’1 m 53 tels que Manson ont-ils « un don pour attirer les adolescentes rebelles » ? En ont-ils un de nos jours ? Et en 1969 ? Non. Ce qui attire les jeunes filles, ce sont l’argent et la célébrité, et Manson n’avait (ou n’aurait dû avoir) ni l’un ni l’autre. On découvre en étudiant l’histoire récente que les adolescentes rebelles ont tendance à être attirées vers divers programmes de lavage de cerveau dirigés – d’une façon ou d’une autre – par le gouvernement. Et ce n’est pas tant que ces filles sont attirées par ce type de programmes, mais plutôt qu’elles ne peuvent y échapper. Ces programmes sont comme un vortex dont ne peuvent s’extraire les jeunes gens impressionnables.

       D’après la journaliste d’Associated Press Linda Deutsch, qui a participé à une émission spéciale d’A&E intitulée The Manson Girls, le truc de Manson « était qu’il recrutait des filles à la fois très jeunes et très impressionnables, à une période de leurs vies où elles avaient des problèmes d’identité, et où elles ne savaient pas comment s’intégrer dans la société. » Mais il s’agit là encore d’une manœuvre de diversion. C’est en effet un bon truc, mais ce n’était pas celui utilisé par Manson. C’était le truc des militaires et de la communauté du renseignement, qui a recruté ses propres enfants dans le cadre de cette affaire montée de toutes pièces. Puisque ces enfants étaient leurs propres enfants, ils étaient doublement impressionnables. Ils voulaient faire plaisir à leurs parents. Ces actrices, tels que Sharon Tate, Lynette Fromme et Susan Atkins, n’étaient pas les plus rebelles de leur génération, elles étaient au contraire les moins rebelles. C’étaient de petites filles à papa, qui ont fait leur part du boulot pour protéger l’Amérique contre les cocos et les activistes opposés à la guerre.

    Manson Family

       Ci-dessus, la Famille Manson. Ils ont l’air vraiment dangereux, pas vrai? Au moins aussi dangereux que les membres de The Brady Bunch.[Ndt : une série télévisée familiale du début des années soixante-dix]

       Nous devrions aussi rappeler que Manson entretenait des liens avec les victimes avant les meurtres. Ce point est le plus souvent ignoré de la version standard, selon laquelle Manson pensait que Terry Melcher vivait au 10050 Cielo Drive.[Ndt : l’adresse de Sharon Tate et Roman Polanski dans le Benedict Canyon] Les meurtres nous sont donc présentés comme étant survenus presque par hasard. Il y a cependant ce témoignage de Layne Wooten, qui affirme avoir vu Manson en juillet 1969 dans le Topananga Canyon, installé dans une Ferrari rouge en compagnie d’une femme portant un foulard sur la tête.[9] On nous a raconté que cette Ferrari appartenait à Dennis Wilson, le membre des Beach Boys, mais ceci n’a jamais été confirmé. On sait en revanche que Sharon Tate en possédait une. Elle a été retrouvée devant un salon de beauté peu après les meurtres. Et c’est probablement Abigail Folger qui se trouvait assise aux côtés de Manson. Ils étaient tous deux liés via l’institut Esalen, puisqu’ils y ont été vus au cours des mois précédents. La Himalayan Foundation (une autre couverture de la CIA) est un autre lien entre eux : Folger lui a versé de l’argent, et Manson y a passé quelques temps. Folger a aussi participé à des levées de fonds montées par sa mère en faveur de la clinique d’Haight-Ashbury à San Francisco, au moment où des membres féminins de la Famille Manson y recevaient un « traitement ». Il existe donc non seulement des liens entre Folger et Manson, mais aussi entre elle et les filles de la Famille. Il s’agit d’ailleurs probablement du lieu où les filles ont été auditionnées et briefées pour le futur film sur Sharon Tate.

       Cette clinique d’Haight-Ashbury s’avère être un énorme signal d’alerte, puisqu’il se trouve que David Smith et Roger Smith dirigeaient cet établissement en 1968. David Smith est un personnage à la fois sombre et bien connu, recouvert de signes montrant ses liens avec la CIA. On notera que sa date de naissance n’est pas indiquée par Wikipedia, et qu’il ne semble pas avoir eu de vie avant 1967, la date de la création de la clinique. On essaie de nous faire croire qu’il a fondé la clinique à l’âge de 28 ans, alors qu’il venait de sortir de la faculté de médecine. Mais une biographie qui est désormais épurée lui donnait trente-deux ans au moment de la création de la clinique.[10] Il suffit de savoir que Manson a été libéré de prison le 21 mars 1967, et que la clinique a ouvert ses portes le 7 juin 1967. Manson a quitté la prison de Terminal Island à San Pedro (eh oui, San Pedro, la ville où vivait la famille Tate depuis 1962) puis a immédiatement demandé la permission de pouvoir se rendre à San Francisco. À la fin du mois d’avril, il vivait à Haight-Ashbury. L’été 1967 a vu la prolifération du LSD dans les rues, ainsi que l’apparition du STP et du PCP, dont personne n’avait jamais entendu parler auparavant. Comme par hasard, l’épicentre de cette explosion de drogues se trouvait à Haight-Ashbury. Pourquoi la formule du STP a-t-elle été largement distribuée au sein de la communauté scientifique par la DOW Chemical Company, pourquoi pouvait-on trouver cette drogue de synthèse dans la rue à bas prix, et pourquoi a-t-elle fait son apparition à Haight-Ashbury en 1967 ? On pourrait poser les mêmes questions en ce qui concerne le PCP. Pourquoi ce tranquillisant pour animaux, jusqu’alors distribué par Parke-Davis, s’est-il soudainement retrouvé dans les rues, vendu à bas prix, et pourquoi ce phénomène a-t-il là encore débuté à Haight-Ashbury ? Si vous pensez que les hippies sont soudainement devenus des experts en chimie et qu’ils se sont mis à concocter ces substances eux-mêmes, c’est que vous n’avez jamais rencontré de véritable hippie. Des documents aujourd’hui déclassifiés montrent que les jeunes gens de Berkeley servaient de rats de laboratoire pour des programmes gouvernementaux centrés sur la drogue, et que celle-ci était fournie par des laboratoires d’universités ou directement par le gouvernement (voir le c.v. du dr. Wayne O. Evans, par exemple). Pour d’autres exemples plus récents, vous pouvez vous intéresser à la façon dont le crack et la cocaïne ont été introduits en Californie au début des années 80 par la CIA, avec cette fois les noirs et les hispaniques comme cibles (cf. Gary Webb, Dark Alliance).

       On passera rapidement sur Roger Smith : tout ce qu’il convient de savoir est qu’il était l’agent de probation de Manson en 1967 avant de « mettre en place un programme de conseils sur le traitement des addictions à la drogue en relation avec la clinique d’Haight-Ashbury ».[11] Sûrement une coïncidence, pas vrai ? Non, pas vraiment. Dans son livre, Ed Sanders l’appelle d’abord Roger Smith, puis dr. Roger Smith à la page suivante. Les agents de probation sont rarement docteurs en médecine. Roger Smith a-t-il fait huit ans d’études de médecine, avant de devenir interne entre 1967 et 1968 ? Non, Roger Smith était le référent de Manson pour la CIA, pas son agent de probation. Après que Manson se soit vu assigner son nouveau rôle, Roger Smith est allé à la clinique de Haight-Ashbury, qui n’est rien d’autre qu’une couverture de la CIA. Curieusement, Roger Smith a aussi recueilli le bébé de Manson, Pooh Bear, en tant que famille d’accueil suite à l’arrestation de sa mère, Mary Brunner, à Mendecino en juin 1968. Les référents de la CIA peuvent faire ce genre de choses. Pas les agents de probation.

       Je tiens à souligner que je ne sous-entends pas que Manson ou quelqu’un d’autre était sous contrôle mental. Les drogues d’Haight-Ashbury étaient avant tout une attaque directe contre l’esprit des hippies, mais il ne s’agissait pas de contrôle mental. Ces drogues sont des tranquillisants, des inhibiteurs ou des substances qui sèment la confusion dans l’esprit de leurs consommateurs. La théorie du Candidat Mandchou est une diversion de plus, tout du moins dans cette affaire. Je ne nie pas l’existence de MK-ULTRA, ou que ce programme était centré sur le contrôle mental, mais dans le cas des meurtres supposés de Tate et des Kennedy, les théories sur le contrôle mental sont du même tonneau que celles sur le satanisme. Ce sont des pistes bidons, créées pour vous tromper. Si ces meurtres ont été simulés, et que tous les acteurs étaient des agents stipendiés, alors personne n’avait besoin d’être sous contrôle mental. Voici pourquoi le gouvernement voit d’un bon œil les théories sur le contrôle mental ou le satanisme : ces théories incluent toujours de véritables meurtres et de véritables cadavres ; l’histoire qu’il a concoctée est donc toujours intacte. Vous êtes autorisés à théoriser tant que vous voulez sur ces sujets, en compagnie de Mae Brussel et des autres. La seule théorie que vous n’êtes pas autorisés à explorer est celle qui est correcte : les meurtres ont été simulés.

       Bien entendu, je ne suis pas cette théorie parce que je penserais que la CIA répugnerait au meurtre. Je suppose que ces agences gouvernementales sont prêtes à tout pour maintenir leur hégémonie, à la fois sur le territoire national et à l’étranger. Et, bien que je n’ai pas enquêté à fond sur chaque meurtre en lien avec l’affaire Manson, il est possible que certaines personnes aient effectivement pu mourir dans le cadre du tournage de ce film. Je me contente simplement d’analyser les éléments que j’ai pu trouver, et ils m’indiquent que les meurtres principaux de cette affaire ont été simulés. J’ai tout d’abord réalisé que Sharon Tate n’a jamais été assassinée, et je vais bientôt vous le prouver. Ceci m’a amené à réaliser que les morts de Sebring, Frykowski et Folger avaient elles aussi été simulées. Ce qui signifie que l’opération était prévue pour n’être qu’une simple arnaque, sans aucun décès. Mais il semble qu’elle ait quelque peu échappé au contrôle de ses auteurs. Certaines personnes ont dû être éliminées ou – plus probablement – relocalisées pour maintenir la fiction. Cet essai n’explorera pas ces cas ; je laisse à d’autres chercheurs le soin de faire la lumière sur ces affaires connexes.

       Mais revenons à la clinique d’Haight-Ashbury. Il est peu probable que la famille Folger n’était pas au courant de la véritable nature de cette clinique. La mère d’Abigail, la richissime Inez Folger, y était bénévole sous Roger Smith. C’est elle qui a aidé la clinique à recevoir des financements de la Bothin Foundation et du Merrill Trust, ce dernier apparaissant sur la liste des paravents de la CIA. Ce qui signifie qu’elle faisait elle aussi partie de la CIA, ou tout du moins qu’elle était favorable à leurs opérations anti-hippies. Je trouve intéressant que le livre d’Ed Sanders, The Family, est souvent cité par les théoriciens du complot, mais que même leurs citations ont été partiellement reformatées. Cette citation que j’ai utilisée précédemment sur Abigail Folger qui avait assisté à une levée de fonds en faveur de la clinique peut se trouver sur de nombreux sites internets. Mais il s’agit d’une citation tronquée. J’ai lu la première édition de The Family, et devinez qui d’autre était présent ? Paul et Doris Tate. Qui d’autre encore ? La Famille Manson.[Ndt: la première édition du livre The Family a été retirée de la vente par décision de justice, suite à une action en diffamation intentée par la Process Church]

       Le fait que George Shibley ait rendu visite à Manson juste avant sa libération en 1967 est une indication de plus que ce dernier était pris en charge depuis le début. Shibley était l’un des avocats les plus célèbres de Californie à cette époque. Ce serait un peu comme si Alan Dershowitz [ndt : une vedette du barreau américain] rendait visite à un maquereau ou à un voleur de voitures dans une prison du New Jersey pour arranger sa libération conditionnelle. Pourquoi Shibley s’est-il occupé de Manson gratuitement ? Manson a ensuite manqué tous ses entretiens de 1967 et 1968 concernant sa libération conditionnelle, a été arrêté pour possession de marijuana en mai 1968 et pour permis de conduire contrefait en avril 1968 (la fameuse arrestation d'Oxnard). Il a encore été arrêté pour viol, le 4 juin 1969. Bien que n’importe laquelle de ces infractions aurait dû lui valoir un retour en prison, il a toujours réussi à s’en sortir. Je suppose que nous sommes censés croire que la police de Californie était impressionnée par sa barbe et ses faux airs de Jésus.

       On nous dit que plusieurs membres de la Famille ont été arrêtés en avril 1969.[12] Van Houten, Rowe et Watson ont tous été arrêtés au cours de ce mois, mais ils ont, eux aussi, réussi à s’en sortir. Les filles ont été arrêtées pour vol de voitures et Watson pour consommation de drogue, mais ils ont tous été gentiment ramenés au ranch. On avait besoin d’eux pour les événements à venir.

       Mais revenons à la Ferrari rouge : même au cas où elle appartenait à Dennis Wilson et non à Sharon Tate, nous voyons que Manson se retrouve associé à des gens qu’il n’aurait jamais dû rencontrer. Si Manson n’était pas un pigeon de la CIA ou de la DIA, comment aurait-il pu entretenir ce type de relations ? Il était censé être un ex-escroc paumé, sans travail ni perspectives. Esalen n’est pas gratuit, et les gens riches et célèbres de Los Angeles ne se baladaient pas dans leurs voitures de luxe pour ramasser des clochards et passer du bon temps avec eux. Ils ne le font pas aujourd’hui, et ils ne le faisaient pas à l’époque. On nous dit que Manson avait réussi à s’introduire grâce à la vente de drogues ou au porno, et ces deux hypothèses sont possibles. Mais il en existe une troisième, beaucoup plus probable, sachant ce que nous savons à présent : le ticket d’entrée de Manson dans la jet-set lui avait été fourni par les agences gouvernementales clandestines qui se servaient de lui. Le propre père de Sharon Tate participait à ce type d’opérations clandestines, nous avons donc là un lien évident. Folger était un autre lien, et il semble qu’elle ait été utilisée comme agent de liaison pour ce qui touchait au financement. Comme nous allons le voir, il n’est pas surprenant que Tate, Folger, Manson, Atkins et Watson se connaissaient tous : ils travaillaient tous sur le même plateau !

       D’après Paul Watkins et de nombreuses autres sources, Manson n’était jamais à court d’argent, malgré toutes les filles, tous les bébés et toutes les voitures dont il devait s’occuper. On raconte qu’il nageait dans l’argent. D’où venait tout cet argent ? La plupart des gens supposent qu’il venait de la prostitution et de la vente de drogue, mais il apparaît à présent que Manson a été financé d’une façon plus directe et moins compromettante : il était approvisionné par ses référents gouvernementaux. Souvenez-vous que la vente de drogue et le proxénétisme auraient dû être des activités très dangereuses pour Manson. Il était en libération conditionnelle. Il était surveillé. Et il était constamment en pleine lumière. Se balader dans un bus de ramassage scolaire rempli de jeunes filles mineures n’est pas le meilleur moyen d’éviter d’attirer l’attention de la police, surtout lorsque nombre de ces jeunes filles sont issues de familles fortunées. La fille de treize ans d’Angela Lansbury était l’une des Manson girls, et elle voyageait avec une note précisant que tout était parfaitement normal. D’autres filles n’étaient pas des fugueuses, elles étaient tout simplement prêtées par des familles républicaines ou appartenant à la CIA. Vous pensez que tout ceci aurait été autorisé si Manson obligeait ces filles à se prostituer ? Non, la seule façon pour que tout ceci ait pu être autorisé était que toutes les personnes impliquées savaient qu’il s’agissait d’une mise en scène. La Famille était composée de divers agents gouvernementaux, donc ces filles n’auraient pas été plus en sécurité si elles s’étaient retrouvées dans un couvent.

       Même si l’histoire officielle nous dit que Manson couchait tous les jours avec ces filles, qu’il était une bête de sexe insatiable et constamment en érection, et qu’il a engrossé des centaines de filles, la vérité est qu’il n’y a eu que très peu de grossesses dans la Famille, et qu’une seule grossesse peut être attribuée avec certitude à Manson.[13] Et ce bien qu’on nous ait raconté que la Famille n’autorisait pas les mesures contraceptives. Il est évident qu’il y a là une contradiction. Le « Magical Mystery Tour Bus » [ndt : le nom donné au bus de la Famille] de Manson n’était pas une partouze roulante, c’était une unité mobile de la CIA, remplie d’agents mâles et femelles déguisés. Si vous en doutez, rappelez-vous de la couleur choisie par ces hippies pour repeindre ce bus de ramassage scolaire : ils l’ont repeint EN NOIR, jusqu’aux fenêtres. Pensez-vous honnêtement que de véritables hippies – qui aiment le soleil, les arbres, les paysages et le grand air – auraient repeint les fenêtres en noir ? Non, c’est un truc d’espions. Ils doivent toujours voyager dans des voitures noires avec des vitres teintées. Mais comme je l’ai déjà dit, ces filles étaient aussi en sécurité que si elles avaient été dans la maison de George Clooney.[Ndt : allusion à l’homosexualité supposée de Clooney]

       Revenons à présent à Manson et Folger. Manson a été vu à la maison de Polanski bien avant les meurtres supposés, et ce même selon l’histoire officielle. On nous dit qu’il s’y est rendu en mars 1969, pour y trouver Terry Melcher lors d’un dîner. On nous dit que Manson y a discuté avec le photographe Hatami. Mais puisque Sebring et Frykowski étaient eux aussi présents, pourquoi aucun des deux n’est allé parler à Manson ? Frykowski avait déjà quasiment emménagé dans la maison, et Sebring y était en permanence. Pourquoi Hatami a-t-il pris l’initiative d’aller parler à un visiteur ? Ceci a tout l’air d’une histoire inventée. Hatami a sans doute vu Manson ce jour-là, mais le reste ressemble à une histoire inventée pour cacher la vérité. De plus, l’histoire officielle se contredit elle-même : si on avait dit en mars à Manson que Melcher ne vivait pas ici, alors il aurait dû le savoir en août. On nous dit pourtant qu’il l’ignorait. C’est soit l’un, soit l’autre. Je suggère la possibilité que ce ne soit aucune des deux propositions : Manson ne pensait pas que Melcher vivait chez Polanski en août, et il ne le pensait pas non plus en mars. Il s’y est rendu en mars pour discuter du prochain film, et il n’était pas au courant qu’il y avait un dîner entre amis. Les scénaristes ont donc été contraints d’inventer une histoire à la hâte, au moins pour ne pas compromettre Hatami.

       La faculté d’El Camino à Torrance est un autre signal d’alerte que personne ne semble avoir remarqué. Plusieurs de nos protagonistes y sont passés, parmi eux Squeaky Fromme, Brian Wilson, Al Jardine et Frank Zappa. El Camino est connu à la fois pour sa filière cinéma, et pour sa filière de médecine légale. Mais le plus gros indice quant à la véritable nature d’El Camino réside dans sa date de création, en 1947. Ça vous rappelle quelque chose ? La date de création de la CIA, encore une fois. Cette date apparaît en permanence. Il semble que la totalité de San Pedro, et une bonne partie de Torrance et du Laurel Canyon étaient des communautés du renseignement. De nombreuses maisons appartenaient à la CIA, et étaient louées à divers espions ou à des personnes en mission. Terry Melcher et Sharon Tate avaient tous deux des liens avec le renseignement,[14] ce qui signifie que la maison du 10050 Cielo était une maison de la CIA depuis le début. Cette maison avait probablement des liens avec Lookout Mountain depuis des décennies. Un autre indice tient dans le fait que la maison du 10050 Cielo a été la première maison visitée par Tate et Polanski. Combien de jeunes couples richissimes achètent la première maison qu’ils visitent ?

       Charlene Cafritz, une autre personnalité richissime qui finançait Manson et sa Famille, mérite elle aussi qu’on s’y attarde. Cafritz était une amie de Sharon Tate et Terry Melcher,[15] et est donc un lien évident entre Manson et Tate. Et les liens entre Cafritz et Melcher renforcent nos soupçons que ce dernier travaillait pour la CIA. Puisqu’on sait que Tate avait des liens avec le renseignement militaire, on peut supposer que c’était également le cas pour Cafritz. Et une recherche même rapide confirme les nombreuses relations de Cafritz avec le renseignement militaire. La Cafritz Foundation est la fondation la plus importante de Washington D.C., et la DIA (Defense Intelligence Agency) a une partie de ses bureaux dans un bâtiment lui appartenant.

    Cafritz

       Cette photo provient du site de la DIA. Elle est accompagnée de la légende : « Deux secrétaires travaillant sur des dossiers de films de contrôles aérien au DIA Cafritz Building, dans les années soixante. » Cette légende renvoie à cet essai de deux façons : tout d’abord en nous donnant un lien avec Cafritz, puis en nous donnant un autre lien avec les films. Ce deuxième lien sera encore plus apparent par la suite, donc gardez-le bien à l’esprit.

       Le nom de jeune fille de Charlene Cafritz était Lawley, et sa mère était Lucille Lawley. Lucille avait travaillé pour le département d’état durant trente années, de Roosevelt jusqu’à Nixon. Elle a, entre autres, été directrice du cabinet du secrétaire d’état Dean Rusk, qui était fréquemment la cible des manifestations opposées à la guerre au Viêt Nam. Sachant cela, il est assez aisé de comprendre que l’histoire communément admise de Charlene Lawley Carfitz est une manœuvre de diversion de plus. La DIA et le département d’état ont ajouté Cafritz au casting du film sur Tate et Manson, et son rôle était tout simplement de les alimenter en argent. Comme pour d’autres acteurs de cette histoire, elle a été retirée du paysage, et d’une manière assez radicale, en simulant sa mort. Le problème est qu’on ne trouve pas son certificat de décès sur les registres de la sécurité sociale, et qu’il n’existe aucune preuve qu’elle soit bien morte. Toute mention la concernant a non seulement été supprimée des biographies sur les Cafritz, mais ces biographies ont elles-mêmes été épurées. Voir les biographies de Morris et Gwen Cafritz, des mondains très riches et très célèbres dans les années soixante/soixante-dix ; on n’y trouve aucune information intéressante. Je ne suis pas le premier chercheur à envisager que la mort de Cafritz ait pu être simulée.

       Avant de passer à la section suivante, il me semble important de revenir sur l’institut Esalen. Pour bien saisir toute l’importance de cette piste, je recommande la lecture du livre de Jeffrey Kripal, dont des extraits sont accessibles gratuitement sur le net. Le fait que Manson ait été vu à l’institut Esalen en 1969 est important, et ce pour deux raisons. Tout d’abord, cela fournit une connexion de plus entre Manson et Folger, comme je l’ai mentionné précédemment. Ensuite, il pourrait s’agir d’une autre source d’approvisionnement en LSD pour les hippies et les Manson girls de moindre importance. Esalen était un centre de « recherche » sur le LSD bien connu dans les années soixante, ce qui établit un lien entre l’institut et la CIA, qui s’est intéressée au LSD dès le début des années cinquante. On a là un indice fort qui tend à montrer que les Manson girls ne prenaient pas du LSD juste pour s’amuser, mais qu’elles en prenaient dans le cadre de leur lavage de cerveau. Notez que je parle de lavage de cerveau, pas de contrôle mental. Même si, comme je vais le démontrer, certains des principaux protagonistes – comme Lynette Fromme et Susan Atkins – étaient des acteurs ou des agents, et ne nécessitaient donc pas qu’on leur lave le cerveau ou qu’ils soient sous contrôle mental, je suppose que la plupart de ceux tenant des rôles mineurs n’étaient pas au courant du plan d’ensemble. Il valait donc mieux maintenir ces gens dans un état d’abrutissement. Dans le contexte de cette partie de l’essai, il est clair que le LSD a été une arme de plus utilisée contre les hippies. À l’époque, de nombreux jeunes gens considéraient le LSD comme une drogue permettant l’expansion de la conscience ; mais ceux qui leur fournissaient cette drogue la considérait uniquement comme une substance inhibant les capacités intellectuelles. Ceux qui éprouvaient des réticences quant à leur participation au film pouvaient être facilement convaincus de jouer n’importe quel rôle, si on leur donnait suffisamment de doses. Ils seraient ensuite si perturbés qu’ils ne sauraient pas ce qui aurait bien pu se passer dans un sens ou dans l’autre. Ceci permet sans doute d’expliquer le comportement de quelqu’un comme Barbara Hoyt.

    Manson Family

       De toute façon, les principaux protagonistes n’étaient ni des hippies, ni des drogués, c’étaient des acteurs. Ils n’avaient pas subi de lavage de cerveau, et ils ne prenaient pas de LSD. Lynette Fromme a gagné des prix au lycée dans les catégories THÉÂTRE, poésie et danse. C’était une fille populaire et appréciée, pas du tout une fille à problèmes. Elle était considérée comme la matriarche de la Famille Manson. Barbara Hoyt l’a décrite comme étant très « maternelle » et « une personne très charmante et aimante. » Elle a grandi à Hollywood (au lycée Redondo Union de Santa Monica), et a été la petite amie de Bill Sidons alors qu’elle était adolescente. Bill Sidons est par la suite devenu le manager de The Doors. Son père était ingénieur en aéronautique, ce qui signifie qu’il travaillait probablement pour l’armée. Il est probable qu’il connaissait Paul Tate, puisqu’ils ont tous deux débuté leurs carrières respectives au même endroit et au même moment. Lynette est née en 1948, ce qui signifie que son père a probablement débuté sa carrière en 1947, année de création de la CIA. Le lien entre Lynette et Bill Siddons est aussi un signal d’alerte, puisque c’est ce dernier qui a organisé les funérailles de Jim Morrison, bien qu’il n’ait jamais vu le corps. Souvenez-vous que le père de Jim Morrison était l’amiral qui commandait les forces américaines lors de la fameuse attaque sous faux drapeau du Golfe du Tonkin, à l’occasion duquel le bâtiment de guerre USS Maddox a lancé un appel radio déclarant qu’il était attaqué, alors que c’était faux. Même les médias dominants – y compris Wikipedia – admettent désormais qu’il s’agissait d’un incident bidon. Ce n’est pas une « théorie du complot ». Cette fausse attaque a servi de justification au Congrès pour passer une résolution autorisant le président Johnson à déclarer la guerre au Nord-Viêt Nam en 1964, sans avoir à attendre une déclaration de guerre en bonne et due forme du Congrès. Les Morrison ne rechignaient pas à falsifier un événement, et ils l’ont fait à de nombreuses reprises, y compris à l’occasion de la mort de Jim. Il ressort de tout ceci que Lynette était une initiée, à la fois à Hollywood et dans l’armée. Comme Sharon Tate, elle a été élevée dès le berceau pour devenir un agent de l’armée. Par la suite, son acte contre Gerald Ford a là aussi été une grosse comédie, puisque, si vous vous en souvenez, son pistolet n’était pas chargé et qu’elle n’a pas coopéré avec ses propres avocats.[Ndt : Lynette Fromme a été condamnée à la prison à vie pour avoir tenté de tirer sur le président Ford en 1975. Elle a bénéficié d’une libération conditionnelle en 2008] Comme nous allons le voir avec Manson, Atkins, Watson, Van Houten et les autres, son incarcération a été simulée dès le début. Sa vie entière n’aura été qu’une comédie.

       Si vous êtes sceptiques, je vous encourage à aller voir cette vidéo tournée bien avant les arrestations, à 36:00.[Ndt : cette vidéo a été effacée par Youtube depuis la rédaction de l’article] Elle et deux amies (voir ci-dessous) portent des armes, sont habillées de divers costumes ridicules et répètent leurs rôles en lisant des fiches. On se croirait devant un extrait de Peter Pan ou de Bonanza, à la différence près que les filles montrent plus leurs jambes. Regardez cette tasse. Nous sommes visiblement sur scène. Je vous invite aussi à noter comment ces filles sont propres et bien lavées. Elles ne ressemblent ni à des hippies ni à des filles faciles. Elles ne ressemblent pas non plus à des filles qui vivraient dans des grottes et qui font les poubelles pour pouvoir se nourrir. C’est pourtant ainsi qu’elles nous ont été présentées. J’ai fréquenté des hippies. Leurs ongles ne sont pas aussi propres. Leurs genoux ne sont pas aussi parfaits. Ils devraient être couverts de bleus et d’éraflures, surtout si elles font en permanence l’amour à l’extérieur, sur le sol et ainsi de suite. Aucune personne regardant attentivement cette vidéo pensera qu’il s’agit là de mauvaises filles se préparant pour mener une guerre raciale. Ces filles ne sont même pas assez dures pour jouer le rôle tenu par Ally Sheedy dans The Breakfast Club. Elles auraient été contraintes d’auditionner pour le rôle de Molly Ringwald.

    Fromme

       Le scénario du film sur Sharon Tate sera par la suite utilisé pour diaboliser le mouvement écologiste, avec en particulier Lynette Fromme, Sandra Good et Charles Manson, tout comme Manson et sa Famille avaient diabolisé le mouvement anti-guerre. C’est ce qui se passe réellement à chaque fois qu’on entend ces gens parler des arbres ou de la Terre, ou quand ils se mettent à menacer les dirigeants de multinationales. Ce sont de bons acteurs encore aujourd’hui, parce qu’ils donnent vraiment l’impression d’être des écologistes authentiques. Ils ne le sont pas. Ils font juste semblant d’être des écologistes, pour que vous pensiez que tous les écologistes ont la même mentalité que Sandra Good ou Squeaky Fromme ou Charles Manson. Ils ont fait le même boulot dans les années soixante-dix et quatre-vingt que celui que fera Ted Kaczynski dans les années quatre-vingt-dix. On voit là comment deux ou trois acteurs fortement médiatisés peuvent discréditer un mouvement dans son ensemble. Cette astuce est désormais constamment utilisée, dans de multiples domaines.[16]

     

     

    Partie 4 : la maison de Tate et Polanski

       Avant d’en venir aux photos les plus importantes, jetons un œil à quelques photos de la maison. On nous dit qu’il s’agit de la maison de Polanski et Tate. Lui était un réalisateur riche et célèbre qui venait d’obtenir un énorme succès avec Rosemary’s Baby, sorti l’année précédente ; elle était une actrice à succès, qui roulait en Ferrari. Polanski possédait lui aussi une Ferrari, et une Rolls Royce Silver Shadow allait lui être livrée en provenance d’Angleterre au cours de cette semaine. On s’attendrait à ce que leur maison soit plutôt chic, n’est-ce pas ?

    Polanski

       C’est censé être la chambre. Un bien joli lit, pas vrai ? Pas de tête de lit, pas de pied de lit, et pas de sommier. Vous voyez comme le lit est bas ? Le matelas repose juste sur une fine couche de mousse. Pas de véritable sommier. On a ensuite les taies d’oreillers qui ne sont pas de la même taille que les oreillers, et une de ces couvertures premier prix en nylon qui sont pleines d’électricité statique et qui valent à peu près deux dollars. Regardez la lampe. Elle vaut au moins cinq dollars. Les cadres des tableaux ont dû être achetés au supermarché du coin. Et la moquette est une moquette premier prix. Est-ce que ça ressemble vraiment à la chambre d’une actrice jeune et célèbre ? Non, ça ressemble plutôt à la chambre d’un étudiant sans le sou et sans aucun goût.

    Polanski

       C’est censé être le salon. Nous le reverrons par la suite. Même s’il n’était pas sens dessus dessous et recouvert de sang, ça serait malgré tout une décharge. On peut voir de meilleures photos du canapé ci-dessous, et on dirait qu’il vient tout droit du jardin d’une maison située dans un coin perdu de l’Alabama. Regardez les posters sur les murs, avec leurs cadres en métal. Là encore, est-ce que cela ressemble à la maison d’un cinéaste riche et célèbre ? Remarquez aussi le drapeau posé sur le canapé ci-dessous, tel qu’il était le jour des meurtres supposés. Pour commencer, il est placé à l’envers, ce qui est un signal de détresse. Mais le fait qu’il soit là serait étrange même s’il n’était pas à l’envers. Est-ce que les cinéastes riches et célèbres achètent des drapeaux pas chers pour en recouvrir leurs canapés ? Est-ce une marque de bon goût ? Non, encore une fois c’est la marque des ploucs. Roman Polanski n’était pas un plouc. Et il n’était pas américain.

    Salon

       Regardez ce canapé. Non seulement c’est un canapé premier prix, mais en plus il est dégoûtant. Demandez-vous encore une fois: « Est-ce là le genre de canapé qu’on peut s’attendre à voir dans la maison d’un cinéaste riche et célèbre ? » Non, c’est le genre de canapé que vous mettez dans une pièce dont vous savez qu’elle va être aspergée de sang de cochon.

       C’est l’extérieur de la maison :

    Cielo

       Diriez-vous que cela concorde avec les photos de l’intérieur que vous venez de voir ? Voici à quoi ressemblait l’intérieur dans les années quarante :

    Salon

       Ceci ressemble à l’intérieur d’une maison appartenant à une personne aisée, avec des murs de pierre, des plafonds hauts et un mobilier chic. Voici à quoi il ressemblait en 1969 :

    Salon

       Une décharge, avec un mobilier vulgaire et pas cher. Encore une fois, voici l’extérieur :

    Cielo Tate

       Regardez comme la porte est large. C’est une fille chic dans une maison chic. Regardez à présent l’intérieur, le jour des meurtres :

    Salon

       Où veux-je en venir ? Ce que je veux dire est qu’ils ont remplacé les véritables meubles par des vieilleries premier prix, pour que le véritable mobilier ne soit pas aspergé de sang de cochon au cours des faux meurtres. Pour réfuter cette assertion, on nous a montré cette photo, dont on nous a dit qu’elle avait été prise plusieurs mois avant les meurtres.

    Polanski

       Mais cette photo n’est pas datée. Elle pourrait avoir été prise le jour précédent les meurtres. Elle pourrait aussi être manipulée, nous l’ignorons. Nous verrons ci-dessous que de nombreuses photos de ce type ont été trafiquées, et je vais vous montrer qu’une des photos ci-dessus l’a très certainement été. Revenons à celle-ci :

    Polanski

       C’est censé être le jour suivant les meurtres, je suppose, puisqu’il y a toujours du sang un peu partout. Mais Polanski a vieilli d’environ vingt ans. Il a l’air d’avoir la cinquantaine. Comparez sa tête ici avec sa tête sur la photo précédente. Regardez son implantation capillaire. Ses cheveux ont-ils reculé au cours de la nuit ? Cette photo est un montage. La lumière qu’il reçoit n’est pas la même que sur le reste de la photo. Regardez sa chemise. Pourquoi le haut du canapé ne bloque-t-il pas la lumière venant des fenêtres ?

       Pour faire une comparaison, voici une autre pièce de la maison :

    Salon

       L’image de gauche est beaucoup plus convaincante, n’est-ce pas? La moquette a l’air neuve, propre et chère, les meubles ont du style, et les tableaux accrochés aux murs ont l’air de véritables tableaux, plutôt que de posters à deux dollars achetés dans un bric-à-brac. Alors pourquoi la pièce principale de la même maison, sur la photo de droite, a l’air d’avoir été meublée par des trolls ?

       Voici quelque chose d’intéressant :

    Salon

       On veut attirer votre attention sur les taches de sang, mais regardez plutôt l’écart entre le mur et la moquette. La moquette n’est pas de la même longueur que la pièce. On dirait qu’elle vient d’être déroulée sur le parquet en bois. Pourquoi est-ce important ? Parce que c’est clairement une moquette temporaire. Elle peut être facilement enlevée et enroulée. Voilà qui est bien pratique. Si vous vous demandiez encore pourquoi cette moquette avait l’air si minable et miteux, voici pourquoi : elle a été posée spécifiquement pour tourner ces scènes sanglantes, puis retirée et brûlée.

    Salon

       C’est l’entrée donnant sur le salon. On peut encore voir la moquette temporaire et l’écart de 15 centimètres au bord. La moquette est encore plus sale et miteuse que celle que nous avons vue dans la chambre. Ces malles sont arrivées la veille en provenance de Londres. On nous dit qu’elles contenaient les affaires de Tate. C’est curieux, à la fois en ce qui concerne le contenu des malles et le moment de leur arrivée. Ce timing semble être un signal indiquant que l’action peut désormais commencer : « Tout est prêt, on peut y aller pour de bon dès demain ! » Je veux dire par là que maintenant que toutes les affaires de Sharon sont arrivées, plus rien ne les retient d’agir. Ils avaient besoin de ses affaires, parce qu’elle va rejoindre sa cachette d’ici deux jours. Une fois qu’elle aura quitté le plateau, elle devra s’envoler pour la Jamaïque ou pour le Brésil. Certaines de ses affaires préférées étaient toujours à Londres, et on ne pouvait pas la laisser partir sans ses vêtements d’hiver favoris. Elle pourrait avoir à disparaître pendant deux années, voire plus.

       Pour soutenir cette théorie, nous savons que Tate et Polanski étaient à Rio de Janeiro, au Brésil, en avril 1969, pour un festival cinématographique. Ils ont visité la Jamaïque sur le chemin du retour, et on nous dit que Polanski y a perdu son passeport. Ils auraient très facilement pu chercher des lieux de retraite pendant ce séjour.

       Vous allez dire : « mais si cette théorie est exacte, pourquoi ne pas avoir envoyé les malles directement au Brésil ? » Tout d’abord parce que la destination finale n’avait pas encore été décidée. Ils savaient qu’elle devait partir pour l’Amérique du Sud, mais ce n’était pas obligatoirement à Rio ou à Sao Paulo, ou même en Jamaïque. Elle pouvait partir n’importe où. À Recife ou Belem, voire même aux Îles du Salut. Polanski a toujours parlé parfaitement le français, étant né à Paris. Ensuite, parce qu’une fille aime toujours tout avoir en face d’elle quand elle prépare ses valises. Inutile de tout envoyer, il suffit d’envoyer les malles à L.A., où elle pourra choisir ce dont elle aura besoin.

       Il semble cependant que la Jamaïque pourrait avoir été la première étape pour Sharon après son départ de Los Angeles. Pourquoi ? Eh bien, nous savons que Polanski et John Phillips se sont rendus en Jamaïque après les meurtres, ostensiblement pour « poursuivre leur enquête sur la drogue et le vaudou ». Mais comme Sharon et Roman s’étaient déjà arrêtés en Jamaïque en avril, on peut raisonnablement supposer que Polanski n’y est pas allé pour enquêter sur le vaudou. Il y était très probablement pour voir si Sharon allait bien. Si la police de L.A. avait réellement mené une enquête sérieuse sur les « meurtres », elle aurait suivi Polanski jusqu’en Jamaïque. Puisqu’elle ne l’a pas fait, on peut supposer qu’elle s’est contentée de suivre les ordres du FBI ou de la CIA.

       Mais revenons aux malles et au top-départ pour l’opération. Souvenez-vous qu’ils essayaient également de décrédibiliser, ou de préempter, le festival de Woodstock, qui devait se tenir la semaine suivante. Ils souhaitaient de plus profiter de la vague de terreur générée par les horribles meurtres au couteau de deux jeunes filles qui avaient eu lieu la semaine précédente (le 2 août) à San Jose. La fenêtre de tir était donc relativement réduite. Dès que les malles sont arrivées, le feu vert a été donné. Vous direz « mais les malles étaient pleines ! » Et alors ? Sharon enlève les vêtements qu’elle souhaite emmener, et y jette ceux dont elle ne veut plus. C’était amplement suffisant pour couvrir ses traces.

    Pigs

       Voici un autre indice laissé par quelqu’un qui n’était pas enchanté par toute cette comédie. On nous dit qu’il s’agit d’une référence à la police, que les hippies appelaient pigs.[Ndt : cochons] Mais sachant ce que nous savons, on comprend qu’il ne s’agit pas de ça du tout. Puisqu’on a affaire à du faux sang, et qu’on se sert en général de sang de cochon lorsqu’on souhaite avoir du sang qui a l’air de vrai sang, on comprend que cette inscription nous dit quel type de sang a été utilisé. Du sang de cochon. Pig.

       Bien entendu, le mot Pig a eu une double utilité, puisqu’il a également lié la maison de Tate à la maison de Hinman, dont le meurtre a constitué une sorte de prologue au film principal. Mais dans les deux cas, le mot Pig a été utilisé parce que les jeunes filles n’aimaient pas avoir du sang de cochon sur les mains. Ce n’est que par la suite que les scénaristes ont pensé à le lier à la police. Ce n’est qu’ensuite que les scénaristes ont pensé à établir ces connexions entre Helter Skelter, le mot Pig et l’album blanc des Beatles.[Ndt : Helter Skelter est le titre d’une chanson de l’album blanc, qui a été joué lors du procès ; ce terme avait aussi été inscrit sur la scène du meurtre de Labianca]

       Vous direz : « Peut-être, mais ça n’explique pas le ‘‘Death to Pigs’’ retrouvé dans la maison de Labianca. » Je ne peux développer toute cette affaire dans cet essai, mais il apparaît que les meurtres de Labianca ont bien eu lieu et qu’ils ont été copiés sur ceux de la maison de Tate. Souvenez-vous qu’ils ont eu lieu le lendemain des meurtres du 10050 Cielo, après que ceux-ci aient déjà été décrits dans les journaux, y compris les mots écrits avec du sang. En d’autres termes ceux qui ont tué les Labianca avaient connaissance du sang et du mot Pig écrit sur la porte de la maison de Polanski. Ils ont eux aussi écrit avec du sang sur les murs, pour couvrir leurs traces et pour embrouiller la police. Les meurtres des Labianca étaient dus à la mafia, et non seulement cette dernière mais aussi le FBI étaient bien contents de pouvoir faire porter le chapeau à la Famille Manson. La police de Los Angeles en est d’ailleurs très vite arrivée à cette conclusion que les meurtres des Labianca étaient le fait de copieurs. Ils avaient raison, mais on peut supposer que le FBI a ensuite pris l’enquête en charge, et l’a amenée à la conclusion désirée.

       Encore une fois, tout ceci n’est qu’un tour de chauffe. Avant d’en venir aux photos les plus importantes, attardons-nous sur d’autres indices. Certains diront: « Mais il n’y a aucune indication que Tate était vivante après les meurtres. Quelqu’un l’aurait vue, pas vrai ? »

    Tate alive
    « Sharon Tate est vivante - une amie proche l'a vue au Brésil avec Polanski »

       Ce journal est daté du mois de juin 1970. Vous remarquerez que l’amie proche n’a pas seulement vu quelqu’un qui ressemblait à Tate. Elle a vu Tate avec Polanski. Vous pensez qu’il y a beaucoup de couples qui ressemblent à Tate et Polanski au Brésil? Bien sûr, le Bulletin était une feuille de chou à scandales, un peu dans le style du National Enquirer de nos jours. Vous direz qu’ils ont tout inventé. Peut-être, peut-être pas. Toutes les histoires de l’Enquirer ne sont pas fausses, et celles du Bulletin ne l’étaient pas non plus. Tout comme Hustler aujourd’hui, le Bulletin pouvait publier des histoires que personne d’autre n’osait aborder. Si cette histoire est fausse, nous savons en tout cas qu’elle était fondée sur une part de vérité.

    Christopher Jones

       C’est Christopher Jones. C’était un acteur en pleine ascension en 1969, qui travaillait à l’époque sur le film romantique de David Lean La fille de Ryan, dans lequel il tenait l’un des rôles principaux. En 2007, Jones, alors âgé de 66 ans, a donné une interview explosive au Daily Mail, dans laquelle il affirmait non seulement avoir eu une longue liaison avec Sharon Tate, alors qu’elle était enceinte, mais aussi qu’ils étaient amoureux l’un de l’autre. Ce n’était pas juste une passade, d’après lui. Tout ceci est déjà assez étrange, mais les choses deviennent encore plus étranges par la suite. Après que Jones eût terminé le tournage de La fille de Ryan en 1970, il a abandonné pour de bon sa carrière d’acteur et a emménagé... roulements de tambours... au 10050 Cielo Drive. La maison de Sharon Tate. Cette information ne provient pas du Bulletin, mais des médias conventionnels, y compris Wikipedia. On nous dit qu’il a habité dans la maison du gardien, derrière la maison principale, mais c’est peut-être encore plus bizarre. Quoi qu’il en soit, il vivait sur la propriété.

       Les sceptiques diront qu’il mentait à propos de la liaison, et que le fait qu’il vivait au 10050 Cielo Drive n’était qu’une coïncidence. Mais nous savons que des témoins les ont aperçus ensemble, Tate et lui, à Rome en 1969. Qu’ils aient couché ensemble ou qu’ils aient réellement été amoureux est une autre question, mais c’est déjà suffisant pour avancer. Même chose pour son passage au 10050 Cielo Drive. Ça ne peut pas être une coïncidence : les chances pour qu’il ait loué par hasard la maison de gardien sont au-delà de l’astronomique. Il y a clairement emménagé pour une raison, et cette raison était en lien avec Sharon Tate. Oui, il était peut-être amoureux de Tate, et peut-être qu’il est allé là-bas pour se lamenter sur son décès. Ou peut-être qu’il y était pour poursuivre la liaison. Ce qui voudrait dire que Sharon était déjà de retour dans son ancienne maison en 1970. Certaines personnes pensent qu’il est difficile de simuler des morts et de cacher des gens. Mais c’est en fait incroyablement aisé, et tout ceci le prouve. Pas besoin d’envoyer Sharon en Terre de Feu. Tout ce dont on a besoin, c’est d’une perruque noire et d’une nouvelle voiture. Personne n’a reconnu Sharon quand elle est passée sur Beverly Hillbillies avec une perruque noire : alors pourquoi la reconnaîtrait-on dans la vie de tous les jours avec la même perruque ? Les gens qui travaillaient sur le plateau de Ma sorcière bien-aimée n’ont pas reconnu Elizabeth Montgomery quand elle est venue avec une perruque noire pour jouer le rôle de Serena. Eh oui, les gens qui travaillaient tous les jours avec elle se sont faits avoir par une perruque noire, et un assistant du réalisateur, qui ne l’avait pas non plus reconnue, l’a même draguée. Cela vous donne une idée des dons de physionomistes de la plupart des gens.

       Au cours d’une interview, on a demandé à Jones pourquoi il racontait tout cela maintenant. Il a répondu : « En partie pour voir si Dieu va me foudroyer sur place pour en avoir parlé. » Dieu, ou la CIA ?

       Une autre étoile montante de l’époque, Iain Quarrier, a lui aussi abandonné le métier d’acteur après les meurtres. Il est intéressant de noter qu’il avait joué dans Le bal des vampires avec Tate et Polanski, il était donc un véritable initié. Il avait aussi participé au film Cul-de-sac de Polanski. On nous explique sa décision par le fait qu’il aurait été trop secoué par les meurtres, mais d’autres raisons nous viennent à l’esprit. Il a pu aller se cacher avec eux, pour faire partie de leur entourage. Ou il a pu parler à tort et à travers : on l’a éjecté de la profession pour l’obliger à garder le silence. Comme c’est le cas avec quelques autres, il a quasiment été effacé des tablettes. On ne trouve pas de biographie le concernant sur internet, et seulement quelques images ici ou là. On le voit ici avec Tate, Mia Farrow, Peter Sellers, et Donyale Luna :

    Tate Farrow Sellers

       Dans la même veine, il conviendrait de mentionner un troisième homme, l’éditorialiste Steven Brandt, spécialisé dans les potins hollywoodiens. On nous dit qu’il a fait une overdose de barbituriques après les meurtres. Mais est-ce bien le cas ? Il était lui aussi un ami de Tate, et en tant que tel, on a pu juger nécessaire de le réduire au silence. Ou alors il peut s’agir d’une mort simulée de plus, et il serait alors parti vivre au Brésil avec ses riches amis.

     

     

    Partie 5: Lookout Mountain

       Commençons cette section avec des photos truquées de Sharon Tate :

    Sharon Tate

       Pourquoi sa jambe droite est-elle exactement identique sur les deux photos ? Voyez la lumière sur le genou. Exactement la même. Une de ces photos est trafiquée, et est reprise sur l’autre. C’est celle avec le chien. Pourquoi une blonde qui se tient en plein soleil aurait-elle ses cheveux qui vireraient au noir ? L’autre photo a l’air vraie, puisque l’éclairage est consistant. Mais la première photo est censée avoir été prise le même jour, au même moment et au même endroit. Elle porte les mêmes vêtements, devant la même barrière. Pourquoi l’éclairage est-il totalement différent ? On me dira que le soleil a fait son apparition. Mais est-ce que le soleil change votre couleur de cheveux, et les fait devenir noirs ? Pas chez moi. Je n’ai pas immédiatement compris pourquoi il fallait truquer la photo avec le chien, mais je me rendais bien compte qu’elle l’avait été. Même le chien est faux. Il y a une vidéo sur Youtube, où on la voit en train de laver un gros chien, et ce petit chien y est lui aussi. Mais ses poils sont marrons clairs sur sa tête, pas noirs.

       Je n’ai découvert que plus tard la raison de ce trucage. C’est l’arrière-plan qu’il fallait changer. Comme vous pouvez le voir, l’arrière-plan de la photo de gauche a l’air un peu étrange, surtout quand on le compare à celui de la photo de droite. Pourquoi a-t-il fallu modifier cet arrière-plan ? Eh bien, peu de personnes le savent, mais juste après la petite vallée située derrière Sharon se trouve une grande colline du nom de Lookout Mountain. Il y a tout d’abord le Franklin Canyon, puis un petit quartier, puis Lookout Mountain, puis le Laurel Canyon Boulevard. Jusqu’en 1969, il y avait sur cette colline une base secrète de l’Air Force, nommée Lookout Mountain Air Force Station. Là encore, ce n’est pas une théorie du complot, vous pouvez le voir sur Wikipedia. D’après leur article, la base est désormais une propriété privée. Vous ne trouvez pas curieux qu’on nous dise que la base a été fermée en 1969 ? Devinez quelle était la spécialité de cette base ? Wikipedia nous dit qu’elle était spécialisée dans la fabrication de films :

       Le studio était composé de deux plateaux complets, de deux salles de projection, d’une piste d’atterrissage pour hélicoptères, d’un abri anti-bombe et de 17 salles de stockage des bobines avec air conditionné, ainsi que de deux garages souterrains. Doté d’un équipement dernier cri, le studio pouvait traiter des films en 16 ou 35 mm, ainsi que l’impression optique et la photographie. En plus des employés de l’armée, le studio employait du personnel appartenant à des studios prestigieux. Du personnel civil de Warner Brothers, de Metro Goldwyn Mayer et de RKO Pictures y occupait des postes tels que producteurs, cameramans et réalisateurs. Peter G. Kuran a travaillé à Lookout Mountain avant de se lancer dans une carrière à succès dans les effets spéciaux et comme réalisateur. Kuran a parfois intégré dans ses travaux des extraits de films sur les essais atomiques développés à Lookout Mountain.

       « Effets spéciaux ». Intéressant. Notez particulièrement le nom de ce dernier studio. Je vous ai dit précédemment que Joseph Kennedy était le propriétaire de RKO. Ce fait pourrait éventuellement être un indice d’importance dans le cadre de cet essai, mais il le sera sans aucun doute dans un essai à paraître.

       Lookout Mountain a produit plus de 19 000 films, soit plus que tous les autres studios hollywoodiens réunis. Des stars telles que John Ford, Jimmy Stewart, Howard Hawks, Ronald Reagan, Bing Crosby, Walt Disney et Marilyn Monroe ont reçu l’autorisation de travailler sur les lieux, sur des projets inconnus. L'existence du complexe n'a pas été révélée avant les années quatre-vingt-dix, ce qui tend à réfuter le cliché selon lequel on ne peut garder secret un projet de cette envergure. Quasiment personne n'en a entendu parler, même de nos jours.

       Je voulais attirer votre attention sur le nom en gras ci-dessus : Ronald Reagan. L’homme qui avait été un acteur à Lookout Mountain était gouverneur de Californie en 1969. Ce n’est pas une coïncidence.

       Lookout Mountain peut être vu comme l’importation de la machine de propagande de Goebbels aux États-Unis, à ceci près que Lookout Mountain est parvenue à rester dans l’ombre. Il ne s’agit pas d’une analogie tirée par les cheveux, puisqu’au moment de la construction de la base de Lookout Mountain, les États-Unis organisaient l’importation sur le sol américain de milliers d’authentiques nazis dans le cadre de l’opération Bloodstone.[Ndt : il s’agit en fait de l’opération Paperclip] Tout comme l’opération Gladio utilisait d’anciens nazis dans la nouvelle lutte contre le communisme, les États-Unis se sont servis d’« anciens » nazis dans la lutte contre le communisme sur le territoire national. John Loftus l’a admis dans une interview donnée à 60 Minutes en 1982, et le GAO (Government Accounting Office) a fourni un rapport au Congrès en 1985 qui le confirmait. Ceci malgré le fait que la CIA avait constamment menti au GAO depuis le début. Deux des principaux nazis ramenés par les États-Unis étaient Walter Becher et le baron von Bolschwing, sur lesquels je vous invite à vous renseigner.

       Il est étrange qu’on ne voit pas de colline derrière Sharon dans l’image de gauche. On regarde en direction de Burbank et Universal City, Lookout Mountain devrait donc se trouver en arrière-plan. Je soupçonne que Lookout Mountain a servi de centre opérationnel pour les meurtres de Manson, et qu’on pouvait voir la base directement depuis la maison, en se servant d’un télescope. Pour éviter que quelqu’un ne puisse explorer cette piste, il a été décidé de retoucher la photo de gauche, en modifiant l’arrière-plan. Un des dommages collatéraux de cette manipulation a été que les têtes de Sharon et du chien sont devenues noires; probablement une erreur de contraste.

       Vous trouverez peut-être intéressant que les télescopes faisaient partie de l’histoire officielle. D’après cette dernière, Manson aurait volé un télescope dans la maison de Terry Melcher à Malibu. Ed Sanders écrit que : « C’était le télescope de Doris Day, que la Famille utilisait pour surveiller les raids des Black Panthers depuis les collines de Santa Susanna. » Mais bien sûr, Ed. Même si cette histoire est peu vraisemblable, elle nous permet tout de même de garder à l’esprit que les télescopes pouvaient être utilisés pour coordonner et vérifier des événements qui se déroulaient dans ces quartiers vallonnés, à une époque où les téléphones portables n’existaient pas.

    Cielo Drive

       C’est la devanture de la maison de Cielo vue depuis l’est. La maison de Tate n’est pas tout à fait au sommet de la colline, mais presque. Nous voyons le jardin où se trouvait Sharon avec son chien. Il y a un autre jardin très étroit derrière la maison, mais on ne voit que la colline. C’est la vue qu’on aurait depuis Lookout Mountain. Notez qu’aucune barrière ou haie ne bloque la vue, même depuis l’endroit d’où a été prise cette photo. Il est possible de voir la porte d’entrée et les fenêtres.

    Cielo Drive

       Voici la colline telle qu’on la voit depuis la route en contrebas. Vous pouvez voir qu’il s’agit d’une colline bien en évidence, visible depuis toutes les autres collines alentour. C’est l’endroit parfait pour y placer quelqu’un sur lequel on veut garder un œil. On peut voir les voitures arriver sans avoir à quitter son bureau.

       La base de Lookout Mountain a-t-elle réellement fermé ses portes en 1969 ? Il n’y a donc plus eu de films de propagande ? S’ils ne sont plus au Laurel Canyon, où sont-ils allés ? Ils n’ont plus eu besoin de Lookout Mountain après 1969, mais pas parce qu’il n’y a plus eu de propagande. Non, ils n’ont plus eu besoin de ce studio secret parce qu’ à cette époque ils avaient achevé leur prise de contrôle des studios traditionnels. Après 1970, il n’y eut plus de séparation entre les films « secrets » de propagande et les films traditionnels. C’était bonnet blanc et blanc bonnet. Ce qui était à l’origine limité au Laurel Canyon s’est par la suite propagé à l’ensemble de la ville de Los Angeles. Le renseignement militaire s’est emparé de toute la ville, et ce sont les événements autour de Sharon Tate qui ont marqué le point final de cette prise de contrôle. Une grande partie des films sortis depuis 1970 ont été de la propagande, d’une façon ou d’une autre, y compris ceux qui ont pour principal objectif de faire de l’argent. Il n’y a plus aucune séparation entre la CIA et Hollywood. Hollywood n’est plus qu’une sous-division de la CIA et du renseignement militaire. C’est en fait le cas de l’industrie du divertissement dans son ensemble, y compris la musique, la télévision, l’art, le cinéma, et la majeure partie de l’internet. Voici ce qu’est réellement la Matrice : une fausse réalité créée par des scénaristes globaux, et non pas un rêve artificiel fabriqué par des robots.

       Ce qui nous amène à un autre signal d’alerte dans la Matrice. Ed Sanders admet que la police avait transmis tellement d’informations à la presse dans les heures suivant les meurtres que :

       ils vidaient la liste des « questions clés » du détecteur de mensonges, qui ont trait à des informations sur les meurtres que seuls les tueurs auraient pu connaître, et qui permettent d’interroger l’assassin sur les faits liés au meurtre. Si les faits sont publiés dans la presse, ils ne servent plus à rien dans cette optique.[17]

       Ce qui était tout à fait contraire aux règles de la police, ainsi qu’aux procédures suivies à l’occasion d’une enquête criminelle, comme Sanders le montre clairement. Les faits ayant trait à de vrais meurtres ne sont pas intégralement publiés dans la presse, pour un ensemble de raisons, dont celle évoquée par Sanders. Une autre de ces raisons est d’empêcher d’autres assassins de copier les meurtres, comme nous l’avons vu le jour suivant à la maison des Labianca, où les meurtriers ont copié des éléments du meurtre de Tate pour brouiller les pistes. Donc pourquoi la police a-t-elle transmis des informations à la presse dans le cas qui nous intéresse ? Parce que la « police » était soit aux ordres du FBI, ou qu’il s’agissait en fait d’agents se faisant passer pour des policiers. Ce sont ceux qui dirigeaient cette opération qui ont fourni des informations à la presse, pas la police de Los Angeles. Le fait de donner le plus de publicité aux meurtres était un élément essentiel de toute cette opération, et c’est pourquoi ils ont publié le plus d’informations possible, pour générer le plus de confusion et de peur possible. Cette opération reposait entièrement sur son aspect narratif ; l’histoire devait donc être décrite dans son intégralité dès les premières heures. La scène de crime trafiquée était le seul élément concret de toute l’affaire, donc la priorité devait concerner l’aspect narratif. Ils ne se sont pas inquiétés outre mesure de mettre l’enquête en péril, puisqu’il était évident qu’il n’y aurait pas de véritable enquête. Il n’y avait pas de véritables crimes, ni de vrais meurtriers, ni de vraies victimes, la priorité était donc l’aspect narratif dès le 9 août. Couvrir leurs traces était la seconde priorité. Apparemment, les problèmes de cohérence et de continuité étaient tout en bas de leur liste, puisqu’ils avaient très peu de respect pour l’intelligence du public. Leurs expériences passées leur ont montré qu’il n’était pas nécessaire de faire un travail soigné : tant qu’ils contrôleraient la presse, ils pourraient vendre n’importe quelle histoire, et ce quel que soit son degré d’incohérence ou d’absurdité. C’est l’expérience qu’ils avaient tirée de la commission Warren.

       Nous savons également que l’enquête à été réassignée le premier jour, dès midi, passant de la section de police de L.A. West à la section criminelle. Ce qui a eu pour résultat d’annuler les trois premières heures de travail de la police. Une équipe entièrement nouvelle est arrivée dans l’après-midi.

       Un autre signal d’alarme est la fameuse boîte 65, une boîte renfermant des pièces à conviction supposément trouvées au domicile de Folger et Frykowski par les enquêteurs. La rumeur s’est répandue qu’elle contenait de nombreuses photos érotiques de l’élite d’Hollywood. Personne n’a demandé pourquoi ni comment Folger et Frykowski auraient pu se retrouver en possession de telles photos, mais la rumeur a apparemment suffi à réduire beaucoup de monde au silence. Même si ces photos n’ont en fait jamais existé, ce brillant ajout à l’histoire principale a permis de réduire les possibilités d’action d’un grand nombre de personnes qui étaient déjà sous contrôle.

       Un signal d’alerte de plus :

       La police a ensuite garé une fourgonnette au domicile de Polanski, qu’elle a remplie d’objets qu’elle a emmenés au quartier général du SID pour les examiner. Quelques jours plus tard, ils ont bien entendu ramené la plupart de ces objets, qu’ils ont remis dans leur position originale pour tenter de recréer la scène du crime avant qu’elle ne soit ainsi perturbée.[18]

       Là encore, c’est illogique, sans précédent, et totalement à l’encontre de la procédure. La seule raison qui pourrait expliquer cette action est qu’ils voulaient supprimer des preuves inopportunes de la scène du crime, et y ajouter d’autres « preuves », en profitant du chaos provoqué par le déménagement et le retour des pièces à conviction.

       Et encore un signal d’alarme, sur la même page que celle citée précédemment : les lunettes trouvées près du pantalon bleu furent confiées à Paul Tate, « qui les a gardées pendant deux semaines en tentant de retrouver leur propriétaire, qui aurait été un suspect de premier plan ».[19] Ça doit être une plaisanterie. Personne n’a trouvé cela étrange ? Est-il d’usage courant de donner ou de prêter des pièces à conviction à un membre de la famille d’une des victimes au cours d’une enquête de police ? Bien sûr que non. C’est une preuve de plus que le renseignement militaire avait non seulement accès à la scène du crime, mais aussi aux pièces à conviction qui s’y trouvaient. Au cas où quelque chose ne collait pas, Paul Tate était là pour y remédier.

       Et un autre signal d’alerte : bien que ceux qui contrôlaient cette histoire la dévoilaient chapitre par chapitre à la presse, lorsque vint le moment d’envoyer un rapport au State Bureau of Criminal Identification and Investigation [ndt : une autorité locale chargée de coordonner les différents départements de police au sein d’un état], la police de Los Angeles se contenta d’envoyer un rapport d’homicide de trois lignes, ce qui remplissait à peine les contraintes légales pour la rédaction d’un tel rapport. Il s’agit simplement d’une indication concernant l’identité des véritables managers de cette opérations : seule une agence fédérale pourrait afficher ouvertement un tel mépris pour une agence locale.

       Et encore un autre signal d’alerte : lors de la descente de police du 16 août au Spahn’s Ranch (une semaine après les meurtres), ils ont emmené une équipe de tournage avec eux. Est-ce dans les habitudes de la police d’emmener une équipe de tournage quand elle fait une descente ? Non. Les mandats de perquisition utilisés ce jour-là étaient datés du 13 août, mais puisque ceux qui se faisaient filmer étaient dans la combine, ce n’était pas bien grave. Qui allait faire un procès ? Même si Bugliosi, Sanders et d’autres nous racontent que Manson se préparait fébrilement à quitter les lieux pour partir dans le désert le 17 août, il était à portée de main pour l’arrestation du 16, ce qui était bien pratique. Il apparaît dans la plupart des photos, bien au centre, avec le panneau « Spahn’s Movie Ranch » bien en vue dans le champ.

    Manson Spahn

       Je ne vais pas m’attarder en détails sur cette descente, mais Ed Sanders nous donne l’indice le plus important :

       Les uniformes de certains officiers n’étaient clairement pas réglementaires sur les photos de la descente ; ils portaient un mélange hétéroclite de treillis des Marines et d’uniformes de shérifs.[20]

       Nous pouvons le voir sur les photos ci-dessus : les policiers portent les mêmes casques, mais les chemises, les pantalons et les chaussures sont différents.

    Manson Spahn

       Sur celle-ci, nous avons au moins quatre uniformes différents, y compris le type avec le pantalon blanc qui ne porte même pas d’uniforme. Et là, nous avons un type avec des bottes de combat et un pantalon de parachutiste :

    Manson Spahn

       Ed Sanders a aussi souligné cette bizarrerie :

    Manson Spahn

       Voyez ce type avec le « Sheriff » cousu dans le dos. Les uniformes de shérif ne ressemblaient pas à ça. On dirait que les CHiPs sont là [ndt : la California Highway Patrol, la police de la route], eux aussi :

    Manson Spahn

       Tout le monde voulait participer au film ! Bien que les policiers aient trouvé des armes volées, des voitures volées, des cartes de crédit volées, des montagnes de drogues, des filles mineures, et une centaine d’autres choses, tout le monde s’en est tiré, encore une fois, soi-disant pour « manque de preuves ». Manson a une nouvelle fois été arrêté, toujours au même endroit, pour consommation de drogue, fornication, et attentat à la pudeur. Il s’en est encore tiré. C’était trop tôt. Les autorités voulaient que l’histoire enfle encore un peu, et laisser les habitants de Los Angeles mijoter dans la peur. Apparemment, le FBI a laissé la police locale avoir l’air de se rendre utile, mais ils ne souhaitaient pas passer à l’étape suivante pour le moment. De toute façon, la date de l’arrestation définitive avait déjà été prévue dans le scénario : le 12 octobre, jour de la naissance d’Aleister Crowley. Cette date serait doublement utile : elle permettrait d’ajouter un élément macabre de plus au scénario et de couvrir les traces des barbouzes, comme d’habitude. Les services secrets se sont cachés derrière le paravent du satanisme depuis le 19ème siècle, et la carrière de Crowley a été créée à cette fin. Crowley était lui-même un membre des services secrets, et il a montré à ses successeurs comment se servir du satanisme et de l’occulte comme autant de fausses pistes.

     


    Partie 6 : la « scène du crime »

       Nous pouvons à présent examiner les photos du cadavre de Sharon Tate. Maintenant que vous avez compris que nous avons affaire à un film, vous allez peut-être pouvoir les regarder d’un autre œil. Pour commencer, je vais vous montrer deux versions de la même photo. La première version est celle qui est le plus souvent reproduite sur le web, et elle a effectivement l’air assez horrible. Mais c’est uniquement parce que le contraste en a été très fortement augmenté, et qu’une grande quantité de rouge a été ajoutée. Ces retouches étaient nécessaires, parce que la photo originale n’était ni choquante, ni terrifiante. Elle est au contraire assez rassurante, puisqu’il est assez aisé de s’apercevoir qu’elle n’est pas morte.

       Vous vous souvenez qu’on nous avait raconté que les hippies lui avaient ouvert le ventre, et qu’ils avaient poignardé le bébé, ou même qu’ils l’avaient arraché, puis qu’ils s’étaient servi du sang du bébé pour écrire sur les murs ? Je me souviens l’avoir entendu à la télévision. Ce n’est pas vrai, comme vous pouvez le voir. Nous pouvons voir son ventre sur les photos suivantes, et il n’a pas été touché. On n’y voit même pas de fausses marques de coups de couteau. Pas d’utérus ouvert, pas d’enfant mort, rien de tout ça. Bien sûr tout ceci aurait été très difficile à simuler. Ils pourraient le faire de nos jours en utilisant des effets spéciaux, mais cette technologie n’existait pas à l’époque.

    Sharon Tate

       Ces photos proviennent toutes deux d’internet.[21] Elles sont librement accessibles, et je ne les pas retouchées avec photoshop. Celle de gauche est la plus répandue sur le web, et ce sera probablement la première sur laquelle vous tomberez en effectuant une recherche. C’est celle qu’on veut que vous voyiez. Mais la seconde est également disponible.

       Vous voyez jusqu’où ils ont été obligés d’aller pour que la photo de gauche ait l’air repoussant. Les retouches sont vraiment flagrantes, et ceci devrait être le premier signal d’alerte. Si les photos de la scène du crime avaient vraiment rempli le rôle qu’on souhaitait leur voir remplir, on n’aurait pas eu besoin d’ajouter du rouge à ce point, pas vrai ? Leur problème était évident : elle n’a pas l’air assez mal en point sur la photo de gauche. Elle n’a même pas l’air d’être morte. Elle n’est pas livide, elle sourit, et il n’y a pas du tout assez de sang. On nous dit qu’on est plusieurs heures après les meurtres. Les meurtres sont censés avoir eu lieu aux alentours de minuit, et ces photos ont été prises entre dix et douze heures plus tard. Elle devrait être horrible. Sa peau ne devrait pas avoir autant de couleurs, sa bouche ne devrait pas ressembler à ça, et les blessures sur le torse auraient dû la recouvrir de sang coagulé. Le médecin légiste a prétendu qu’il y avait une lividité cadavérique sur le côté gauche de sa tête, mais nous ne la voyons pas sur cette photo. La lividité cadavérique (ou livor mortis) est un bleu causé par le sang qui s’accumule dans une partie du corps. Elle devrait se trouver sur le côté supérieur, mais elle n’y est pas.

       Nous verrons qu’elle a été trouvée à côté du canapé : pourquoi se trouve-t-elle collée à un mur blanc sur cette photo, et pourquoi a-t-elle été complètement retournée ? On ne change pas les corps de place sur une scène de crime, juste pour pouvoir les photographier sous des angles différents. Si elle est morte, pourquoi a-t-elle besoin d’un oreiller ? Pourquoi sourit-elle ? Ce n’est pas la rigor mortis. La rigor mortis ne vous fait pas sourire de cette façon si naturelle, fluide et charmante. La rigor mortis vous tord les lèvres en une grimace qui n’a rien de naturel. La rigor mortis est encore pire douze heures après le décès. Vérifiez par vous mêmes. Ces photos de la scène du crime ont été prises à peu près à ce moment, la rigor mortis devrait donc être à son point culminant. Et pourtant son visage, sa bouche et ses yeux ont l’air vivant et tout à fait naturel.

       Nous pouvons également étudier les bras pour nous convaincre qu’il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond. Avant qu’elle n’ait été déplacée, elle se trouvait à l’origine contre le canapé, avec le bras droit posé sur la tête. Elle a été retournée sur la photo ci-dessus, et le bras gauche se trouve donc en bas. Mais il ne se trouve plus sur sa tête, comme vous le voyez, il est désormais détaché sur le côté. Dans sa position originale, son biceps était collé à l’oreille. Là, il est détaché de 30 cm. Ça ne pose pas de problème si vous êtes vivant, mais c’est un problème sérieux si vous êtes au point culminant de la rigor mortis. Celui qui l’a déplacée n’aurait pas dû pouvoir lui déplacer le bras de la façon qui lui convenait.

       Nous ne voyons aucun signe de lividité cadavérique non plus, qui culmine elle aussi après douze heures. Mises à part les traces de faux sang, Tate n’a aucun signe de décoloration sur sa peau, que ce soit sur son torse ou sur sa tête. Elle devrait être plus blanche sur la partie haute de son torse, et plus pourpre vers le bas. Puisqu’ils l’ont retournée, elle devrait être plus pourpre aussi sur son côté gauche, ce qui n’est pas le cas ici. Elle n’a pas non plus de pallor mortis,[ndt : pâleur cadavérique qui survient environ quinze minutes après la mort] qui devrait avoir fait son apparition même si la rigor mortis n’est pas encore survenue. Pour résumer, elle n’a aucune des caractéristiques des personnes décédées, et seuls ceux qui n’ont jamais vu de vrais cadavres pourraient croire qu’elle est réellement morte.

    Sharon Tate

       Voici la photo principale. Elle pourrait être quelque peu choquante pour ceux qui ne savent pas qu’il s’agit d’un film. Mais même si le faux sang est un peu dégoûtant, Sharon a en fait l’air d’aller beaucoup trop bien. Sa pose est bien trop souple pour quelqu’un qui serait atteint de rigor mortis. Les cadavres ne prennent pas ce genre de pose langoureuse. Le plus souvent, le bras ou la jambe d’un cadavre posé sur le côté comme ici s’élèvent de façon étrange, comme s’ils flottaient au-dessus du sol. Les cadavres ne prennent pas de poses nonchalantes comme ces deux-là. Et pourquoi la tête de Sebring est-elle recouverte? S’ils ne se gênent pas pour déplacer les corps, on pourrait penser qu’ils auraient au moins pu enlever ce mouchoir – ou autre, pour qu’on puisse l’identifier. Je soupçonne que son visage a été recouvert parce qu’il ne s’agit pas de Sebring. Il devait en avoir assez de rester allongé ici. Ou alors il était incapable de faire bonne figure. Tout comme Tate, il avait tendance à rire et à sourire en permanence, et son sourire était encore pire que celui de Sharon. Il valait mieux le recouvrir d’un voile pudique.

       De plus, vous pouvez voir comme la peau de Tate est encore charmante : pas de pallor, pas de livor, pas de rigor. La plupart des copies de cette photo que vous trouverez sur internet ont été manipulées pour faire en sorte que sa peau ait plus mauvaise apparence.

       Le bras qui brille pose lui aussi problème. J’ai mis un certain temps avant de le remarquer, mais c’est là aussi un signal d’alerte. Vous voyez comme le bras au premier plan est brillant ? C’est parce qu’il est humide. Mais comment le sang pourrait-il être encore humide dix-douze heures après les meurtres ? Il aurait dû être sec depuis longtemps. Vous direz que la photo a dû être prise plus tôt, ce qui explique pourquoi il n’y a trace ni de rigor, ni de livor ni de pallor. Le problème est que ces photos de la scène du crime sont censées avoir été prises par le photographe de la police, qui ne pouvait être présent sur les lieux avant dix heures du matin. Si nous revenons en arrière, à un moment où le sang aurait encore pu être humide, il convient alors de se demander qui aurait bien pu prendre ces photos. Toute photo prise avant dix heures du matin est une preuve qu’il y avait une équipe de tournage présente sur un plateau de tournage.

       Sharon est nue sur certaines photos de son cadavre ; elle ne porte pas de soutien-gorge. On nous dit que celle-ci a été prise sur la table du médecin-légiste.

    Wilson Tate

       Est-ce que ça a l’air d’une photo non retouchée ? Pourquoi le corps est il moins exposé que la tête ? Qu’est-ce qui ne va pas avec son cou ? Il n’est pas assez large comparé à sa tête. Le travail a vraiment été mal fait à l’endroit où j’ai ajouté une flèche rouge. Le cou ne forme jamais d’angle aussi aigu par rapport aux épaules. C’est peut-être bien la plus mauvaise photo truquée que j’aie jamais vue. J’ai du mal à croire qu’elle ait été publiée. Mettons-la à côté de la photo précédente.

    Sharon Tate

       Le premier problème qui saute aux yeux est que la tête est trop étirée sur la photo de gauche. Voyez comme son nez et sa lèvre supérieure sont longs. La mort ne vous étire pas la tête, et elle ne déplace pas vos lèvres et vos yeux. La photo de gauche a été truquée en utilisant celle de droite comme source. Le technicien chargé du trucage a pour une raison ou pour une autre étiré la tête en essayant de la coller sur le corps de la photo de gauche. On peut voir qu’il a aussi pris l’œil de la photo de droite pour le coller sur la photo de gauche. C’est exactement le même, jusqu’aux ombres. Mais il est placé trop en hauteur, ce qui a pour effet d’étirer encore le visage. Les blessures sur le visage sont aussi mal positionnées. Sur la photo de gauche, il y a deux blessures, séparées d’environ 5 cm, avec la blessure inférieure qui démarre à environ 3 cm de la commissure des lèvres. Sur la photo de droite, elle n’a qu’une seule blessure, qui démarre immédiatement à la commissure des lèvres. Le truqueur a également copié les blessures sur le torse, puisqu’il était très important qu’elles soient identiques. Mais il s’est trompé ici aussi. On a aussi l’impression qu’il a copié le corps, se contentant d’enlever le soutien-gorge. La position du torse est identique.

       Et que penser de cette plaque, sur laquelle est écrit R. Wilson ? Qui est R. Wilson ? Le médecin-légiste ? Un Beach Boy inconnu ? Normalement, le médecin-légiste n’appose pas son nom sur les corps. On étiquette les corps avec leur propre nom, pour des raisons évidentes. Nous aurions dû voir une étiquette avec le nom de Sharon Tate, ou Sharon Polanski. De plus, le médecin-légiste qui a pratiqué les autopsies était Thomas Noguchi, pas R. Wilson. Son adjoint s’appelait Stuart. Je suppose que cette plaque n’a pas servi à étiqueter le corps, mais que la personne responsable du trucage de la photo s’en est servie pour couvrir la zone la plus problématique de ce montage. On voit souvent ce genre de choses étranges sur des photos où la tête est collée sur un corps. Puisque la jointure est en général assez visible, le truqueur va y mettre une cravate ou un collier, par exemple. On voit que la plaque remonte très haut, d’une façon assez bizarre. La majeure partie de la jointure a ainsi été recouverte. Mais il aurait aussi fallu recouvrir cet angle trop aigu que j’ai pointé avec la flèche rouge.

       Avant de poursuivre, attardons-nous quelque peu sur Thomas Noguchi. Cela vous intéressera peut-être de savoir que Noguchi a aussi pratiqué les autopsies de Robert Kennedy, Marilyn Monroe, Natalie Wood, William Holden et John Belushi. C’est peu dire qu’il s’agit d’une personnalité suspecte. Un chercheur pourrait écrire un livre entier sur Noguchi et ses impostures. Je n’ai ni le temps ni l’envie de m’en charger, je me contenterai donc de mentionner une chose ou deux. Tout d’abord, on sait que son assistant de l’époque, Donald Angus Stuart, était un imposteur. Il a été arrêté en 1972 pour avoir falsifié son diplôme de médecine, pour pratique illégale de la médecine et faux témoignage. Ce faux témoignage a été prononcé lors d’une procédure disciplinaire menée contre Noguchi devant la Civil Service Commission en 1969. Noguchi avait été licencié par le conseil de surveillance de la commission de Los Angeles le 18 mars 1969, avec un vote de 5-0 en faveur de son renvoi. Noguchi a cependant été réintégré dans ses fonctions par la Civil Service Commission fédérale le 31 juillet 1969, tandis que Stuart a été arrêté bien après. Notez bien cette date. Noguchi a été remis en place une semaine avant les meurtres supposés. Notez également que c’est une agence fédérale qui a réintégré Noguchi, faisant fi du vote de 5-0 par la commission locale.

       Noguchi s’était fait laminer durant les auditions auprès de la commission. On relèvera en particulier ceci :

       Martin Weekes, conseiller-adjoint au comté de Los Angeles, a soutenu [devant la cour] que Noguchi souriait et dansait dans son bureau tout en attendant que Kennedy meure, et qu’il a dit à ses collègues : « Je vais devenir célèbre ! J’espère qu’il va mourir, parce que […] ma réputation sera faite sur le plan international. » Une secrétaire a décrit Nogushi découpant une feuille de papier avec un canif, tout en lui disant qu’il aimerait pratiquer une autopsie sur Lin Hollinger [l’administratrice en chef du comté], alors toujours vivante.

       Hollinger a aussi déclaré dans son témoignage que Noguchi « avait besoin d’un suivi psychiatrique, ses problèmes venant d’une addiction apparente à la drogue. » Et nous avons bien entendu l’article que j’ai mis en lien ci-dessus, dans lequel on apprend que son propre assistant, Stuart, a témoigné que Noguchi était une personne instable [San Francisco Examiner, 3 février 1972]. Voilà l’homme qui a été réinstallé à son poste de médecin-légiste juste une semaine avant les meurtres supposés, soi-disant à cause d’une affaire de harcèlement racial. La Civil Service Commission a remis Noguchi en poste parce qu’elle aurait eu peur de virer un américain d’origine asiatique. Noguchi et ses soutiens avaient choisi comme ligne de défense d'arguer qu’il était remis en cause parce qu’il était asiatique, et ça a marché.

       Malgré la célébrité qu’il a effectivement obtenue, il a tout de même fini par être viré en 1982, et même la Civil Service Commission n’a pas été en mesure de le sauver à ce moment-là. Il avait entre-temps saboté ou falsifié les autopsies de William Holden, Natalie Wood, John Belushi et bien d’autres – nous supposons que dans la plupart des cas il obéissait à des ordres venus d’en haut. Quiconque a mené des recherches sur des meurtres ou des décès médiatiques sait que les médecins-légistes sont embauchés pour soutenir les versions officielles, pas pour pratiquer de véritables autopsies. Le public ne sait que ce que les autorités fédérales veulent bien qu’il sache, ni plus, ni moins. Si la CIA dit à un médecin-légiste de cocher la case du suicide, il coche la case du suicide. Si le FBI lui dit de conclure à une noyade accidentelle, il conclut à une noyade accidentelle. S’il ne le fait pas, c’est lui qui risque de se noyer accidentellement.

       Mais revenons aux fausses photos d’autopsie. En voici une autre, et cette fois la tête est hors champ, ce qui est bien pratique :

    Wilson Tate

       Il y a tellement de problèmes avec cette photo que je ne sais même pas par où commencer. Nous n’avons aucune preuve qu’il s’agit de Sharon, puisque nous ne voyons pas son visage. Ce « cadavre » n’a pas l’air d’être celui d’une femme enceinte de presque neuf mois. Peut-être un début de grossesse, peut-être pas, mais le ventre d’une femme enceinte de plus de huit mois est bien plus gros que celui-là, et Sharon est bien plus grosse que ça sur d’autres photos que nous avons déjà vues. Sharon était censée accoucher le 18 août, neuf jours après le meurtre supposé. Ce qui est incroyable, c’est que ni l’autopsie ni le certificat de décès ne mentionnent la présence d’un fœtus ou d’une grossesse. Il semblerait que Noguchi n’ait pas remarqué que le cadavre qu’il examinait était celui d’une femme enceinte.

    Sharon Tate

       S’il s’agit bien d’un vrai cadavre, ce que nous voyons est probablement dû au gonflement post-mortem de l’abdomen d’un cadavre, pas à une grossesse. Les blessures posent aussi problème, en ce qu’elles ne ressemblent pas à des blessures infligées par un couteau, qui ont d’ordinaire l’aspect d’une fente. Ces blessures ont l’air d’avoir été causées par un fusil. De plus, elles ne concordent pas avec celles visibles sur Sharon lorsqu’elle est étendue près du canapé : on y voyait une grosse entaille au niveau des côtes sur le côté gauche, alors que nous ne voyons que deux petites piqûres à cet endroit sur celle-ci. Les trous causés par un fusil m’amènent à penser que Noguchi a pu se servir de vieilles photographies des meurtres commis par Rufus Wilson quelques années auparavant. La plaque indiquerait alors qu’il s’agit de Mme R. Wilson, qui avait été assassinée à coups de fusil à Los Angeles. Les photos de l’autopsie de Mme R. Wilson devaient se trouver dans les archives du médecin-légiste.

       Il est aussi intéressant de noter que la photo est de très bonne qualité lorsqu’on ne voit pas la tête du cadavre. Mais lorsque la tête du même cadavre est visible, alors la qualité de l’image baisse de 90 %. C’est un signe qui ne trompe pas, et qui indique qu’il y a eu manipulation.

    Wilson Tate

       Pourquoi la qualité est-elle si élevée sur la photo de gauche, et si mauvaise sur celle de droite ? Même jour, même corps, même appareil photo. Que s’est-il passé ? Y a-t-il eu une éclipse totale du soleil ? Ou une comète est-elle passée à proximité ?

    Sharon Tate

       Mais revenons aux photos de Tate prises dans sa maison. En voici une autre, où on la voit près du canapé, sous un angle différent. Là encore, ils ont modifié le contraste et la résolution, pour faire en sorte que la photo ait l’air un peu plus sordide. Il n’y a pas grand chose à en tirer, ce qui était le but recherché. On peut tout de même observer quelques anomalies. Portez votre attention sur le coin supérieur gauche. Il semble qu’il y ait une traînée de sang assez importante, ou peut-être une blessure ouverte. Lorsqu’on observe la même zone sur l’autre photo où nous la voyons près du canapé, il semble qu’il n’y ait qu’une petite coupure avec du sang qui s’en échappe.

    Sharon Tate

       Quoi qu’il en soit, cette blessure est en travers de son ventre et est située à environ 7-15 cm en-dessous de son soutien-gorge. Revenons donc à la photo de bonne qualité.

    Sharon Tate

       Elle a été retournée, la blessure devrait donc commencer au niveau de la corde et remonter le long du ventre. Nous pouvons voir très clairement les 15-20 cm situés sous son soutien-gorge, et rien ne s’y trouve. Il n’y a rien non plus sur la photo prise lors de l’autopsie.

       Mais revenons aux photos précédentes, et comparons-les.

    Sharon Tate

       Attardons-nous sur la corde et sur les boîtes d’allumettes. Sur la photo de droite, son poignet est posé sur la corde, et plusieurs boîtes d’allumettes se trouvent entre la corde et le canapé. Mais il n’y a pas de boîtes d’allumettes après la corde, près de sa main. Sur la photo de gauche, son poignet se trouve au moins à 15 cm de la corde, et nous pouvons voir qu’il y a une boîte d’allumettes de l’autre côté de la corde, près de sa main. J’admets qu’il est possible que le changement d’angle de vue puisse être à l’origine de l’apparition de cette boîte d’allumettes, et que la main de Tate pouvait la dissimuler sur la photo de droite. Mais un angle de vue différent n’a pas pu faire bouger la corde de 15 cm, et la placer sous son poignet. On peut voir que la corde est clairement éloignée de son poignet sur la photo de gauche.

       Elle a bougé ! Cette position a dû être assez difficile à maintenir. Essayez par vous-même. Votre bras va commencer à s’engourdir en quelques minutes. Elle a bougé, puis est revenue dans une position similaire par rapport à cette corde, mais pas dans une position exactement identique.

    Fake

       Voici une photo très étrange que j’ai trouvée sur le net. Elle n’avait pas de légende. On dirait un remake, ou un film plus récent, puisque rien ne concorde. Les cheveux sont différents, tout comme le visage, les blessures au visage, la table, la moquette, le canapé, la corde, etc.

       Encore une photo de mauvaise qualité. Cette fois, on nous dit qu’il s’agit de Frykowski :

    Frykowski

       Est-ce que vous avez l’impression de voir une vraie photo ? Il se tient dans l’ombre d’un arbre, comme nous le voyons clairement au bord supérieur de la photo, où l’ombre rencontre la lumière. Alors comment se fait-il que tout son corps soit éclairé d’une façon aussi peu naturelle ? Pourquoi y a-t-il une sorte de halo tout autour de lui ? Pourquoi sa main gauche disparaît-elle dans le sol ? Pourquoi son bras droit projette-t-il une ombre, alors qu’il se trouve déjà dans l’ombre de l’arbre ? Il devait y avoir un nombre incalculable d’anomalies visuelles sur cette photo, et quelqu’un a décidé que le meilleur moyen de s’en sortir était de lui appliquer le plus d’effets possible. Bien que nous soyons pourtant assez proches de sa tête, personne ne serait en mesure d’identifier cet homme.

       Il existe une photo de l’autopsie de Frykowski. Elle est assez horrible. Mais elle est dans le même temps tellement absurde que je ne vois pas l’intérêt de vous l’imposer. La tête est bien trop petite comparée au corps, et elle ne ressemble pas du tout à Frykowski.

       Abordons plus en détail le cas Frykowski. Je vous ai déjà dit qu’il existait un certain Jerzy Frykowski, qui se trouvait toujours en Europe, où il travaillait en tant que directeur de production. On nous dit qu’il s’agit du petit frère de Wojciech. Il n’existe malheureusement aucune photo de ce Jerzy Frykowski sur internet, ce qui est assez étrange. Comment expliquer cette absence de photos ? Eh bien, il faut garder à l’esprit que l’idole de Wojciech était Jerzy Kosinski, le romancier américain d’origine polonaise, auteur de L’oiseau bariolé et de La présence. Frykowski était un vieil ami de Kosinski. Au moment de sa mort supposée, Wojciech tentait de devenir romancier, comme Kosinski. S’il avait eu besoin de changer de nom, on peut penser qu’il aurait pu choisir le nom de son idole. J’émets donc l’hypothèse qu’après les faux meurtres, Wojciech a changé de nom pour devenir Jerzy, et qu’il est retourné s’installer en Pologne. Le petit frère n’existe pas, ce qui explique pourquoi nous ne trouvons aucune photo de lui. Quelqu’un pourrait alors remarquer qu’il ressemble trait pour trait à son grand frère. Vous voyez comme c’est simple ? Même pas besoin de changer de nom de famille. Vous pouvez simuler votre mort, revenir dans votre pays natal, vous contenter de changer de prénom, et personne ne le saura ou s’y intéressera de suffisamment près.

       Il est aussi intéressant de noter que Frykowski a été incinéré, ce qui permet d’empêcher toute exhumation du corps si une enquête future devait l’exiger. Je dirais que l’hypothèse la plus probable est que Frykowski était impliqué avec l’équivalent polonais de notre Lookout Mountain. En d’autres termes, il faisait partie de la branche cinéma/propagande des services secrets polonais, en compagnie de Polanski et probablement de Kosinski.

       L’assassinat et la mort de Kosinski sont eux aussi probablement liés à Frykowski. En 1977, Kosinski s’est mis à écrire sur le meurtre de Tate et des autres, avec le roman Le partenaire inconnu. Il a peu après été accusé de plagiat et d’être un agent de la CIA. John Corry a défendu Kosinski dans le New York Times en 1982, écrivant que ces accusations étaient des manœuvres de désinformation en provenance de Pologne. Frykowski était-il à l’origine de ces accusations ? Kosinski ne pouvait le confirmer sans avoir à révéler toute l’histoire. Il ne l’a jamais fait, mais certaines personnes ont pu craindre qu’il crache le morceau, ce qui a pu mettre sa vie en danger. Il est mort en 1991, à l’âge de cinquante-sept ans, dans des circonstances mystérieuses. On l’a retrouvé dans une baignoire à demi remplie, avec un sac en plastique sur la tête. Sa mort a été qualifiée de suicide, mais ce genre de décès ressemble plutôt à un assassinat commandité. Personne ne se suicide de cette façon.

       Kosinski était l’un des rares à pouvoir tout révéler sur les meurtres simulés ; il fallait donc commencer par le discréditer, avant de s’en débarrasser. Il était un écrivain célèbre dans le monde entier au début des années soixante-dix, et les gens l’auraient sans doute écouté. Il était notoirement proche de Polanski et Frykowski. Il a commis l’erreur de s’intégrer très rapidement à l’histoire, en prétendant qu’il avait failli être assassiné et qu’il n’avait échappé aux meurtres que parce qu’il avait égaré ses bagages à l’aéroport. Polanski a été contraint de s’exprimer sur ce sujet, ce qui a apparemment déplu à certaines personnes. La suite n’aura été qu’une lente descente aux enfers pour Kosinski, qui semble avoir été éliminé par la mafia polonaise, à moins qu’il ne s’agissait de gars bien de chez nous. Ça, ou alors il a lui aussi simulé sa mort, avant d’être envoyé au Brésil pour y rejoindre les autres. On n’en sait rien, mais on a là une autre pièce du puzzle qui n’est jamais évoquée nulle part.

     


    Partie 7 : l’échange

    Sharon Patti Doris

      À présent que vous en tête l’idée qu’un homme peut se faire passer pour un de ses petits frères qui n’existe pas, essayez d’imaginer qu’une femme puisse se faire passer pour sa petite sœur inexistante. On nous dit que Sharon avait deux petites sœurs, Debra et Patti. Debra avait neuf ans de moins que Sharon, et Patti en avait quinze de moins. La légende de la photo de gauche indique qu’il s’agit de Sharon et Patti, mais il doit s’agir d’une erreur. La photo de droite est censée représenter Sharon en compagnie du Père Noël, et il est évident qu’il s’agit de la même petite fille que sur la photo de gauche. On peut en déduire que la photo de gauche nous montre Doris (la mère) et Sharon, et non pas Sharon et Patti. On peut s’en rendre compte aux vêtements, qui sont à la mode de la fin des années quarante, pas du début des années soixante. Regardez le chapeau: ce n’est pas un chapeau des années soixante.

       La légende de celle-ci indique également qu’il s’agit de Sharon et Patti :

    Sharon Patti

       Comment se fait-il que cette petite fille ne ressemble absolument pas à la petite fille précédente, ni à Patti, ni à aucune des sœurs Tate ? Les trois Tate étaient des filles superbes. Voici une photo censée les représenter :

    soeurs Tate

       Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un photomontage. Pourquoi le visage du bébé est-il beaucoup plus blanc que ceux de Sharon et Debra ? Pourquoi y a-t-il un gros nuage derrière la tête de Sharon ? S’il s’agit d’une ombre projetée sur la tenture en arrière-plan, pourquoi sa tête projette-t-elle une ombre, mais pas son épaule ? Pourquoi Sharon projette-t-elle une ombre, alors que le bébé n’en projette aucune sur elle ? Et pourquoi y a-t-il un halo plus clair entre la tête de Sharon et l’ombre ? Il s’agit de la ligne de collage du photomontage, à une époque où Photoshop n’existait pas encore. Cette photo truquée détruit l’ensemble du complot à elle toute seule. S’il s’agissait bien de trois sœurs, on pourrait trouver de véritables photos d’elles. La seule raison pour trafiquer des photos de cette façon, c’est qu’il n’existe aucune photo d’elles.

    soeurs Tate

       Cette photo est censée représenter les trois sœurs. Mais là encore, la plus jeune ne ressemble pas aux deux autres. Les gens ont des amis et des cousins, vous savez. Je pense que nous avons besoin de preuves supplémentaires. Notez aussi la différence d’âge entre « Patti » et Debra. Elle a l’air énorme, pas vrai ? Rappelez-vous en par la suite.

       Voici une photo prise aux funérailles supposées de Sharon :

    Polanski Doris

       Certains sites internet nous disent qu’il s’agit de Polanski, en compagnie de Doris Tate, la mère, et de Patti Tate. Il y a toutefois deux éléments qui ne collent pas. Premièrement, où est Debra ? Nous ne voyons qu’une seule sœur, ce qui est curieux. De plus Patti aurait dû être âgée de onze ans à ce moment. Cette fille n’a certainement pas l’air d’avoir onze ans, mais plutôt quinze ou dix-sept ans, ce qui correspondait à l’âge qu’avait Debra à cette époque. Ce n’est pas Patti, c’est Debra. Patti n’est pas là. D’autres sites internet indiquent qu’il s’agit de Debra.

    Polanski Doris

       Une autre. Toujours pas de Patti. Deux photographes différents, et aucun des deux n’a donc pris la peine d’associer les deux sœurs sur la même photo ? Et une autre :

    Polanski Doris

       Encore une autre :

    Polanski Debra

       Voici la seule photo que j’ai pu trouver montrant deux filles aux funérailles :

    Debra

       Ces deux filles n’ont pas six ans d’écart. Comme nous pouvons le voir dans la vidéo des funérailles, elles ont la même taille et la même corpulence. C’est la fille de droite qui apparaît sur les autres photos, puisqu’elle a des manches courtes et un col en dentelle. Vérifiez sur les photos ci-dessus. Cette fille a environ dix-sept ans, pas onze.

       Je vous enjoins à visionner les archives des funérailles filmées par NBC (visibles sur de nombreuses vidéos sur Youtube), sur lesquelles on peut voir Debra. Elle a les cheveux châtains clairs, et elle a l’air d’avoir entre quinze et dix-sept ans. Il n’y a pas de fille qui a l’air d’avoir onze ans. Si Patti avait été présente, elle aurait été aux côtés de sa mère et de sa sœur, n’est-ce pas ? Ce n’est pas le cas. Il n’y a aucune trace de l’existence de Patti avant 1970.

       Je vous ai recommandé de visionner les archives de NBC, mais vous noterez comment elles ont été montées. Elles ont été coupées à une multitude d’endroits. On y voit bien peu de choses intéressantes, et ce n’est pas un hasard. On y voit souvent les gens de dos, mais il n’y a que très peu de plans où l’on peut réellement voir quoi que ce soit. On a même ajouté un faux compteur en haut de la vidéo pour vous faire croire que vous regardez le film original.

       Encore une fois, les deux filles présentes aux funérailles n’ont pas l’air d’avoir six ans d’écart. Elles ont peut-être un ou deux ans d’écart, mais certainement pas six. Cette autre fille est soit une cousine, soit une amie, soit une fille qui a été recrutée à cette occasion. Voici une photo de Pam Turner, la cousine de Sharon, à une audience de libération conditionnelle de Susan Atkins en 2008.

    Pam Turner

       Quel âge lui donneriez-vous? Je dirais autour de cinquante-cinq ans. Elle est peut-être un peu plus âgée, mais sa teinture est plutôt réussie. Ce qui fait qu’elle aurait eu environ seize ans en 1969. Ça pourrait coller. Une cousine de seize ans se serait très certainement rendue aux funérailles. Cette femme ressemble même à la jeune fille de la photo ci-dessus – avec le même nez et la même forme du visage – ce qui est sans doute suffisant pour dire qu’il s’agit de la même personne.

       D’autres faits : Sharon avait vingt-six ans au moment de son décès supposé. Elle aurait dû avoir quinze ans de plus que Patti. On est donc censés croire que Doris, la mère, a eu une première fille, puis une seconde neuf ans plus tard, et une dernière six ans après ? Ce n’est pas totalement impossible, mais ça semble improbable.

       Patti/Sharon aurait été incinérée suite à son décès supposé en 2000 des suites d’un cancer du sein. Ce qui permet d’éviter d’avoir à fournir deux corps pour Patti/Sharon. On met Patti/Sharon dans le cercueil de Sharon, et n’importe quelles vieilles cendres dans l’urne de Patti, et le tour est joué.

       Et d’où pourrait bien venir le nom « Patti » ? Il y avait un personnage de la série télévisée C’est déjà demain du nom de Patti Tate. Elle était assez connue dans les années cinquante et soixante. C’est déjà demain venait de passer au format 30 minutes en 1968. Peut-être Patti Tate était-elle un personnage favori de Sharon.[Ndt : d’après la fiche Wikipedia sur cette série (en anglais) : « Patti, devenue adolescente, s’est mise à traîner avec des gangs violents impliqués dans le trafic de drogue (ce qui ajoutait une vision très acerbe de la contre-culture américaine de l’époque). »]

    Sharon Tate

    Sharon Tate

       Sharon a quelques caractéristiques physiques qui nous permettent de toujours la reconnaître. Pour commencer, elle a deux petits grains de beauté sous la bouche, du côté droit. En général, elle les recouvre avec du maquillage, et ils ne sont donc pas visibles sur toutes les photos et vidéos. De nombreuses photos sont aussi retouchées pour éliminer les cicatrices, les grains de beauté ou les boutons. Elle a aussi un petit grain de beauté, ou grosse tache de rousseur, sur sa joue gauche. Les deux photos du bas sont inversées. Elle a aussi une petite cicatrice sous son œil gauche, que Christopher Jones a mentionnée au cours de son interview. On la voit clairement qui descend le long de sa joue sur les photos un et trois. Elle avait une cicatrice sur son genou gauche. Elle avait aussi une cicatrice causée par la varicelle sur son front, que vous pouvez voir ici :

    Sharon Tate

       On nous dit que Sharon avait les yeux marrons. Mais ce n’était pas le cas. Elle avait les yeux noisette.

    Sharon Tate

       On voit ici une Sharon jeune et joufflue, avec des yeux noisette. On peut voir les deux grains de beauté et la cicatrice. Les yeux noisettes peuvent sembler aller du marron clair au vert selon la lumière. Si la lumière est bleue, ils peuvent avoir l’air légèrement bleu. Ils ont généralement plus de jaune, ou d’or, que les yeux marrons. Ce n’est pas surprenant d’entendre dire que Sharon avait les yeux marrons, puisqu’on les confond fréquemment avec des yeux noisettes. Beaucoup de gens ne savent même pas ce que sont des yeux noisette. Et la différence entre les deux est très légère sur des photographies. Il faut que les couleurs soient parfaitement rendues pour que la couleur originale des yeux apparaisse convenablement. Dans la majeure partie des cas, il est impossible de faire la différence entre des yeux marrons et noisette d’après une photographie. J’ai dû chercher parmi de nombreuses photos avant de trouver celle ci-dessus, qui a une résolution suffisante pour nous montrer que ses yeux sont noisette.

    Sharon Tate

       J’ai aussi trouvé celle-ci, qui est encore meilleure. La lumière crue de la neige fait ressortir la couleur de ses yeux, qui sont très clairement noisette. Les yeux marrons ne ressemblent jamais à ça. Il est aussi important de noter qu’il est plus facile de mettre des lentilles de contact bleues sur des yeux noisette que sur des yeux marrons. Comme l’iris des yeux noisette est plus clair, il est plus aisé d’en changer la couleur. C’est un peu comme pour la coloration des cheveux : il est plus facile de passer du blond au brun que l’inverse. Il est toujours plus facile de passer du clair au sombre, que du sombre au clair.

       Quelle est la couleur des yeux de Patti ? Très difficile à dire avec les images d’elle sur internet. Certains disent qu’elle a les yeux bleus, mais il peut s’agir de lentilles de contact. Regardons la seule photo d’elle de qualité correcte qui circule sur le net :

       Ces yeux pourraient être bleus, verts, gris ou noisette. Même s’il n’est pas clairement bleu, l’œil gauche a l’air plus bleu que l’œil droit, ceci en raison de son éclairage. L’œil droit pourrait être noisette, à la limite. Patti porte des vêtements bleus clair (j’ai coupé la photo) et la pièce est très bleue, or les yeux reflètent la couleur ambiante. Des yeux bleus devraient avoir l’air très bleu dans cet environnement, ce qui n’est pas le cas. Mais nous pouvons voir que l’iris est très clair, comme sur la dernière photo de Sharon ci-dessus. C’est assez rare, même chez les gens qui ont les yeux bleus. Quelle que soit leur couleur, il est rare que des yeux soient aussi translucides. Il est possible que ces yeux soient identiques à ceux de Sharon, mais je dirais que ce test n’est pas concluant. Continuons donc à chercher.

       Sharon avait aussi une oreille gauche tout à fait particulière, qu’on pourrait qualifier d’elfique. Elle est plate au sommet, avec une petite encoche juste en dessous. On la voit parfaitement lors de l’interview qu’elle a donnée après Valley of the Dolls. On peut aussi la voir ici :

    Sharon Tate

       Vous serez peut-être intéressés d’apprendre que Sherlock Holmes a identifié un de ses suspects en examinant ses oreilles. Dans le film La clef, Basil Rathbone reconnaît Patricia Morison grâce à ses oreilles, bien qu’elle porte un costume de bonne et une perruque.

       Avant d’en venir à l’indice final, attardons-nous sur les informations disponibles sur internet concernant Patti et Debra. Nous savons que Debra et Sharon ne se ressemblaient pas beaucoup en tant qu’adultes. Mais Patti ressemblait trait pour trait à Sharon ? Tout le monde l’admet, mais personne ne se pose de questions. Étrange. Patti est censée avoir épousé Don Ford en 1978, et avoir eu trois enfants avec lui. Il n’y a aucune photo de Patti Tate et de Don Ford ensemble sur le net. Ce dernier était un basketteur célèbre et très beau, elle était une beauté célèbre, mais aucune photo d’eux n’a survécu ? Leur relation n’intéressait pas les paparazzis ? Soit le mariage n’a jamais eu lieu, soit il a été effacé des tablettes. Mais elle a aussi vécu avec Alisa Statman – en clair, elles étaient amantes. Il se trouve que Statman est une réalisatrice, tout comme Polanski. Dans un article publié par CNN en 2012, Statman prétend avoir volé deux boîtes bleues contenant des photos, des diapositives et des négatifs à un détective qui avait enquêté sur le meurtre de Tate. Elle se sert à présent de ces éléments dans son nouveau livre, Restless Souls. Cette histoire est visiblement une fiction, on peut donc en conclure que Statman est une création de plus de la CIA ou du FBI, mise en avant pour diffuser un peu plus de désinformation. Il n’existe aucune photo de Patti Tate et Statman sur le net.

       Patti Tate aurait également été l’amante lesbienne de Robin Olson. Elle aurait apparemment été à la fois avec Olson et avec Statman dans les années quatre-vingt-dix, à la suite de sa séparation avec Don Ford en 1992. On nous raconte qu’elle a laissé ses enfants vivre avec Statman plutôt qu’avec sa sœur Debra. Bien sûr.

       Dans son commentaire sur le livre Restless Souls – à propos duquel elle a menacé de poursuivre Statman en justice – Debra Tate déclare que « Patti avait peu de souvenirs concrets de Sharon » et que « Patti ne se souvenait que très peu » des funérailles. Pas étonnant, vu qu’elle n’y était pas. Elle n’existait pas.

       Debra a été déshéritée par son père, sans qu’on sache réellement pourquoi. Ils n’étaient pas proches. Il faut croire que Debra n’appréciait pas son père, et sachant ce que nous savons à présent, on peut comprendre pourquoi. La famille a été utilisée pour promouvoir une cause fasciste – la suppression du mouvement anti-guerre – et Debra n’était peut-être pas particulièrement ravie du rôle qu’elle a été contrainte de jouer. Elle était alors trop jeune, et elle n’avait pas voix au chapitre. Mais elle n’a jamais été en mesure de dire la vérité, ni de tourner le dos à toute cette affaire. Elle a probablement été menacée et surveillée tout au long de sa vie.

       Paul Tate fut incinéré, comme bien d’autres acteurs de cette saga, bien qu’il ait demandé à être enterré à Holy Cross avec le reste de sa famille. Mais ses cendres ne se trouvent pas non plus à Holy Cross. Les cendres de Patti Tate sont censées s’y trouver, mais pas les siennes. Il n’y a pas non plus de mémorial à son nom, pas même une ligne sur la plaque funéraire familiale. Debra a de plus refusé de lui donner des funérailles militaires. D’autres personnes en avaient organisées, mais elle a refusé de signer les formulaires requis. Elle a aussi refusé de payer pour sa crémation, et a laissé les cendres au funérarium pendant des mois, et les frais ainsi engendrés ont dus être prélevés sur sa succession.

    Plaque Tate

       Le problème est encore pire avec Patti Tate. Bien que sa dalle funéraire prétende qu’elle est décédée en 2000, aucun document officiel n’atteste de ce décès. On nous dit qu’elle est née le 30 octobre 1957, et qu’elle est décédée le 3 juin 2000. D’après CheckMate, Patricia G. Ford, née Tate, parente de Debra et de Don Ford, a 56 ans et vit toujours en Californie.[Ndt : cette information n’est aujourd’hui plus disponible] D’après dobsearch.com, personne de ce nom n’est ni né, ni décédé à ces dates. D’après fold3.com, personne de ce nom n’est décédé cette année-là. D’après l’index des décès de la sécurité sociale, le SSDI, personne de ce nom n’est décédé cette année-là. D’après le registre des naissances de Californie, personne de ce nom n’est né cette année-là. Encore plus étrange : Ancestry.com et plusieurs autres sites semblent bloquer toute recherche sur ce nom. Il n’y a donc aucun document officiel attestant de la naissance ou de la mort de Patti. Cette femme est un fantôme.

       Étonnamment, c’est aussi le cas de Sharon Tate. Il n’existe pas de carte SSDI datant de 1969 pour Sharon Tate ou Sharon Polanski ! D’après le webmaster de Manson.freeforums, le numéro de sécurité sociale de Sharon est 452-74-4733, vous pouvez donc vérifier par vous-mêmes.[Ndt : ce forum n’est semble-t-il plus actif] Le webmaster semble tenter d’induire les gens en erreur, puisqu’il renvoie vers le registre des décès de Californie, en incitant les gens à utiliser le nom de Polanski plutôt que Tate. Mais on n’obtient toujours pas de certificat de décès en procédant de la sorte. Il y a tout de même quelques bonnes informations sur ce forum, puisque le premier post du fil de discussion nous apprend qu’aucun de ceux qui ont été soi-disant assassinés ce soir-là ne sont listés au SSDI, mis à part Leno Labianca. Ce qui confirme les analyses présentées dans cet essai.

    Debra

    Debra

       Ces photos nous montrent une jeune Debra, même si certaines ont été attribuées à Patti sur internet. La première est inversée. La première est attribuée à Patti sur Tumblr, mais un documentaire de History Channel nous apprend qu’il s’agit de Debra.[Ndt : la vidéo donnée en lien dans l’article original a depuis été supprimée sur Youtube] Notez que son œil gauche est plus haut que son œil droit. Cette caractéristique est aussi visible chez Sharon/Patti, mais elle est moins prononcée chez cette dernière, même si elle s’est accentuée avec l’âge, ce qui est souvent le cas. Les deux photos suivantes ont été attribuées à Patti, la seconde parce qu’elle semble avoir les yeux bleus. Mais la personne sur la photo de gauche a visiblement les yeux marrons, et il s’agit clairement de la même personne sur les deux photos, avec la même coupe de cheveux. Soit elle porte des lentilles de contact sur la photo de droite, soit la photo a été manipulée. Il s’agit de la même personne sur ces deux photos, de même que sur celle en noir et blanc au-dessus. La fille sur la plage ne peut être identifiée avec certitude, même si ce n’est certainement pas Patti. C’est probablement Debra, mais il pourrait s’agir d’une cousine.

       En voici une autre attribuée à Patti, alors qu’il s’agit clairement de Debra :

    Debra

       Comme on peut s’y attendre, il n’existe quasiment aucune photo de Patti sur internet. On ne trouve ni de plans rapprochés ni de photographies de son visage, mis à part celle proposée ci-dessus. Et il n’en existe aucune avant qu’elle n’ait atteint un certain âge. Aucune photo d’elle entre vingt et trente-cinq ans. Ça pourrait sembler étrange à première vue, mais Sharon ne pouvait pas réapparaître à la télévision au milieu des années soixante-dix en se faisant passer pour Patti. Patti aurait eu dix-huit ans en 1976. Même si Sharon vieillissait très bien, elle n’avait pas l’air d’avoir dix-huit ans. En 1982, Sharon aurait eu trente-neuf ans. Encore trop tôt pour essayer de se faire passer pour une fille de vingt-quatre ans. En 1992, Sharon aurait eu quarante-neuf ans, tout en se faisant passer pour une femme de trente-quatre ans. C’est faisable. Les actrices le font en permanence. Avec du maquillage et une bonne teinture de cheveux (et d’excellentes dispositions génétiques), une femme naturellement belle peut y parvenir. Et c’est le moment où Patti a émergé. Les interviews visibles sur Youtube datent de 1992-1994. J’ai pu trouver une image provenant d’une interview donnée avant cette période, mais l’interview elle-même semble avoir été effacée.

    Sharon Patti

       Admettons que cette interview ait eu lieu vers 1990. Elle a l’air superbe, je pense que tout le monde en conviendra, mais elle n’a pas l’air d’avoir trente-deux ans. Elle a l’air d’une très belle femme de quarante, quarante-cinq ans. Les paupières et les joues tombantes suffisent à trahir son âge. Sharon avait quarante-sept ans en 1990, elle a donc dû arrêter de fumer et de prendre de la drogue. Et elle devait aussi faire ses nuits.

       Aucune des vidéos ou photographies de Patti n’ont une qualité suffisante permettant de repérer ses cicatrices ou ses grains de beauté. Mais quelqu’un souhaitant que la vérité apparaisse au grand jour nous a laissé cet indice :

    Sharon Patti

       Il s’agit de Patti/Sharon devant une photo de Sharon, vers 1992. Nous pouvons nous rendre compte que la ressemblance est très proche. La plupart des gens pourront s’apercevoir qu’il s’agit de la même personne, même sans qu’on leur ait donné cet indice. Patti/Sharon met juste moins de maquillage que Sharon. Patti/Sharon n’a même pas eu besoin de changer sa couleur de cheveux, même si ni Sharon ni Patti ne sont de véritables blondes. Patti/Sharon voulait redevenir blonde, et elle a estimé que c’était possible après un certain temps. Elle s’est sentie suffisamment en sécurité pour pouvoir faire tout ce qu’elle voulait, y compris passer à la télévision et donner des interviews. Malheureusement, elle a commis une erreur : elle est passée à la télévision avec ses cheveux relevés, et j’ai pu voir son oreille gauche.

    Sharon Patti

    Sharon Tate

       En visionnant l’interview, vous remarquerez qu’elle tente de ne montrer que son profil droit face à la caméra. Mais en quelques courts instants, il est possible de voir son oreille gauche. Certains diront que des sœurs ont des oreilles identiques, mais ce n’est pas le cas. Vous n’avez pas les mêmes oreilles que vos frères et sœurs. La forme générale peut souvent être similaire, mais des éléments comme ceux-ci sont des traits spécifiques à chaque individu, pas des caractéristiques familiales. La forme de l’oreille est strictement identique sur les photos de Sharon/Patti et de Sharon ; il ne peut s’agir ni d’une coïncidence, ni d’un trait de famille.

       Vous noterez que Patti tousse deux fois au cours de cette interview, donnée en 1994. Ce toussotement nous permet d’apercevoir son oreille gauche, puisqu’elle se détourne de la journaliste pour couvrir sa bouche. Mais que dit-elle au moment de tousser ? La première fois, elle dit : « Je ne pense pas que Manson sortira un jour de prison (tousse). » La seconde fois : « Ce n’est pas un homme qui va être lâché dans la société – il est bien trop dangereux (tousse). » Ces toussotements seraient interprétés par n’importe quel psychologue comme étant des marques de stress. La plupart des gens diront que le seul fait de mentionner le nom de Manson est un acte stressant pour Patti. Mais puisque nous avons affaire à Sharon, notre interprétation diffère quelque peu. Sharon sait que Manson est juste un autre acteur, tout comme elle, et que – depuis 1967 – il n’a jamais été incarcéré. Comme tout le reste, ses interviews en prison sont bidons. Il se rend dans un studio à chaque fois qu’on a besoin de lui, et c’est tout (voir ci-dessous). Sharon tousse pour couvrir l’énorme mensonge qu’elle est en train de raconter. Ses autres mensonges sont minuscules en comparaison de celui-là.

       Tout en écoutant l’interview, je vous invite à comparer la voix de Patti à celle de Sharon, que l’on peut entendre ici, à 1:09. La voix de Sharon en tant que Patti est devenue un peu plus âpre avec l’âge, mais elle a la même tonalité, le même rythme et les mêmes intonations. Il faudrait réaliser une analyse vocale sur ces vidéos. La voix est bien entendu unique à chaque individu, et des sœurs n’ont pas la même voix.

       Ce qui nous amène à la dernière question de cet essai concernant Sharon. Patti serait décédée d’un cancer du sein en 2000, à quarante-deux ans. Sharon aurait eu cinquante-sept ans. Sharon est-elle réellement morte cette fois-ci, ou a-t-elle simplement voulu s’éclipser une seconde fois ? Il est possible que toutes ces apparitions télévisées aient suscité quelques suspicions, et ont poussé certaines personnes à se poser les questions que j’ai soulevées dans cet article. S’est-elle sentie menacée ? A-t-elle ressenti le besoin de retourner au Brésil quelques années supplémentaires ? Je n’en sais rien. Je n’ai plus de munitions passé ce point. Sharon avait l’air en très bonne santé dans les années quatre-vingt-dix, mais elle avait utilisé beaucoup de teinture pour cheveux au cours des années, ainsi que des produits de beauté, dont on sait qu’ils sont cancérigènes. Ceci dit, le pourcentage de chances de survivre à un cancer du sein est très élevé, surtout pour les femmes de moins de soixante ans. Seules quarante femmes sur cent mille décèdent d’un cancer du sein, et la plupart de ces décès sont dus à un diagnostic tardif. Pour ma part, j’ai tendance à ne jamais croire ce qui est écrit dans les journaux, et encore moins lorsqu’il s’agit d’informations concernant les Tate. Sharon aurait eu soixante-dix ans cette année.

       À présent que nous savons de quoi il retourne, beaucoup de pièces du puzzle se mettent en place. Par exemple, le fait que Sharon était enceinte de huit mois et demi est un fait admis, mais qui n’est jamais intégré dans la réflexion sur cette affaire. Du point de vue de l’histoire officielle, il s’agit d’un élément mineur de l’affaire, un accident, une coïncidence. Mais nous pouvons désormais comprendre qu’il s’agit en fait d’un indice de première importance, qui permet d’expliquer pourquoi Sharon était prête à mettre un terme à sa carrière d’actrice. Elle était sur le point d’avoir son premier enfant, et elle souhaitait s’en occuper. Elle ne voulait plus être une actrice. Elle était tout à fait prête (à cette époque) à simuler sa propre mort, parce que l’anonymat que ce faux décès allait lui procurer, à l’écart des fans et des médias, lui convenait parfaitement. Elle s’était bien amusée à Hollywood, mais elle souhaitait désormais devenir une mère de famille bien tranquille pendant un certain temps. Ce plan s’est parfaitement accordé avec ses désirs.

       J’ai le sentiment que ceux qui travaillent à Hollywood et dans l’industrie musicale ont depuis longtemps une clause de départ. Lorsqu’ils signent leur premier contrat ou qu’ils découvrent que les industries du cinéma et de la musique ne sont que des sous-divisions des services de renseignement, on leur dit qu’ils pourront quitter le milieu par la suite, s’ils le souhaitent. Nombreux sont ceux qui apprécient de travailler avec le renseignement, et qui ne développent aucun scrupule à ce sujet, ni aucun désir de tout abandonner. Mais les services de renseignement peuvent travailler pendant quelques temps même avec ceux qui commencent à éprouver des regrets. Ils n’ont pas besoin de tuer tous ceux qui veulent sortir du système. La plupart prennent juste leur retraite et s’évanouissent dans la nature. Mais pour les plus célèbres d’entre eux, ce n’est pas une option viable. Ils ne peuvent pas simplement disparaître, parce qu’ils ont trop de fans. C’est là que le renseignement peut se rendre utile. Une mort simulée peut aisément résoudre ce type de problème. C’est ce qui est arrivé à de nombreuses stars, beaucoup plus que vous ne croyez. Non seulement à Elvis, Jim Morrison et John Lennon, mais aussi à une large part des morts hollywoodiennes dont vous avez entendu parler. Très peu de morts hollywoodiennes ont réellement eu lieu, et le fait de réaliser ce qu’il s’est passé avec cette affaire va peut-être vous aider à découvrir la vérité sur d’autres morts qui vous semblent suspectes.

       Ces morts simulées conviennent parfaitement au milieu du renseignement, puisqu’elles lui fournissent immédiatement un démenti plausible. Vous pouvez vous demander ce qu’il se passerait si une célébrité menaçait de tout révéler sur une opération. Les services de renseignement n’ont pas besoin d’assassiner cette célébrité pour éviter d’être démasqués. Une mort simulée résout le problème d’une façon bien plus efficace. Imaginons par exemple qu’Elvis refasse surface aujourd’hui et se mette à tout balancer. Les services de renseignement n’auront qu’à dire : « Ce n’est pas Elvis. Tout le monde sait qu’Elvis est mort. » Il leur suffit ensuite de prendre Elvis, de l’envoyer dans une institution pendant quelques mois pour qu’il y reprenne ses esprits, puis de le laisser partir. Le problème est réglé, et personne n’a de sang sur les mains.

       À présent que nous arrivons au terme de cet essai, demandons-nous combien de personnes devraient être gardées sous contrôle pour rendre possible un événement tel que celui-ci. Les gens diront qu’une conspiration de cette ampleur nécessiterait de garder des centaines de personnes sous contrôle, mais ce n’est tout simplement pas vrai. Assez peu de personnes extérieures au premier cercle des conspirateurs auraient eu besoin d’être mis au courant. La plupart des gens ne réalisent pas que la mise en œuvre de ce type d’opération ne nécessite que peu d’exécutants. Une poignée de policiers locaux devront être payés ou contraints de coopérer, le médecin-légiste devra être payé, et un nombre choisi de jeunes filles hippies devront être contrôlées d’une façon ou d’une autre. Et c’est à peu près tout. Pas besoin de contrôler les agents du FBI ou de la CIA, ceux-ci font tout simplement leur boulot. Et ils contrôlent toute l’information. Ils contrôlent ce qui est raconté à la presse, aux agents de police, aux juges et aux avocats. Même le procureur Bugliosi n’a pas forcément été mis au courant, puisqu’il dépendait entièrement d’informations qui lui ont été fournies. La plupart des gens, y compris les agents de l’état, acceptent ce qu’on leur raconte. Si vous contrôlez la scène du crime et la diffusion de l’information, vous contrôlez la totalité de l’événement. On ajoute par la suite quelques personnes à celles déjà citées : celles qui ont vu quelque chose, ou qui ont compris ce qui se tramait. Mais ces gens ne sont jamais plus d’une poignée, et une menace suffit en général à les obliger à se tenir tranquilles. C’est précisément ce qui s’est passé avec les meurtres de Sharon Tate et des autres, et à la vérité, c’est ce qui se passe avec tous les événements médiatiques majeurs. Quasiment personne n’a remis en cause l’histoire officielle, et les rares qui l’ont fait n’ont pas su démêler le vrai du faux.

     

     

    Partie 8: les « prisonniers »

       Attardons-nous une dernière fois sur Charles Manson avant de conclure cette enquête. Nous avons vu que Sharon Tate ne se trouvait pas là où nous pensions qu’elle se trouvait durant les quarante dernières années. Manson se trouvait-il là où nous pensions qu’il se trouvait ? Voici une photo récente de Manson :

    Manson

       Manson vous donne la date. Vous voyez où se situe le problème ? Les prisons n’autorisent pas le port de barbes telles que celle-ci. Elles ont longtemps été autorisées jusqu’à 1,5 cm, mais elles ne sont plus autorisées dans les prisons d’état californiennes depuis 1998. Au départ, Manson a été incarcéré à Vacaville et à San Quentin, mais il a été transféré à Corcoran en 1989, dans une prison d’état californienne. La question que nous devrions nous poser est celle-ci : « Manson est-il réellement en prison ? » Ou est-ce qu’on lui demande juste de venir tous les deux ans pour qu’on le prenne en photo avec un carton imprimé ? Posez-vous la question : avons-nous la moindre preuve – une preuve qui ne serait pas aisément falsifiable – que Manson est bien en prison à Corcoran ? S’il est possible de simuler toutes ces morts, il est aussi possible de simuler l’incarcération de quelques personnes. Pour vous en convaincre, étudiez donc le cas de John Hinckley, qui aurait tiré sur Ronald Reagan en 1981. Il est facile de découvrir la vérité sur cette affaire, même sans avoir à faire beaucoup de recherches. Les médias dominants admettent que Hinckley, le fils d’une riche famille, amie des Bush, n’est jamais allé en prison, que sa garde a été confiée à sa mère quelques années après, et qu’au cours de la dernière décennie, il a passé presque autant de temps à la maison que dans l’hôpital psychiatrique bien tranquille où il est censé être interné. Depuis 2009, il a eu droit à une douzaine de séjours chez lui par an, de dix jours chacun, soit un tiers de l’année. Il est même autorisé à conduire ! La plupart des gens s’imaginent à tort que Hinckley purge une peine de prison à perpétuité. La plupart des gens s’imaginent que Manson purge une peine de prison à perpétuité. Ont-ils raison ? Nous ne le savons pas. De petits films sortent tous les ans sur Manson, ainsi que quelques photos. Mais, comme nous l’avons vu, ce genre de choses peuvent être aussi facilement trafiquées qu’une publicité de quinze secondes pour Uncle Ben’s. Si ça se trouve, Manson pourrait vivre dans une maison sur la plage à Big Sur.

    Manson

       On a ici un autre problème qui saute aux yeux. Vous le voyez ? Comparez les photos de 1971 et 2009. Manson a subi une opération de chirurgie esthétique à l’oreille droite. Vous pensez vraiment que l’état de Californie a payé ou autorisé une opération de chirurgie esthétique ? Les prisons d’état assurent les soins médicaux, mais elles ne paient pas pour des opérations de chirurgie esthétique.

       Combien d’interviews Manson a-t-il données depuis 1970 ? Vingt, trente, plus... ? Ne trouvez-vous pas étrange que Manson soit apparu en compagnie de Nuel Emmons, Charlie Rose, Tom Snyder, Diane Sawyer, Geraldo, Ron Reagan, Jr., Penny Daniels, Heidi Schulman, Michal Ben Horin, et bien d’autres ? Je vous encourage à toutes les écouter attentivement. Pour commencer, écoutez la toute première, son interview donnée dans le couloir de la mort de San Quentin en 1972, qui est totalement ridicule, et ce dès la première image. Nous voyons tout d’abord Manson qui reçoit son dîner. Manson refuse son repas et demande au serveur de donner son steak à Mike, le prisonnier suivant. Ils servent donc du steak tous les soirs à San Quentin, et je suppose que les prisonniers peuvent demander que leur repas soit servi à d’autres prisonniers ? Et nous sommes censés avaler ça ? Puis, lorsque l’interview débute, le journaliste place son micro entre les barres de la cellule. Vous croyez réellement que les journalistes et les équipes de tournage sont autorisés à filmer des détenus qui se trouvent dans le couloir de la mort dans leur cellule ? Bien sûr que non. Ceci explique pourquoi il a été décidé par la suite d’amener Manson dans une salle d’interview séparée, pour rendre le tout légèrement plus crédible. La dernière chose que dit Manson est: « Je crois ce qu’on me dit de croire. Pas vous ? » Ils se foutaient de nous même à cette époque. Ils ne se sentent pas obligés de rendre ces interviews crédibles – puisqu’ils partent du principe que le public ne sait rien sur rien – mais ils sont tout à fait prêts à insérer leurs private jokes. Ils s’amusent en vous faisant subir un lavage de cerveau, et vous demandent si vous appréciez le traitement.

       Même après avoir été transférées dans une salle privée, les interviews suivantes étaient toujours une farce, puisque les prisonniers de niveau 1 ne peuvent parler à personne, à l’exception de leurs avocats, de religieux, et des forces de l’ordre. C’est une règle qui a cours depuis des décennies dans toutes les prisons d’état du pays. À chaque fois que vous voyez une interview avec un tueur en série, vous devez vous demander comment il est possible qu’une telle interview ait pu avoir lieu.

    Manson

       Je vous encourage à revoir l’interview de 1988 entre Geraldo et Manson. Elle débute avec une vision panoramique de la pièce, qui nous montre l’équipe de tournage en train de vaquer à ses occupations. Un policier à l’air ennuyé, qui ne regarde même pas en direction de Manson, est appuyé contre la porte. Tout le monde, y compris Geraldo, semble se retenir de sourire. Manson porte des jeans et un pull rouge, et arbore une barbe fournie et des cheveux longs. J’ai mis sur pause après seize secondes, sur une interview d’une heure, et je savais déjà que tout était bidon. Je vous rappelle qu’on a affaire à Charles Manson, supposé être l’un des hommes les plus dangereux sur cette planète ; un homme dont on nous dit qu’il aurait sauté par-dessus la table du tribunal pour agresser le juge avec un crayon à papier. Mais nous le voyons ici en compagnie de Geraldo, et Manson n’est pas menotté, il n’y a pas de garde près de lui, il ne porte pas la tenue réglementaire des prisonniers, il n’est ni rasé ni tondu comme le sont les prisonniers normaux, et il se comporte comme si c’était lui qui avait rédigé le scénario (ce qui n’est pas impossible). Il donne des ordres aux cameramans. Les prisonniers de niveau 1 ne sont tout simplement pas autorisés à donner des interviews telles que celle-ci. Si Manson était réellement l’homme qu’on nous a présenté, il devrait pouvoir tuer Geraldo d’un coup à la gorge, ou juste en donnant un coup de menton. Bien au contraire, nous voyons que Geraldo se penche en avant, sa tête située à moins de trente centimètres de Manson. Leurs genoux se touchent littéralement. Ils ne sont pas séparés par une table. Nous voyons Geraldo qui masque un gloussement après vingt-six secondes. Quiconque croit qu’il s’agit là d’une véritable interview avec un tueur en série a pris trop d’acide au cours de sa vie.

    Manson

       L’interview de 1989 avec Penny Daniels est elle aussi une farce grotesque, puisqu’on voit Manson débarquer avec un col pelle à tarte, des lunettes de soleil, des Converse, et une barbe de près de dix centimètres. Il porte toujours son collier en cuir. Rien de tout ceci n’est réglementaire en prison. Vous devriez aller jeter un œil à la biographie de Penny Daniels sur Wikipedia. Bien qu’il s’agisse de très loin de l’événement le plus marquant de sa carrière, cette interview n’est même pas mentionnée. Manson entre dans la salle en pensant qu’il va s’entretenir avec un français. Il est comme une star de cinéma à Cannes qui ne s’en sort plus avec toutes ces interviews données à des médias du monde entier. Il devrait voyager avec un imprésario. Il dit ensuite à l’administrateur de la prison de s’asseoir et de la fermer. Il lui dit qu’il n’est qu’un préposé aux serrures qui n’a aucun pouvoir ici. Une comédie très amusante, mais rien de plus que ça. Absolument pas crédible. Vous noterez aussi que le visage et les mains de Manson ne portent aucun signe des brûlures au troisième degré qu’il est censé avoir subies à Vacaville en 1984, lorsqu’il a soi-disant été recouvert de diluant pour peinture qui aurait ensuite pris feu. Les brûlures au troisième degré impliquent qu’on enlève la peau brûlée, et laissent toujours de profondes cicatrices, mais nous ne voyons rien de tout cela. Vous direz que les cicatrices sont sous la barbe, mais la barbe ne repousse pas sur une peau brûlée au troisième degré, en particulier une belle barbe touffue comme celle que porte Manson. Rendez-vous aussi à 8:40 ; on peut y voir très clairement la main droite de Manson. Elle ne ressemble pas à une main de prisonnier, puisqu’elle est bien propre et manucurée. Pas de cicatrices là non plus. Et une bague en or rose. Interdit en prison. À 22:30 nous voyons la main gauche : pas plus de cicatrices. Aussi douce qu’une main de jeune fille.

    Manson

       Manson nous donne tout de même quelques informations. Il nous dit qu’il connaissait Lynette Fromme avant 1967. Il essaye ensuite de se reprendre en disant qu’il la connaissait en rêve, mais il est visiblement déstabilisé pendant un instant, après avoir réalisé qu’il venait de dire quelque chose qu’il aurait dû taire. D’après l’histoire officielle, il n’était pas censé connaître Fromme avant 1967, quelques mois après sa sortie de prison. Ceci implique que son casier judiciaire a lui aussi été falsifié. Considérant ce qu’on sait déjà, nul besoin de faire un gros effort d’imagination pour envisager cette possibilité.

       Je vous encourage également à écouter très attentivement le speech de Manson dit « Sneakyville », relayé à de nombreuses reprises sur Youtube. Vous entendez ? Bien que l’audio soit assez bien synchronisé avec la vidéo, il ne s’agit pas de la voix de Manson. On dirait plutôt Henry Fonda ou Peter Coyote. J’ignore pourquoi il a fallu remplacer la piste audio, puisque Manson est suffisamment talentueux pour s’exprimer lui-même. Peut-être la piste audio a-t-elle été perdue.

       L’interview de 1979 avec Nuel Emmons est elle aussi complètement ridicule. Pour commencer, il convient de se demander : « Qui diable est Nuel Emmons ? » Avez-vous déjà entendu parler de quelqu’un dénommé Nuel ? J’ai trouvé deux autres personnes prénommées Nuel sur internet, mais ils ont aussi l’air d’être de faux noms. Nuel Emmons est un fantôme de plus, dont il n’existe aucune trace avant son travail avec Manson. Il y a ces interviews et un livre sorti en 1986 ; en dehors de ça, Nuel Emmons n’existe pas. Ce nom m’a tout l’air d’être une anagramme, qui pourrait renvoyer à Emmanuelson, un nom qui est non seulement un allongement du nom de Manson, mais qui rappelle aussi que Manson prétendait être le fils de Dieu. Emmanuel-son, fils d’Emmanuel. Nuel Emmons n’est pas une personne de chair et de sang, il s’agit juste d’un alter ego de Manson.

    Horin

       La comédie se poursuit en 1992 avec l’interview donnée à Michal Ben Horin, à un moment où plus personne ne semblait se soucier de conserver le moindre semblant de crédibilité à cette affaire. La jeune femme qui mène l’interview a été habillée comme Victor Victoria, et on tente de nous faire croire que son vrai nom est Ben Horin, comme si elle était juive ou quelque chose de ce genre. Ce n’est qu’une private joke, et même pas subtile, en plus. Le choix du nom a dû se faire entre Michal Ben Horin et Michal Ben Dover.[Ndt : jeu de mot intraduisible – bend over signifie se pencher pendant l’acte sexuel] Faites une recherche sur internet, vous pourrez constater qu’elle n’apparaît ni avant, ni après 1992. Nous sommes censés croire qu’elle n’a rien fait d’autre que cette unique interview il y a vingt ans. Nous avons toutefois eu droit à la suite de la blague avec Michael Ben Horin, un « terroriste » qui souhaitait la mort d’Ariel Sharon.

    Horin

       Vous avez compris ? Ariel Sharon, Sharon Tate ? Et voyez comme Michael Ben Horin a droit à sa barbe à la Charles Manson, assortie de sa tenue des camps de la mort et de l’étoile jaune. Hilarant, pas vrai ?

       Si ce genre de blagues vous amuse, vous pouvez aussi faire des recherches sur John Aes-Nihil, le faux nom d’un faux réalisateur qui aurait tourné les faux Manson Family Movies en 1984. Ce sont de fausses vidéos privées tournées de façon à nous faire croire qu’elles avaient été le fait des membres de la Famille. Ils nous ont même gratifiés de critiques bidons pour ces films. Dans l’une d’entre elles, Kenneth Anger écrit : « Ça a l’air vrai. » Pour comprendre cette blague, il faut savoir qui est vraiment Kenneth Anger. Anger est un faux sataniste crowleyen, auteur de nombreux films de propagande sur l’occultisme, l’homosexualité et le surréalisme dans les années cinquante et soixante. Mais pour comprendre à qui nous avons affaire, il faut connaître la date de son premier film, Fireworks, sorti en 1947. Vous vous souvenez de cette date ? L’année de création de la CIA. À chaque fois que vous voyez les mots satanisme ou Crowley, vous pouvez les remplacer par CIA ou MI6. Anger était depuis le début l’un des personnages les plus haut placés de Lookout Mountain, où il a produit leur propagande « raciest ».[Ndt : très osée] Donc le fait qu’Anger écrive à propos de ces films « Ça a l’air vrai » est d’autant plus croustillant. C’est un peu comme si Goebbels et Riefenstahl avaient dit : « Ça a l’air d’être de l’agitprop de premier choix. »

       Cette entité du nom d’Aes-Nihil a, d’une façon ou d’une autre, réussi a obtenir une série d’interviews avec Manson entre 1972 et 1979, visibles sur Youtube comme tout le reste. Ceci malgré le fait que Manson n’avait droit à aucune visite. Sandra Good a donné une interview à un journaliste en 1975, au cours de laquelle ils admettent tout deux que Manson n’avait droit à aucune visite, encore moins des visites de cinéastes.[Ndt : Sandra Good est un membre de la Famille] Nihil signifie « rien » en latin, et Aes signifie « argent ». Aes-Nihil peut donc se traduire par « money for nothing », comme le titre de la chanson de 1985 par Dire Straits. Aes-Nihil est probablement Kenneth Anger, mais si ce n’est pas lui, il s’agit d’un réalisateur de plus qui travaille au Laboratoire de Lookout Mountain actuel, c’est à dire à Hollywood.

       Vous comprenez maintenant pourquoi les gens qui contrôlent ce type d’événements ont décidé de mettre en œuvre le 11 septembre et tout le reste. Ils se sont rendus compte à la fin des années quatre-vingt-dix que personne ne comprenait rien à rien, et ce peu importe le ridicule de leurs manœuvres et l’énormité de leurs blagues. Même les théoriciens du complot les plus révolutionnaires n’y voyaient que du feu. Personne ne s’est seulement approché de la vérité, même lorsque les auteurs laissaient partout des indices bien visibles, et plus gros chaque année. Ce n’est même plus amusant lorsque les gens sont tellement stupides qu’ils ne se rendent même pas compte que vous vous foutez d’eux. Ce n’est pas amusant d’être un méchant lorsque personne ne sait à quel point vous êtes mauvais. Voilà pourquoi ils sont passés au 11 septembre puis à Sandy Hook, et à tout ce qui s’est passé entre les deux. Ils voulaient se faire remarquer. Ils veulent être reconnus en tant que méchants. Ils ont besoin d’avoir un public, tout comme j’ai besoin d’en avoir un. Ils ont besoin que quelqu’un comprenne leurs blagues. Tout comme Moriarty avait besoin de Sherlock Holmes, ces types ont besoin de moi. Au moins, je comprends leurs blagues répugnantes, même si je ne les apprécie pas. Il n’est pas utile que je les aime ou que je les respecte, tant que je peux les voir. Personne n’aime être entièrement invisible, pas même les barbouzes. Ils aiment se sortir de toutes les situations, mais ils préfèrent encore plus être visibles tout en se sortant de toutes les situations. N’importe quel imbécile peut commettre un crime dont personne ne s’apercevra et s’en tirer sans dommage. Il faut être très intelligent pour se tirer d’un crime visible. C’est du moins leur mode de pensée.

       La dernière opération de guerre psychologique en lien avec Manson a eu lieu en 2011, à l’occasion d’une interview radiophonique pour l’édition espagnole de Vanity Fair.

    Manson

       La photo fait partie de l’article. Elle est censée représenter Manson en compagnie de Star et Gray Wolf, deux « secrétaires » qui l’aident à publier ses idées par l’intermédiaire de ATWA – pour Air, Trees, Water, Animals.[Ndt : air, arbres, eau, animaux] On nous dit que Manson doit épouser Star, qui est âgée de vingt-cinq ans. 

       Ils ne s’arrêtent jamais. Ils ont un tel mépris pour votre intelligence qu’ils continuent la mascarade jusqu’à aujourd’hui. Les prisonniers de niveau 1 n’ont pas le droit de recevoir la visite d’étrangers comme ceux-ci. Ils n’ont pas plus le droit de donner des interviews à la radio pour Vanity Fair. Si Manson était un véritable prisonnier, il n’aurait le droit de parler qu’à son avocat, à sa famille immédiate (avec qui il aurait un lien de sang, ou une femme avec qui il se serait marié avant son incarcération), ou les forces de l’ordre. Il n’est pas autorisé à prendre la pose avec des agents de la CIA qui se font passer pour des hippies. Il n’est pas autorisé à porter la barbe. Il n’est pas autorisé à porter un bandana autour du cou. Il n’est pas autorisé à porter les deux bagues visibles sur sa main gauche. Il n’est pas autorisé à se marier, et même si on lui en laissait l’opportunité, il ne pourrait parler à sa nouvelle femme que derrière du plexiglas. Il n’aurait droit à aucune visite conjugale, pas même avec une femme épousée avant son incarcération, et encore moins avec une épouse plus récente.

       Et l’intégralité du site de l’ATWA n’est qu’une tentative pathétique de plus pour calomnier le mouvement écologiste. Star ressemble à Susan Atkins (il y a quarante ans), et à présent qu’Atkins est supposément morte, ils avaient besoin d’une remplaçante. Elle est l’actrice actuelle chargée de jouer la cinglée, en provenance directe de la Screen Actor Guild.[Ndt : le syndicat des acteurs américains]

       [Ajouté en décembre 2014. Ils continuent à nous vendre cette comédie du mariage, bien que cela n’apporterait rien à Manson, même si tout ceci est vrai. Il n’aurait pas droit à des visites conjugales, donc quel est l’intérêt ? Quoi qu’il en soit, le Los Angeles Times a publié le certificat de mariage, qui nous donne un indice supplémentaire.

    Mariage Manson

       On y lit que Manson vit à Santa Barbara. C’est sa « fiancée » Afton qui vit à Corcoran, d’après le certificat. Vous me direz qu’ils ont confondu accidentellement les deux adresses. C’est possible, mais je vois ceci comme une manière de nous montrer la vérité. Si vous vivez à Santa Barbara, gardez l’œil ouvert. Ce type que vous avez croisé et qui ressemble à Charlie pourrait bien être le vrai Manson.]

       À propos de Susan Atkins, examinons son cas d’un peu plus près :

    Susan Atkins

       Les vidéos d’Atkins sont tout aussi suspectes et absurdes. Je vous invite à voir la vidéo montrant ses dernières paroles, filmée par ABCnews. Posez-vous la question : est-ce la procédure habituelle d’amener des condamnés à perpétuité dans un des bureaux de la prison pour qu’ils puissent y réciter une prière pour ABCnews? Ou est-ce que ça ressemble peut-être un tout petit peu au dernier acte du scénario d’une tragédie mal écrite et qui s’étire en longueur ? Si vous n’êtes pas convaincus, que dites-vous de la photo glamour d’Atkins ci-dessus ? Elle a l’air d’avoir au moins trente-cinq ans. Problème : elle était censée être en prison depuis ses vingt-et-un ans. Pensez-vous qu’on fasse des séances photo glamour pour les condamnés à perpétuité ? Regardez ses mains. Il n’y a pas de vernis à ongles en prison, et les ongles ne peuvent pas y être aussi longs, pour des raisons évidentes. Jolie perruque, vous ne trouvez pas ? Vous pensez sincèrement que les perruques sont autorisées en prison ? J’imagine que oui, pour que les prisonniers puissent se balader incognito et qu’ils puissent s’échapper plus facilement. Ce qui nous amène au fait qu’Atkins, tout comme Tex Watson (voir plus bas), travaillait dans une boutique de perruques à l’époque où elle a rencontré Charlie.[22] La CIA aurait peut-être dû diversifier un peu plus les petits boulots. Que Sebring ait placé à la fois Atkins et Watson dans des boutiques de perruques apparaît hautement suspect. D’autant plus que nous savons désormais que Paul Tate avait ouvert un salon de coiffure en 1971.

       Les signaux d’alerte sont légions dans la longue saga de Susan Atkins, mais souvenez-vous simplement que Joseph Ball a travaillé avec Susan Atkins après son arrestation en 1969. Joseph Ball était un des principaux conseillers de la commission Warren. Pourquoi est-il devenu le conseiller de Susan Atkins, et par qui était-il rémunéré ? Atkins a aussi échappé plusieurs fois à la prison avant son arrestation en 1969, tout comme Manson. Son arrestation en 1968 pour possession de marijuana ne lui a coûté que du sursis, alors qu’elle avait plaidé coupable. Patricia Krenwinkel a eu droit à la même clémence après avoir été arrêtée pour les mêmes raisons à Mendecino. On dirait qu’ils étaient tous préservés pour pouvoir jouer leurs rôles. Tout comme Tex Watson – que nous allons étudier de plus près par la suite – et Leslie Van Houten – qui était une Homecoming Queen [ndt : reine de la réunion annuelle des anciens élèves d’un lycée ou d’une université] – Susan Atkins était une élève modèle de son lycée, où elle a été capitaine de l’équipe de natation, et elle chantait dans la chorale de son église. Ceci une année seulement avant qu’elle ne devienne la « fille de Charlie », et deux ans avant de devenir une sorcière, une tortionnaire et une meurtrière de masse. Ce n’était pas le genre de fille à abandonner le lycée pour devenir une danseuse topless, et ce n’est pas ce qui est arrivé. Elle a été recrutée pour jouer un rôle. Il est étrange qu’on n’entende jamais parler des camarades de lycée de Susan Atkins. Ils pourraient peut-être nous dire par qui elle a été recrutée, et dans quelles circonstances.

       On trouve un autre signal d’alerte à 3:10 de cette vidéo. Atkins et son avocat sont interviewés alors qu’ils se trouvent dans la salle d’audience du tribunal. Elle ne dit pas grand chose, mais là n’est pas la question. Elle ne devrait pas être autorisée à être interviewée, mais encore moins à l’intérieur de la salle d’audience. Aucun juge n’aurait dû autoriser des journalistes à interviewer une personne accusée de meurtre à l’intérieur de sa salle d’audience. Et aucun avocat ne laisserait son client parler à des journalistes dans de telles conditions. Tout ceci n’est qu’une mascarade de plus.

       On en a un autre exemple avec cette interview de 1976, qui est au moins aussi suspecte que n’importe quelle interview de Manson. Remarquez au début comme elle se promène à travers la prison en compagnie du journaliste : pas de menottes, pas de gardes, pas d’uniforme de prisonnier. Elle porte une robe, un accoutrement qui n’est ni fourni par les prisons, ni autorisé par elles. Elle porte un énorme crucifix en métal, qui n’est pas non plus autorisé en prison, puisqu’il pourrait être utilisé comme une arme. Nous sommes censés avoir affaire à une tueuse sans pitié, le genre qui pourrait vous arracher les yeux à n’importe quel moment. Souvenez-vous également que les prisonniers de niveau 1 n’ont droit à des contacts qu’avec leurs avocats, des religieux, et les forces de l’ordre. Pas avec des journalistes. Lorsqu’ils s’assoient, on peut se rendre compte qu’elle porte les ongles longs, du vernis, une montre et une bague en or. Là encore, rien de tout ceci n’est autorisé. Elle répète alors les éléments les plus sanglants de cette histoire, y ajoutant même de nouveaux détails. Pourquoi agirait-elle de la sorte, à moins qu’elle ne fût payée pour le faire ? En 1976, nous avions déjà entendu cette histoire un million de fois, venant de sa bouche et de tous les autres. Pourquoi l’interviewer une fois de plus pour qu’elle réitère ces propos, si ce n’est pour graver cette histoire de manière indélébile dans l’esprit du public ? Si elle espérait obtenir un jour une libération conditionnelle, pourquoi continuait-elle à dire, entre autres, qu’elle et Tex Watson étaient partis « faire le travail du Diable » ? Son objectif a plus l’air d’être de faire monter le sensationnalisme que d’obtenir une libération conditionnelle. Vous direz qu’elle est stupide et/ou folle, mais je crois que nous savons à présent qu’elle donne ces interviews après avoir reçu des ordres en ce sens. Pas des ordres de Charlie, mais de la CIA.

       Souvenez-vous que les meurtres Tate/Labianca ont été « résolus » uniquement parce que Atkins s’en était vantée auprès d’une compagne de cellule. Des témoignages ont décrit Atkins chantant et dansant dans la prison du comté de Los Angeles, refusant de porter des sous-vêtements, faisant la roue, et d’autres pitreries du même genre, alors qu’elle venait d’être accusée du meurtre de Gary Hinman. Elle ne jouait pas à la folle, puisqu’on envoie les fous à l’hôpital psychiatrique. Non, elle jouait à la personne qui se sait protégée. Et elle jouait juste la comédie. Sa relation avec sa compagne de cellule, Virginia Graham, était étrange dès le début, puisqu’on nous dit que Graham lui a obtenu un boulot de coursier dans la prison. On ne sait pas bien pourquoi on aurait besoin de coursier en prison, ni pourquoi on utiliserait des personnes accusées de meurtre pour s’acquitter de cette tâche, ou comment Graham pouvait placer des gens pour effectuer un boulot de coursier. Il semble fort que Graham a été placée pour écouter ce qu’Atkins avait été payée pour raconter, puisque le moment était venu de placer la police sur les bons rails. Il était alors temps de passer au chapitre suivant de cette histoire.

       James Whitehouse, le mari d’Atkins, de quinze ans son cadet et diplômé de l’école de droit d’Harvard (comme Obama), est un autre signal d’alerte. Il a été son époux pendant vingt-deux ans, depuis 1987. Whitehouse a l’insigne honneur d’être le seul homme à avoir épousé une meurtrière de masse en prison. Jetez-donc un œil aux sites qui listent les personnes qui épousent des meurtriers condamnés, vous constaterez que tous les autres mariages concernent des femmes qui épousent des meurtriers incarcérés, jamais l’inverse. Et ces femmes ne sont jamais diplômées d’écoles de droit prestigieuses, comme vous pouvez l’imaginer. Ce mariage n’a strictement aucun sens. C’est un élément de plus qui indique fortement qu’Atkins n’a jamais vraiment été incarcérée, et qu’elle n’est qu’une actrice. Pour vous en convaincre définitivement, je vous invite à regarder les enregistrements des procès, le sien et celui de Manson. Ce qu’elle raconte au juge est de la comédie pure, et n’a jamais été proféré dans une salle d’audience ni avant, ni après ce procès. Toutes les filles jouaient aux folles en permanence. Comment se fait-il que personne ne se soit demandé si elle ne jouaient pas la comédie ? Toutes les personnes assassinées à la maison de Tate étaient des acteurs, donc pourquoi personne ne s’est demandé si tous ceux présents au Spahn’s Movie Ranch étaient eux aussi des acteurs ? Le gros indice se trouve pourtant dans le nom du ranch.

       Un autre gros indice que personne n’a relevé concernant Atkins : le 5 septembre 1970, le procureur Aaron Stovitz a été écarté de l’affaire Manson par le procureur général Evelle Younger, pour une remarque qu’il avait faite dans la presse. À cette époque, Stovitz était procureur de l’affaire aux côtés de Bugliosi. Younger a justifié sa décision en soutenant que Stovitz avait contrevenu à son devoir de réserve, mais il ne s’agissait que d’une courte remarque faite au pied levé, et personne n’avait compris pourquoi Younger avait réagi d’une façon aussi disproportionnée. Stovitz avait déclaré, en faisant référence à Susan Atkins : « elle est meilleure que Sarah Bernhardt. » Pour comprendre cette blague, il faut bien entendu savoir qui était Sarah Bernhardt, et la plupart des gens l’ignoraient. Les gens d’Hollywood savaient de qui il s’agissait, puisque Sarah Bernhardt était alors considérée comme la plus grande actrice de l’histoire. Vous comprenez maintenant pourquoi cette remarque a pu être considérée comme étant un peu trop révélatrice par ceux qui dirigeaient le spectacle. Le procureur admettait que Susan Atkins était une actrice.

    Van Houten

       Avant de passer à Tex Watson, examinons rapidement le cas de Leslie Van Houten. Il existe une vidéo dans laquelle Van Houten parle de son passage du mal vers le bien. Nous sommes en 1982, elle est incarcérée depuis des années, et pourtant nous la voyons dans une sorte de salle de classe. Elle porte une jupe courte et un débardeur ; ses bras et ses épaules sont dénudés. La femme assise derrière elle porte une jupe orange sans manches, des lunettes de soleil et un bandana. Il y a au moins deux jeunes hommes portant des cheveux longs assis derrière elle. Ils sont tous assis derrière des pupitres de salle de classe. La question que vous devriez vous poser est : où se trouvent ces gens ? Ce n’est pas une prison. Van Houten était censée se trouver dans une prison pour femmes, et on ne mélange pas les prisonniers mâles et femelles. Ils ne sont pas non plus mélangés dans des salles de classe. Ils ne sont pas non plus autorisés à s’habiller comme s’ils allaient passer une journée à la plage. À un autre moment, on peut voir qu’elle a des ongles longs et aiguisés. Pas autorisé. Deux bagues et un bracelet : pas autorisé. Le narrateur nous dit qu’elle se trouve dans un Antioch College situé dans l’enceinte de la prison. Je n’ai trouvé aucune information sur un Antioch College dans aucune prison californienne, et de toute façon, si Van Houten était réellement dans l’enceinte de la prison, il ne devrait pas y avoir d’hommes dans la salle de classe. Voilà pourquoi ils l’appellent l’Institution de Californie pour les femmes. Et les prisonniers ne sont jamais autorisés à porter des shorts, des débardeurs, ou des bandanas, ni des jupes courtes ou longues.

       On peut appliquer le même type d’analyse à Tex Watson. Comme Atkins, Watson est considéré comme étant l’un des membres les plus vicieux de la Famille. Mais tout comme Atkins, on devine la présence de la CIA dans chaque aspect de sa vie. Il n’est emprisonné nulle part, si ce n’est pour quelques jours, une fois tous les cinq ans, lorsqu’on l’appelle pour qu’il joue sa partition. C’était un bon petit lycéen qui n’avait que des A, bien mis, aux cheveux courts et qui n’avait jamais fait parler de lui. En plus d’être inscrit au tableau d’honneur, d’avoir été le rédacteur en chef du journal du lycée et la star de l’athlétisme local, il a aussi été le leader du groupe de rock de son église méthodiste, pour faire bonne mesure. Il a ensuite étudié à l’université de North Texas, où il a obtenu un diplôme de commerce et a fait partie d’une fraternité. Il y a passé trois années, durant lesquelles il s’est très bien comporté (la CIA recrute souvent de jeunes diplômés). Il ne portait pas les cheveux longs à la fac, n’a jamais montré de tendances gauchistes (les fraternités texanes n’étaient pas connues pour recruter des hippies en 1966), et n’a jamais été considéré comme un jeune à problèmes. Wikipedia admet qu’il a travaillé pour la compagnie aérienne Braniff en tant que bagagiste, ce qui lui offrait des opportunités de voyager. L’opportunité de voyager à Langley en Virginie, peut-être ? On nous dit également que Watson a utilisé ses billets d’avions gratuits pour emmener des filles à Dallas. Oups ! Il était déjà à Dallas, ou à proximité. Il ne me semble pas qu’il y ait besoin de prendre l’avion pour aller de Denton à Dallas. Peut-être les emmenait-il à Merida ? De plus, la CIA place souvent ses jeunes recrues à des postes de bagagistes, car il s’agit d’un excellent moyen d’apprendre des techniques de contrebande tout en se rendant utile avec un boulot peu risqué.

       L’histoire officielle nous dit également que Watson avait reçu un entraînement au combat. Il aurait aussi entraîné toutes les Manson girls et se serait chargé des meurtres les plus compliqués (ceux des hommes). Où aurait-il bien pu recevoir cet entraînement ? Dans la fraternité ΠΚΑ ? On s’est servi de Watson uniquement pour ses talents d’acteur, mais bien qu’il n’avait nullement besoin d’un entraînement aux techniques de combat, je pense que nous savons où il aurait pu recevoir un entraînement de ce type.

       Lorsque Watson reçut sa première assignation et qu’il fut envoyé à Los Angeles, il fut placé dans une boutique de perruques. Personne n’a analysé cet aspect de l’affaire. Qui aurait été en mesure de lui trouver un boulot en rapport avec les perruques ? Sebring, bien sûr. Sebring était soit le contact de Watson, soit son référent, ainsi que celui d’Atkins. Ils n’étaient pas liés par le trafic de drogue ou le porno, mais par le renseignement militaire. Au même moment où Watson a été placé dans une boutique de perruques, on lui a trouvé un logement dans le Laurel Canyon. Il y a là deux problèmes : tout d’abord, le Laurel Canyon était, tout comme aujourd’hui, un quartier huppé de Los Angeles, avec des loyers très élevés. C’est pourquoi toutes les célébrités de l’époque vivaient là-bas. Les Beach Boys, The Mamas and the Papas, Doris Day, Sebring et Polanski n’allaient pas vivre dans les taudis de l’est de Los Angeles. Donc comment un petit vendeur de perruques – un pauvre plouc avec un accent traînant venant tout droit de la banlieue de Dallas – a-t-il fait pour s’installer immédiatement dans le Laurel Canyon ? Ensuite, le Laurel Canyon était le centre opérationnel des studios de Lookout Mountain. La plupart des gens qui y travaillaient étaient logés à proximité, par commodité, et donc de nombreuses maisons du quartier appartenaient à la CIA. Vous pensez qu’il ne s’agit que d’une coïncidence de plus si Watson a été installé ici ? Vous pensez qu’il a rencontré les différents acteurs de cette affaire en faisant de l’auto-stop, comme on nous le raconte ? Non, il les a rencontrés sur rendez-vous.

       La fable la plus ridicule est peut-être celle selon laquelle Watson aurait ramassé Dennis Wilson lorsque ce dernier faisait de l’auto-stop. On pourrait penser qu’il s’agit de l’inverse. Non, l’histoire raconte que Wilson, un membre des Beach Boys, millionnaire, faisait de l’auto-stop. Vous connaissez beaucoup de multi-millionaires, des gens qui possèdent des Ferraris et des Jaguars, qui font de l’auto-stop pour s’amuser ? Vous pensez que Jay Leno fait de l’auto-stop sur les collines de Los Angeles ? Ou Eddie Murphy ? Justin Timberlake ? Ils devaient vraiment mépriser le public pour nous raconter une histoire comme celle-là, tout en pensant que les gens pourraient y croire.

       Lorsque Watson a été arrêté pour la première fois, deux avocats de renom se sont précipités à son secours, un peu comme Shibley avait volé au secours de Manson en 1966. David Deloach et Perry Walshin ont assuré sa défense gratuitement, bien que Deloach fût alors connu pour être un des pontes du parti républicain. Pourquoi une sommité du parti républicain s’intéresserait-elle à un « hippie » comme Watson ? Encore plus étrange : Deloach a déclaré qu’il avait rencontré Watson à quarante reprises avant son arrestation. Hein ?

       L’indice le plus évident quant à la situation réelle de Watson est peut-être le fait qu’il a engendré quatre enfants alors qu’il était en prison, à l’occasion de visites conjugales. Les visites conjugales n’étaient pas autorisées pour des prisonniers comme Watson (ou Atkins), même dans les rares états qui les autorisaient pour des prisonniers de moindre importance. On nous dit que ces visites ont été interdites en Californie en 1996 pour les condamnés à perpétuité, mais c’est inexact. Certaines règles ont changé en 1996, mais les meurtriers/tortionnaires violents tels que Watson n’ont jamais eu droit à des visites conjugales. Watson n’était pas juste un condamné à perpétuité, il a commis plusieurs meurtres avec préméditation, assortis d’actes de torture, ce qui explique pourquoi il a tout d’abord été condamné à mort. Plus de 10% des détenus dans les prisons d’état californiennes sont des condamnés à perpétuité, et la plupart d’entre eux sont des 3-strikers, qui n’ont rien fait de plus que de sortir un couteau lors d’un vol.[Ndt : la règle pénale dite des « 3-strikes » est inspirée du base-ball : au bout de trois fautes, vous êtes éliminé du jeu, et donc condamné à perpétuité] Les changements de 1996 s’appliquaient à ce type de prisonniers, pas à Watson. Il y a actuellement des centaines de prisonniers dans les couloirs de la mort californiens, et si Watson ne s’y trouve pas, c’est qu’il a bénéficié de circonstances favorables : ceux qui ont été condamnés à mort entre 1972 et 1978 ont vu leur peine commuée en réclusion à perpétuité suite à une décision de la Cour Suprême. Mais les règles s’appliquant à Watson à l’intérieur de la prison sont les mêmes que pour les condamnés à mort, puisque ses crimes sont identiques. Ces règles sont déterminées par la nature du crime, pas par la durée de la peine. Si vous êtes dans le couloir de la mort, vous n’avez pas droit aux visites conjugales. Si vous êtes un meurtrier/tortionnaire, vous n’y avez pas droit non plus, pour des raisons évidentes. Si vous assassinez les gens pour le plaisir, comme on nous dit que c’est le cas pour Watson, le système pénitentiaire ne va pas vous arranger un rendez-vous avec une victime potentielle. La famille de l’épouse réclamerait des millions de dollars en dommages-intérêts, et les prisons le savent parfaitement.

       Posez-vous cette question : si des prisonniers de niveau 1 comme Watson avaient droit à des visites conjugales avant 1996, pourquoi Manson n’a-t-il pas pu se trouver une femme au début des années soixante-dix ? D’après l’histoire officielle promue entre autres par Helter Skelter, Charlie avait un appétit sexuel insatiable. Il est censé avoir couché avec des milliers de jeunes filles. Il est aussi censé être un véritable aimant pour jeunes femmes impressionnables, jusqu’à aujourd’hui. Et pourtant nous n’entendons jamais parler d’épouses ou de visites conjugales en ce qui concerne Manson. Pourquoi est-ce le cas avec Watson? Tout simplement parce qu’on sait que Watson a des enfants, et qu’il faut en tenir compte d’une façon ou d’une autre. On vous raconte donc que ces enfants sont nés suite à des visites conjugales, même si c’est impossible.[23]

       Toutes les audiences de demande de libération conditionnelle, fortement médiatisées, sont elles aussi faciles à bidonner. Comme nous l’avons vu, Pam Turner, Debra Tate, Doris Tate, Patti/Sharon Tate, Anthony DiMaria et les autres intervenants sont tous dans le coup. Certains jouent un rôle depuis 1968, que ce soit sous la menace de la CIA ou juste parce qu’ils prennent leur pied. Toute l’histoire autour de Debra Tate qui se serait sentie offensée par les visites conjugales de Tex Watson n’est encore et toujours que de la comédie. Les scénaristes ont réalisé qu’il y avait un trou dans l’histoire qu’il convenait de combler ; ils ont donc créé cette nouvelle saga pour vous faire savoir que cette incohérence avait été résolue : plus de visites conjugales pour Watson. J’imagine que si Tex a d’autres enfants, il aura intérêt à bien les cacher. Ou prétendre que ce sont ses petits-enfants.

       Manson et son entourage ne sont pas les seuls qu’on vous présente comme étant de vrais prisonniers. En dehors de la Famille, on peut par exemple examiner les cas de Christopher Gibson, Barry Mills et Tyler Bingham, qui seraient les chefs de l’Aryan Brotherhood [ndt : Fraternité Aryenne] :

    Aryan Brotherhood

       Trois photos prises en prison, affichant toutes trois des éléments non autorisés. Ce type de barbe ou de coupe de cheveux n’est pas autorisé, et on ne prend pas les prisonniers en photo avec des lunettes de soleil. Question : s’agit-il de trois hommes différents, ou du même homme à trois périodes différentes ? Pourquoi ont-ils tous trois la même boîte crânienne, le même nez en patate, et des oreilles très similaires ? Le deuxième et le troisième homme sont visiblement identiques. On a juste légèrement manipulé leurs oreilles. Pour le second type, on a inversé l’oreille droite avant de la coller sur l’oreille gauche. L’inverse a été fait pour le troisième type : oreille gauche inversée et collée sur l’oreille droite. Le premier type est aussi la même personne, mais sans lunettes ni strabisme. Même les lunettes sont identiques. Ils ont juste ajouté une teinture sombre sur les verres de la photo du milieu. Regardez où se trouvent les points lumineux sur les montures (près du nez et de la joue gauche) !

    Aryan Brotherhood

       On le voit ici une quatrième fois, cette fois sous le nom de Steven Hicklin. Il a été placé sous une lumière tamisée, mais c’est le même crâne en pointe, les mêmes sourcils, et le même menton carré. Pour une raison ou pour une autre, ils aiment manipuler les oreilles, comme si ça changeait quoi que ce soit.

       Il existe un lien entre Manson et l’Aryan Brotherhood, lien qui remonterait au début des années soixante-dix, et qui explique en partie pourquoi Manson porte un swastika sur son front (enfin, c’est ce qu’on nous raconte). Tout ceci n’est pas bien important, puisque nous avons pu constater que Manson et l’Aryan Brotherhood ne sont que des créations du renseignement militaire, ou d’une autre agence gouvernementale. Ils font tous partie d’une histoire plus vaste, racontée au public pour instiller la peur dans les esprits, créer des conflits, et garder la majeure partie de la population sous contrôle.

       En conclusion, nous pouvons dire que ces événements impliquant Tate et Manson sont la plus longue série télévisée produite par les studios de propagande de Lookout Mountain – un peu comme la série de documentaires Seven up! de Michael Apted, mais avec la Famille Manson en lieu et place d’enfants britanniques. Tout comme l’opération Gladio, ils ont été dirigés et financés par le renseignement militaire, avec Paul Tate agissant en tant que capitaine et Jay Sebring comme lieutenant. Tate a profité de son expérience en Italie pour reproduire les mêmes techniques dans les rues de Los Angeles, y compris sa troublante capacité à se faire passer pour un gauchiste barbu. Il s’est ensuite servi de sa propre fille comme couverture, comptant sur le fait que personne ne pourrait croire qu’il avait donné son accord pour son assassinat, ainsi que sur le fait que personne ne se rendrait compte que tout avait été simulé. Ça a fonctionné pendant quarante-trois ans, et cela aurait continué ainsi s’ils n’avaient pas laissé les photographies originales de la scène du crime à disposition du public. Durant quarante-trois ans, ces photos ont été par elles-mêmes un moyen de défense et de manipulation : personne ne voulait les étudier de trop près, et les seuls qui les regardaient étaient des gens fascinés par la mort qui voulaient qu’elles soient vraies. Les preuves ont ainsi pu être cachées tout en étant bien en évidence. Mais comme vous avez pu le constater, il est cependant possible de retrouver son chemin dans le labyrinthe des fausses preuves et des éléments contradictoires, si l’on est capable de recueillir et d’assembler les faits les plus importants. Dans ce type d’enquête, il faut avant tout être capable de repérer les signaux d’alerte. Je n’ai effectué quasiment aucune recherche personnelle ; je me suis contenté de repérer et de souligner des faits que d’autres avaient relevés sans pour autant s’y attarder. J’ai ensuite assemblé tous ces signaux d’alerte pour en faire une histoire. Ce n’était pas bien difficile : une fois qu’on a trouvé ces signaux d’alerte, l’histoire se raconte d’elle-même. Les quatre principaux signaux d’alerte suffisent quasiment à prouver la véracité de cette thèse, sans que j’aie besoin d’en rajouter plus que cela. Dès que nous nous apercevons que Sharon Tate est vivante sur cette photo, que Paul Tate est un colonel du renseignement militaire qui se déguise en hippie, que le Laboratoire de Lookout Mountain se trouve à l’arrière-plan des photographies prises à Cielo Drive, et que Sharon s’est depuis fait passer pour sa sœur, les autres pièces du puzzle s’assemblent d’elles-mêmes. Et une fois qu’on a compris la méthode utilisée pour ce false flag, on peut appliquer ce que nous savons à d’autres affaires. C’est ce que je vais faire dans le cadre d’essais à venir concernant d’autres événements – dont certains sont encore plus saisissants et sujets à la controverse que celui-ci.

     

    Notes

    [1] Sharon Tate, Murdered Innocence, Part 1. Citation de Jay Sebring à 2:00 de la vidéo.

    [2] Sauf mention contraire, toutes les citations et autres faits sont tirés de la fiche Wikipedia correspondant au sujet abordé. Je les considère donc comme connus de tous.

    [3] Pour ceux qui pensent que le monde de la musique est lui aussi contrôlé par la CIA, il est intéressant de noter que Jerry Garcia est lui aussi décédé le 9 août à cinquante-trois ans. Il a bien entendu été prétendument incinéré.

    [4] Il est possible que Polanski ne fût pas dans le coup. Toute l’opération a pu être mise sur pieds par Paul Tate et Jay Sebring, qui avaient tous des connexions avec l’armée/la CIA. Je suppose que Sharon était une complice volontaire, mais son père lui a peut-être forcé la main. Sebring s’est ensuite servi du canular pour séparer Sharon et Polanski. Ceci explique peut-être pourquoi les « meurtres » ont eu lieu alors que Polanski était à l’étranger. Un autre élément qui accrédite cette thèse est que Sebring portait toujours la bague de lycéenne de Sharon après son mariage avec Polanski. Ceci pourrait expliquer les accusations postérieures de viol contre Polanski : celui-ci avait découvert la vérité et devait être tenu au silence. On l’a laissé s’enfuir en Europe, du moment qu’il tenait sa langue. On ne souhaite pas le voir revenir, parce que dans le pire des cas, il pourrait se mettre à parler avant qu’on ait eut le temps de le faire taire de manière définitive. La police de Los Angeles parle toujours de l’extrader, mais la procédure est toujours enterrée par quelque autorité. Mais l’accusation de viol est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête, ce qui l’empêche de parler.

    [5] The Family, Ed Sanders. 1971. Première édition.

    [6] Diverses sources nous disent que Paul Tate était soit un colonel, soit un lieutenant-colonel. Comme toutes ces sources ont été prises en flagrant délit de mensonge, Tate aurait pu être un simple soldat ou un général quatre étoiles, pour ce que nous en savons. Nous dépendons du renseignement militaire pour cette information, et ils ne sont pas contraints d’être honnêtes envers le public pour quelque sujet que ce soit. Comme nous savons qu’il a débuté dans la Navy, son rang doit être celui d’un officier de la marine. S’il faisait partie de l’ONI, il devait être capitaine. Le renseignement naval est le plus haut placé dans la hiérarchie militaire, ne devant rendre de comptes qu’à la DIA.[Ndt : Defense Intelligence Agency] Puisque nous disposons d’un autre lien avec la DIA en la personne de Charlene Cafritz, nous pouvons supposer que c’est la DIA qui était en charge de cette opération, et non la CIA. En suivant cette piste, nous pouvons supposer que Paul Tate était un capitaine du renseignement naval, et Sebring un lieutenant ou un commandant.

    [7] Page 173. Martin Lee et Bruce Shlain, 1986. Grove Press.

    [8] Certains s’étonneront sans doute que je ne donne aucune référence au livre de Bugliosi dans cet article. C’est intentionnel. Je veux être le premier chercheur de l’histoire à complètement ignorer ce livre. Si j’ai pu progresser rapidement dans cette enquête, c’est justement parce que j’ai refusé de me laisser entraîner sur les chemins de traverse proposés dans ce livre.

    [9] The Family, Ed Sanders. 1971. Première édition.

    [10] http://www.american-buddha.com/music.covertwarrock3.htm, voir note 9.[Ndt : ce site semble désormais inactif]

    [11] Sanders, op. cit. p. 65. Le livre de Sanders est fréquemment cité par les théoriciens du complot, mais son objet était en réalité d’être une source de propagande alternative. Bien qu’il révèle des éléments qui n’apparaissent pas dans le livre de Bugliosi, il vend l’histoire officielle de la même façon. Malheureusement, Sanders n’a pas fait du très bon travail, en ce sens qu’il révèle trop de choses, et cette source de propagande a très vite été tarie. Le livre a été revu et augmenté (et censuré) presque immédiatement, pour qu’il puisse mieux assurer sa fonction de désinformation. La meilleure chose à faire est de se procurer la première édition du livre, et de chercher les éléments qui ont été écartés des éditions suivantes. Ces passages censurés seront les seuls fragments de vérité dans un livre qui est avant tout une œuvre de fiction.

    [12] Sanders, op. cit., p. 185. Nous avons une confirmation visuelle de l’arrestation de Watson, puisqu’il y a une photo d’identité fameuse ainsi que des relevés d’empreintes digitales.

    [13] Ibid, p.37.

    [14] Sanders, op. cit., p. 121. Sanders nous dit que Melcher a autorisé la Famille a se servir de sa Jaguar et de sa carte de crédit de la Standard Oil. Melcher apparaît donc comme un des financiers du film sur Sharon Tate, comme Abigail Folger, probablement dans un rôle d’intermédiaire entre la Famille et des fonds provenant de la CIA. Il y a aussi une contradiction de plus dans l’histoire officielle : si la Famille avait l’habitude d’emprunter la Jaguar de Melcher, alors ils savaient où habitait ce dernier. Ils savaient qu’il ne vivait pas au 10050 Cielo Drive. À la page 191, nous apprenons que Melcher et Jakobson ont visité le Spahn Ranch à plusieurs reprises. Sanders nous donne même une date : le 3 juin 1969. Nous savons qu’ils étaient présents, parce que la police était elle aussi sur le « plateau », dans le cadre d’une enquête sur un viol commis par Manson. Mike Deasy était lui aussi sur place, avec une équipe de tournage. Jakobson prenait des photos de filles hippies nues pour la couverture d’un album. Sanders nous dit ensuite que Manson « a mis un contrat » sur la tête de Melcher, mais nous n’en avons aucune confirmation, si ce n’est du contractant. Nous avons en revanche des confirmations du reste.

    [15] Ibid, p. 136.

    [16] Le procès dit des sept de Chicago est un événement similaire : Abbie Hoffman, Jerry Rubin et Bobby Seale n’étaient rien de plus que des acteurs, placés là pour appeler à la violence et insulter un faux juge pour discréditer le mouvement anti-guerre. Toute cette opération n’était qu’un événement entièrement scénarisé qui a parfaitement atteint son objectif, qui était de diffamer le mouvement pour la paix, les hippies, ainsi que d’autres groupes.

    [17] Sanders, op. cit., p. 302.

    [18] Ibid, p. 306.

    [19] Ibid, p. 306.

    [20] Ibid, p. 345.

    [21] La seconde était toujours visible sur findadeath.com le 28 janvier 2013.

    [22] Transcript de la demande de libération conditionnelle d’Atkins en 1985, p. 70.

    [23] Voir également le cas de Ted Bundy, qui a miraculeusement engendré un enfant pendant son incarcération, alors qu’il n’a eu aucune visite conjugale.